Comment l’espace de travail crée le bien-être des salariés

Comment l’espace de travail crée le bien-être des salariés

Avec la thématique récurrente du bien-être au travail, une nouvelle culture d’entreprise se construit. Les dirigeants considèrent l’épanouissement professionnel de leurs salariés comme un levier de performance durable. A la recherche d’une meilleure compétitivité, l’entreprise repense ses méthodes managériales et sa stratégie immobilière. L’objectif ? Réduire les coûts bien sûr, mais surtout attirer et garder les talents.

Grâce à la révolution digitale, la mobilité est entrée dans nos mœurs. Notre rapport au temps et aux déplacements fait émerger une nouvelle organisation du travail. Selon l’ORIE, près de 25% des actifs franciliens occupant des bureaux, pourraient travailler à distance d’ici 2030. L’étude User Insight de BNP Paribas Real Estate et Ipsos confirme la place grandissante des nouveaux modes de travail : 44% des entreprises ont recours au télétravail, 30% expérimentent le nomadisme et 46% ont déjà adopté le flex office.

Véritable enjeu du management, l’espace de travail répond aux besoins de mobilité d’aujourd’hui et de demain. L’entreprise imagine de nouveaux scenarii pour devenir un lieu de liens. Pour nous faire vivre une expérience de bien-être, la dimension collective prend le pas sur la sphère individuelle. L’espace de travail est en pleine mutation et s’inscrit dans une démarche plus collaborative, comme en témoigne la recrudescence ces derniers mois des nouveaux lieux de coworking. Je dirai même, l’espace de travail devient un outil de communication en tant que tel. Et pour cause ! Dans leur enquête, Mon Bureau de Demain, les étudiants de l’ESSEC mettent en exergue que « 36% reconnaissent l’espace de travail comme un critère d’influence sur le choix de leur futur employeur ».

L’entreprise s’applique alors à honorer la promesse de bien-être au travail qu’elle fait à ses collaborateurs. Depuis les années 1980, dans une logique de densification de l’espace et de communication entre les salariés, l’aménagement le plus plébiscité est l’open space. L’étude de l’ESSEC révèle que ce type d’aménagement, souvent qualifié de stressant, a toujours le vent en poupe : 64 % des talents de demain le considèrent comme positif pour l’ambiance et les synergies entre les équipes. S’il reste la meilleure réponse aux contraintes économiques et spatiales de l’entreprise, le concept d’open space s’adapte de plus en plus aux modes de travail des salariés : alternance de petits open space, bureaux cloisonnés, bureaux partagés, espaces de convivialité... L’espace de travail recherche un compromis acceptable.

Mais surtout, l’espace de travail se veut médiateur. Si la question du bien-être encourage l’entreprise à réunir ses talents autour d’un projet commun, celle de l’aménagement l’invite à devenir un lieu créateur de liens, de communautés et d’expériences.

La méthode d’aménagement design thinking en est un bon exemple. A la différence de la méthode classique qui tient compte individuellement des besoins des salariés et surtout de ceux de la hiérarchie, le design thinking transforme la conception des espaces de travail en une démarche collective. Créer un espace de travail qui allie performance et cohésion des équipes revient avant tout à comprendre et mieux faire comprendre les besoins et les attentes de chacun.

Le design thinking est un concept qui s’inspire de la médiation. Centrée sur le dialogue, la médiation est bien plus qu’un mode amiable de résolution des conflits. C’est un véritable outil de gestion responsable des relations. Appliquée en entreprise, la médiation est un support qui permet de réguler les relations entre les salariés dans le cadre notamment d’une transformation, à l’instar d’un nouvel aménagement d’espace.

Concevoir un espace de travail devient un moment de dialogue, un espace de réflexion dans lequel la créativité individuelle et l’intelligence collective s’expriment pour co-construire l’aménagement commun. Tout comme le médiateur, le space-planner travaille sur trois niveaux de relations : l’individu, le groupe et l’entreprise. Il considère à la fois les besoins individuels de chaque salarié, ceux du groupe de travail, mais également ceux de l’entreprise pour laquelle il dessine ce nouvel aménagement.

Par un jeu d’écoute et de reformulation, le space-planner agit en facilitateur. Il réalise un travail d’ajustement entre les membres du groupe, afin de leur faire prendre conscience de leur interdépendance et faire concorder leurs systèmes de valeurs. Il accompagne les salariés à co-construire leur vision commune de l’espace de travail, tout comme le médiateur guide les médiés dans le processus de recherche d’une solution acceptable. Grâce à cette posture, le space-planner est en mesure d’émettre des recommandations et rendre le projet plus solide. 

