Des idées pour aujourd'hui #3 : Reputation is money

Des idées pour aujourd'hui #3 : Reputation is money

Non, je ne vais pas ici ajouter un nouveau commentaire sur l'importance de la réputation pour une entreprise ou une personne. Mais, plutôt, exprimer ma fascination pour la capacité d'innovation (peut-être excessive) des acteurs financiers qui fait de la réputation le support immatériel essentiel d'un véhicule financier dont on parle de plus en plus en France : les SPAC.

Impossible pour qui s'intéresse à l'actualité économique et financière de passer à coté des annonces de créations de SPAC. On y retrouve généralement une jolie photo de "personnalités" qui annoncent qu'elle vont investir, bientôt, dans une ou plusieurs entreprises dans un univers spécifique. Par exemple dans l'alimentation durable comme dans le cas du SPAC initié fin 2020 par Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari

Alors, c'est quoi un SPAC ? Un Special Purpose Acquisition Company ? Plus précisément, c'est un véhicule financier qui émet des titres, des chèques en blanc, accordés à des "sponsors", pour qu'ils / qu'elles investissent plus tard dans une entreprise encore inconnue. On constate ainsi que ce qui est acquis dans ce mécanisme c'est essentiellement la réputation des sponsors. Leurs antécédents. Leurs "track record". Pour préciser les choses, on peut relever que les opérateurs du SPAC ont 2 ans pour investir. Si l'investissement n'est pas réalisé, les parts dans le SPAC sont remboursées. Pas trop risqué pour les investisseurs !

On constate ainsi que la réputation est devenu un actif exclusif pour lever des fonds sur les marchés financiers. Rien de vraiment neuf ! Quand on place son argent dans telle ou telle banque, on le fait en fonction de la réputation que l'on attribue à cette banque : elle a des performances d'investissements élevées ; elle investit dans des organisations vertueuses ; elle soutient les acteurs locaux, etc.

Alors qu'est-ce qui change ? Qu'est-ce qui peut inquiéter dans cette invasion de SPAC, comme l'évoque The Economist, sur les marchés financiers ?


La journaliste @SophieFay de l'Obs rappelle les conclusions d'une étude américaine où les SPAC existent et se développent fortement depuis le début des années 2000s, que

Un Spac sur deux est une mauvaise affaire (conclusion d’une étude de chercheurs de Stanford et de la New York University). Et les sponsors gagnent évidemment systématiquement plus que les autres actionnaires (ils gardent 20 % des parts de la société fusionnée avec le Spac)… 


Est-ce inquiétant ?

Sophie Fay cite en conclusion de son article un représentant du "plus gros gestionnaire d'actifs en Europe" (AMUNDI ?) qui avance des propos sibyllins : « Cela me rappelle 2006, un an avant que n’éclate la crise des subprimes. » !!!

Je ne vais pas m'aventurer sur ce type de pronostics. Je n'en ai pas la compétence. Mais, on peut constater qu'au travers des SPAC, les acteurs financiers poussent encore un peu plus loin la dimension immatérielle / virtuelle des flux financiers. ESt-ce qu'au final cela sera au bénéfice des entreprises "réelles" qui auront été SPAC-ées ?

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