Comment supprimer 100 000 emplois dans les collectivités territoriales ?

Comment supprimer 100 000 emplois dans les collectivités territoriales ?

C’est ce que propose la cour des comptes le 2 octobre 2024 [1].

D’où des cris, des hurlements dans les syndicats, les partis politiques : « Comment ! alors qu’on manque de services publics ! de personnels pour la petite enfance ! etc. »

La question est de savoir quels postes ou emplois supprimer et accessoirement comment a-t-on recruté à ces postes trop nombreux.

La population n’a pas toujours une vue claire de ce qu’il se passe dans les collectivités territoriales, d’abord parce qu’elle ne voit en général que la partie des effectifs en contact avec le public mais pas la vie dans les tentacules de ces administrations.

Il m’est arrivé de fréquenter professionnellement une mairie d’une grande ville. J’y ai constaté la présence d’un nombre non négligeable de fonctionnaires assis dans des bureaux, s’occupant à faire des réussites sur leur PC, faute d’autres tâches à réaliser. Et cela à quelque distance d’un petit noyau de fonctionnaires vrombissant autour de la directrice de ce service, toujours occupés à préparer un rapport pour tel ou tel élu. Un monde semblait séparer ces personnels si proches physiquement mais qui se toléraient parfaitement entre eux, dans l’indifférence respectueuse et intéressée que leur procurait leur statut de fonctionnaires indéboulonnables.

Il m’est arrivé de fréquenter une mairie d’une petite ville où j’ai pu constater que des proches d’élus étaient curieusement recrutés quand le chômage sévissait alentour alors qu’ils n’avaient pas un CV orienté vers la fonction publique... Manifestement, certains recrutements bénéficiaient à des privilégiés pour leur ménager une sécurité d’emploi, plus que par une nécessité de service, pendant que le reste de la population devait se contenter d’être la variable d’ajustement de l’économie.

La régionalisation et le lancement des intercommunalités ont fourni des aubaines propices au développement de ces anomalies.

L'argument en défense des élus locaux, selon lequel les collectivités territoriales seraient des modèles de gestion dans la mesure où elles ne feraient pas de déficit, doit être pondéré par le fait que lorsqu'elles créent des postes par clientèlisme ou népotisme la hausse des charges de personnel que cela implique ne crée pas de déficit si et seulement, à budget global constant, cette hausse de charges de personnel est compensée par une baisse des services fournis ou des investissements réalisés. Autrement dit, le népotisme et le clientèlisme ne peuvent se faire qu'au détriment des services rendus. Il faudrait donc un outil de mesure des services fournis pour apprécier la qualité de gestion des collectivités territoriales et son évolution.

Il est donc à parier que si la recommandation de la Cour des comptes est suivie d’effets, ce sera surtout au détriment des vacataires et autres précaires, mais pas des pistonnés calamiteux et autres titulaires en surnombre.

 © Paul F. VALET, 2024


[1] https://www.ccomptes.fr/fr/publications/les-finances-publiques-locales-2024-fascicule-2

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