Adopter le bon aménagement pour renouer avec l’espace de travail, offrir un cadre à même de favoriser l’innovation et la créativité est le leitmotiv des dirigeants. Mais les difficultés d’un aménagement relèvent davantage du mode de fonctionnement d’une organisation que de sa réalisation technique. Autant un espace de travail inadéquat rend les synergies entre les équipes difficiles, autant s’il est bien pensé, il devient une carte de visite. L’entreprise se veut humaine. Elle transforme ses espaces en outil générateur de bien-être. Aujourd’hui, l’architecte dessine un lieu symbole des valeurs de l’entreprise et qui répond aux besoins des salariés.

L’espace de travail devient un nouveau lieu d’expression. Même Amazon l’a compris. Le leader mondial de l’e-commerce, dont les méthodes de management sont connues pour être anxiogènes, parie sur la nature avec son fameux Biodôme de Verre à Seattle, pour développer le bien-être de ses collaborateurs. En 2020, les salariés travailleront dans trois bulles de verre d’une vingtaine de mètres de hauteur, mêlant végétation et bureaux : 3 000 variétés de plantes, ruisseaux d’intérieur, ponts suspendus, puits de lumière naturelle, Dale Alberta, l’architecte principal du projet, a pensé à tout pour amener les salariés à « réfléchir de manière plus créative et susciter des idées qui n’auraient pu émerger dans des esprits coincés dans des bureaux ».

Mais « l'efficacité ne se nourrit pas exclusivement de cohérence, mais aussi de cohésion », comme l’ont si bien souligné Philippe Détrie et Catherine Meslin-Broyez. Avec l’esprit de la médiation, l’aménagement des espaces de travail se révèle en initiative qui facilite l’engagement des salariés et aide l’entreprise à entamer sa mutation vers un modèle organisationnel qui concilie productivité et bien-être.


·     Etude BNP Paribas Real Estate et Ipsos, User Insight 2016

·     Etude ESSEC Business School, Mon bureau de demain 2016

·     La communication interne au service du Management, Détrie Philippe et Meslin-Broyez Catherine, Editions Liaisons, Paris, 1995

·     Chez Amazon, des serres pour reconnecter les salariés à la nature, Chloé Sartena, 2016

·     Mettre le design thinking en oeuvre, Marc Bertier, Office et Culture n°39 et 40, 2016

·     Photo du projet de la Tour Dragonfly à New York, vue depuis l'Empire State Building, architecte Vincent Callebaut, geo.fr.

·     Twitter @NathNeyret


Nathalie Neyret

Riad Berkani

Comptable chez CNEP-Banque

7 ans

Merci Thierry

Thérèse Courquin

Assistante du Directeur Général du Service Clients chez BNP PARIBAS REAL ESTATE

7 ans

J’espère que la tour figurant sur votre article n’est qu’un projet. Elle me fait peur, j’ai l’impression qu’elle se suffit à elle-même, on fait tout ou presque sur place… on y habite, on fait ses courses, on travail, on fait son sport... tout sur place... l’enfermement avant l’heure…au secours car j'ai besoin de ma liberté. Oui le monde du travail a beaucoup changé ces dernières années. Je vous livre quelques réflexions. Pourquoi aujourd’hui est-il si important de communiquer sur le fait que le bien- être au travail est une priorité pour une entreprise ? Avoir une salle de sport au travail, c'est magique, êtes-vous certaine ? Encore faudrait-il avoir le temps matériel d'y aller ! Pensez-vous vraiment que l’open space soit une évolution positive ? Si les entreprises veulent garder leurs talents, le bon sens prime : avoir de beaux locaux, des avantages, et surtout une bonne rémunération avec perspective d’avenir. Grâce à votre article, j’ai pu apprendre de nouveaux mots : Le design thinking et le space-planner. Bref revenir à l'essentiel me semble important et donc à l'humain.

Très bon article Nathalie !

Dorothée TISSERAND

Chargée de projets maintenance immobilière | Coordinatrice projets Travaux & Maintenance | Responsable maintenance | Retail | passionnée d'Art

7 ans

Une nouvelle culture d'entreprise émerge avec de nouvelles organisation de travail....

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