Coronavirus et mondialisation

Nos schémas de pensée sont, depuis plusieurs jours, soumis à rude épreuve…

Par-delà le terrible constat d’impuissance sanitaire qui s’abat sur l’ensemble des pays riches, je note aussi la forte remise en question de nos modèles de production mondialisés.

Bon nombre de leaders d’opinion plaident désormais pour la relocalisation de nos activités. Cette semaine, dans une tribune remarquée, publiée dans Le Monde, plusieurs économistes proches d'ATTAC (Maxime Combes, Geneviève Azam, Thomas Coutrot) et le sociologue Christophe Aguiton avançaient que ce mouvement « n’est plus une option mais une condition de survie de nos systèmes économiques et sociaux ».

Je m'interroge... Cette crise sera-t-elle suffisante pour remettre en question le consensus mou néolibéral ? Des "plus jamais çà" j'ai le sentiment d'en avoir entendu beaucoup ces dernières années...

Force est de constater que dans la filière agroalimentaire, l'antienne de la relocalisation s’est renforcée ces dernières années, sous les coups de boutoir des attentes sociétales, d’une part, et des injonctions gouvernementales confinant souvent au patriotisme économique, d’autre part…

Finalement, la question posée (oubliée ?) demeure, encore et toujours, celle de la souveraineté. Lorsque l’on tente de définir les contours des secteurs stratégiques devant être inclus dans cette fameuse souveraineté, la liste a souvent tendance à prendre des allures d’inventaire à la Prévert. Productions alimentaires ? Bien sûr ! Energie ? Assurément… Armement ? Sans aucun doute… Pharma, itou…

Ce constat étant posé par la frange érudite des altermondialistes, je poursuis ma réflexion en me demandant les conditions de la relocalisation de ces productions au regard de la réalité du dumping social actuel entre les états membres de l’OMC… C’est pas gagné… Et comme me dit, peu après cette lecture, un de mes amis chef d'entreprise : « il est préférable que LMVH continue de produire de la maroquinerie de luxe plutôt que des masques en papier, la marge n'est pas la même ! ». Implacable véracité que celle de La Palice... Nonobstant, devons-nous continuer de laisser aux asiatiques le soin de fabriquer nos fameux masques ?

Je poursuis ma revue de presse hebdomadaire, j’ouvre Les Echos, en date du 27 mars, dans lequel Eric Le Boucher tente de nous convaincre que, face à cette crise, la mondialisation est la bonne réponse... Selon lui, « elle seule peut apporter une réponse coordonnée au niveau international », « notamment en donnant davantage de moyens et de marges de manoeuvre à l'OMS » et d’insister sur le fait que « lutter chacun de son côté contre une pandémie n'a pas de sens ».

Je vacille, son papier est charpenté, intéressant, bourré de truismes, aussi... Je ne lui en veux pas pour avoir assimiler un peu trop rapidement à mon goût souverainistes et nationalistes, passons...

Je me retrouve à la fin de cette semaine. J'ai le sentiment d'avoir été une boule dans cet immense flipper médiatique... Je reste indécis, incertain, incrédule.

Visiblement, il est vrai que le Coronavirus donne mal à la tête !

Du coup, à la faveur d'une ultime revue de web, j’ai décidé de reprendre le chemin de l’école…

Quel rapport me direz-vous ?

« Pas de confinement pour les idées ! » claironnait, hier, Sciences-Po sur les réseaux sociaux afin d'assurer la promotion de sa contribution à la plateforme de e-learning Coursera.

Je vous le donne en mille... Le MOOC de Bertrand Badie vise à « commencer l’étude d’une question difficile mais cruciale : comment la mondialisation reconstruit-elle les politiques publiques et les comportements sociaux ? ».

N'en jetez plus, je suis déjà inscrit...