Dans le Royaume de « SPIDERMAN »
Nous voici à nouveau au milieu de l’été. Comme le précédent, « les conditions sanitaires nous obligent à rester prudents », disent les autorités de plus en plus discréditées. Le grand public parait résigné à vivre avec le danger, un drôle de danger qui nous menace sans montrer son visage, malgré des milliers de morts, des informations relayées et amplifiées par autant d’influenceurs sous influence et des millions de terriens piégés par la peur.
Les premiers jours de vacances, vous avez l’impression de porter encore le poids des soucis professionnels, sans cesser de penser que vous avez oublié quelque chose d’important comme si vous étiez quelqu’un d’incontournable. A chacun sa dose d’égocentrisme ; c’est comme ça, fin de la discussion. Quand vous arrivez enfin à vous débarrasser de cette espèce d’opprobre, vient la phase d’intériorisation. C’est le corps qui parle alors et votre organisme s’exprime par différents bobos. C’est normal : ils sont restés écrasés par votre attitude, celle, condamnable, qui consiste à vivre sans penser que le support -votre corps- s’use – et il a envie de se plaindre de temps à autre. C’est le moment de penser à sa glycémie, à sa tension, à un rendez-vous oublié avec votre toubib ou avec votre kiné. Au total la liste s’allonge et vous découvrez que la machine donne quelques signes de souffrance. Il faut prendre soin d’elle, autant que de votre voiture ou de votre électro-ménager.
Comme à l’accoutumée, je profite de cette période pour régler des affaires oubliées ou laissées de côté pendant des mois. C’est la peine encourue par les bordéliques comme moi qui laissent les choses trainer et les remettent au lendemain. Il faut que j’arrête de culpabiliser : je suis comme ça, c’est tout. Finalement il vous reste du temps pour vous occuper du jardin, réparer les vieux outils, remplacer la vieille tondeuse qui est à bout de souffle. Là encore, il faut, vous l’espérez du moins, tomber sur la bonne affaire pour éviter de passer pour le dernier des cons qui flashe sur le dernier cri de la technologie. Votre mission vient à peine de commencer : il faut maintenant examiner l’état du toit de la maison pour vérifier si le dernier hiver et les pluies du printemps n’ont pas laissé des traces pouvant compromettre son intégrité. Cette fois-ci, il s’agit seulement de nettoyer les gouttières.
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Ce matin j’ai observé pour la énième fois une toile d’araignée devant la fenêtre de la chambre de Simon -mon fils- : elle est identique à celle du printemps dernier et à celles que j’ai vues des dizaines de fois dans cette encablure. J’en déduis donc qu’il s’agit de la même famille d’arachnides ayant fixé domicile là, qui tisse et retisse ce maillage avec étonnamment la même perspective, les mêmes points d’appui, la même résistance. Cette construction me laisse supposer que l’araignée possède une mémoire sensitive et une optique remarquable qui lui permettent de planter « sa maison » au même endroit. C’est fabuleux ! Elle vit, elle chasse pour manger, elle perpétue l’espèce, la sienne, et ce depuis des millions d’années, et elle nous survivra sans doute. La nature est dotée d’un génie propre qui nous laisse perplexe, nous dépasse et doit nous inciter à la respecter.
Moi-même, je dois le confesser, j’éprouvais auparavant une certaine crainte pour les araignées qui, par son étrange morphologie comme celle des insectes en général, provoquent parfois chez les humains une certaine phobie. Une amie anglaise m’a raconté que chez eux, « les British », les araignées ne sont jamais tuées mais au contraire respectées car tuer une araignée porte la poisse. Les Chinois eux pensent que voir une araignée porte bonheur. Vrai ou faux ? Toujours est-il que le spectacle est magnifique ; l’été nous remet en contact avec la nature qui regorge de secrets. En tout cas l’arachnicide, inutile, est déconseillé voire interdit chez moi. Comme vous pouvez le constater, avec l’âge, je deviens superstitieux.
Hugo González Carriόn