CSRD / Reporting de durabilité : les normes avancent!
Depuis le début de l’année, l’EFRAG a rendu publics plusieurs projets de normes élaborés en vue de l’application de la future directive européenne sur le reporting de durabilité (CSRD). Ces « documents de travail » ne font pas l’objet de consultations publiques formelles à ce stade mais servent à nourrir les travaux des différentes instances de normalisation.
Pourquoi les analyser dès maintenant?
Ces documents sont le fruit d’un travail intense et approfondi de compilation de :
- tout ce qui existe en la matière au niveau mondial, y compris à l’état de projet,
- toutes les réglementations européennes à prendre en compte, qu’elles soient sectorielles (eau, climat) ou générales (taxonomie).
Ces documents intègrent les exigences en matière de contenu issues du projet de directive tel qu’il a été publié par la commission européenne à l’origine. Les amendements proposés actuels dans le cadre du trilogue ne remettent pas en cause ce contenu et tendent plutôt à le préciser et l’approfondir. Ils permettent de comprendre comment le concept de double matérialité sera mis en oeuvre et ce que cela implique en terme de changement dans la relation aux parties prenantes.
Quelles premières leçons en tirer?
C’est un véritable changement de paradigme qui est intégré à l’ensemble de ces normes :
- la double matérialité devient concrète, précise y compris sur la question des effets boomerangs lorsque les impacts d’une activité se transforment en risques pour cette même activité, amenant à des démonstrations de résilience de l’entreprise,
- l’organisation systémique des relations avec les parties prenantes bouscule les meilleures pratiques existantes, en rendant obligatoire ces échanges préalables à la prise de décision,
- L’intégration de la durabilité dans le business model, la stratégie et la gouvernance présupposent un niveau de maturité de l’équipe dirigeante extrêmement fort aussi bien en terme de stratégie que de management ou de pilotage,
- Le pilotage au plus haut niveau de l’entreprise (direction) des thématiques les plus importantes fait l’objet d’une publication explicite.
Les changements à mettre en place en matière de management sont très importants et nécessiteront plus de 2 ans à marche forcée avant de pouvoir être rendus publics dans un tel reporting. Même dans les entreprises déjà soumises à la déclaration de performance extra-financière, cette intégration dans le business model et la stratégie requiert des efforts et des adaptations des équipes dirigeantes.
Et les indicateurs obligatoires?
Ces indicateurs répondent en même temps à plusieurs exigences :
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- Refléter les impacts, risques et opportunités matériels ainsi que la stratégie mise en oeuvre à leur encontre par l’entreprise,
- Répondre à des critères de qualité et de fiabilité permettant des prises de décision éclairées aussi bien des dirigeants de l’entreprise que des investisseurs ou autorités,
- Démontrer la résilience du business model à court, moyen et long terme,
- Démontrer l’alignement de la stratégie de l’entreprise avec les grands engagements européens, notamment sur le climat.
A ce stade, seuls les indicateurs obligatoires communs sont détaillés. Les indicateurs sectoriels seront développés dans une seconde phase.
Comment lancer la démarche auprès de la direction?
En cette période d’incertitudes et de menaces géopolitiques, lancer l’exercice auprès de la direction doit s’appuyer sur :
- la nécessité de pérenniser le business model à moyen et long terme, 2030 et 2050 étant les deux horizons rassemblant un maximum d’engagements,
- l’identification des risques physiques grâce aux modélisations géolocalisées d’évolution du climat et du cycle de l’eau,
- la mise en place d’outils de mesure et de modélisation fiables sur toute la chaîne de valeur concernant les émissions de gaz à effet de serre, les émissions de polluants, la consommation d’eau et de ressources minérales.
La direction devra choisir les thématiques les plus importantes afin de les gérer elle-même. Cette information étant publique, il ne sera plus possible de déléguer 100% des questions de durabilité.
La durabilité sera le nouveau paradigme du management du XXIème siècle!
Planneur Stratégique : Innovation & Transformation | Facilitateur de projets à impact positif
2 ansTrés intéressant. Parlons en #noussommesvivants
Sustainability performance manager - URW
2 ansEliette Vray 😉
Expert RSE
2 ansMerci Catherine Jagu pour ce partage éclairant