Coup de gueule du jurassique !
A plusieurs reprises ces derniers temps on assiste aux épanchements de quelques ex-futures licornes dont l’amertume vient nourrir ce sentiment qu’en France on n’aimerait pas les entreprises et qu’on n’aiderait pas les entrepreneurs…
Tout démontre le contraire, mais le succès est sélectif et c’est comme le talent, rien n’est moins sûr !
Bref, où est le scandale de voir disparaitre une offre de service qui manifestement n’atteignait pas son business plan, à supposer qu’il ait jamais existé, ou tel startuper dont la campagne de crowdfunding se solde par un échec parce que son idée, bien que sympathique, ne suscite pas un engouement démesuré allant jusqu’à l’ouverture du portefeuille ?
En réalité, pire que le dumping fiscal il existe le dumping de la levée de fonds, et du haut de mon brevet des collèges, il me semble que ce n’est pas parce que l’on a de la trésorerie que l’on va bien, le contraire a souvent été démontré à qui s’est un jour intéressé au financement des entreprises. On peut mourir les caisses pleines !
Donc je reprends, voici une levée de fonds qui permet de faire exister une offre radicalement disruptive, basée en fait sur un prix cassé, ou le parasitage de la valeur ajoutée produite par un autre agent économique jusque-là in bonis, ou sur un type à vélo !
Les couts variables ainsi que les fixes ne sont pas couverts par le niveau d’activité, mais le chiffre d’affaires évidemment se développe rapidement car une telle offre ne peut pas se refuser.
On reste toujours à l’écart du seuil de rentabilité, signe d’une belle vitalité.
Si on a de la chance et une belle « prez » on fait une deuxième levée de fonds parce que quand même tout ça c’est une question de volume et de part de marché.
Et à la troisième quelqu’un siffle la fin de la récré ! Ouf.
Ce ne serait pas grave si pendant ce temps on n’avait pas contribué à détruire des emplois et de la valeur chez des opérateurs peut-être un peu endormis sur leurs lauriers mais avec des modèles de rentabilité éprouvés… A cet égard signalons la situation schizophrène du consommateur qui passe son temps à essayer de détruire son emploi en ne percevant pas les conséquences de ses actes en tant qu’acheteur… quand ce n’est pas en fermant les yeux sur les conditions de travail de populations finalement lointaines…
Un business plan qui ne prouve pas rapidement sa pertinence par des résultats va droit dans le mur, ses salariés, fournisseurs et financeurs avec !
Donc oui aux bilans inversés en cas de dépenses R&D ou industrialisation lourde, mais pas trop longtemps.
Non les gens ne sont pas méchants avec vous.
Oui les lois de la rentabilité sont vaguement immuables sauf à revenir à l’esclavage, ce qui pour le coup serait une vraie disruption.
Et oui certaines licornes prétentieuses ne sont en fait que des poulets déplumés (avec une barbe de trois jours quand même) et borgnes, élevés en batterie dans des écoles de commerce ou d’ingénieur d’où ils sortent avec un projet de start-up en guise de mémoire de fin d’études.
Reposez vos baïonnettes laser : je rencontre aussi des gens passionnants et passionnés, avec une tête bien faite et bien pleine, mais avec de véritables idées innovantes et du bon sens, ceux-là font peut-être moins de bruit…
On notera au passage l’absence quasi-totale de mixité dans l’origine sociale de nos joyeux entrepreneurs qui perpétuent tranquillement des comportements très conservateurs (l’ascenseur social sera peut-être remplacé par un drone… un jour), bien éloignés de l’image « friendly » et collaborative de façade, c’est frappant notamment sur les processus de recrutement !
Il nous faut avant tout des visionnaires et des innovateurs susceptibles de créer de la valeur dans un environnement économique complexe, aléatoire où la médiocrité n’a pas sa place, l’arrogance non plus… Aidons ceux-là.
Chargé d'Affaires Entreprises
8 ansMerci Marcel pour votre commentaire, en effet c'est dans l'action que l'on voit les qualités d'un entrepreneur.
CEO - PerformInfo Inc. Auteur, Conférencier, Coach de dirigeants 26 519 abonnés + 3 900 post 560 articles
8 ansBravo Thierry, pour votre billet. Le plan d'affaires ne rallie pas l'assentiment de tous les praticiens du management. De fait, les idées courent les rues. Or, tout est dans l'exécution (dixit Bossidy et Charan). Des visionnaires, sans doute, mais surtout des entrepreneurs (ceux qui font et ne font pas que dire - ce qui suppose que l'avenir de l'organisation n'est pas dans le plan d'affaires mais dans l'action résolue et décisive). Merci.