Du grand groupe à la start-up : un monde ?

Du grand groupe à la start-up : un monde ?

Que vous soyez étudiant à la recherche d’un stage, diplômé à la recherche d’un emploi ou salarié en quête d’une reconversion, même inavouée, ces quelques lignes sont écrites pour vous. Elles sont le fruit d’une expérience personnelle, non généralisable, mais qui peut-être éclairante dans notre société dont les codes n’ont jamais bougé si vite.

Bientôt diplômé d’une école de commerce, je me suis pendant des années érigé en défenseur de l’emploi stable, sûr et soit-disant bien rémunéré. Celui qui flatte l’égo personnel lors du fameux coup de poignet dégainant la flamboyante carte de visite ornée du nom de l’entreprise que tout le monde connait et qui récolte son « Ah oui, félicitations ! » après la fameuse question « Et vous travaillez dans quelle entreprise ? ». Cette satisfaction personnelle peut être l’un des critères qui poussent à choisir une grande entreprise, mais celle-ci fanera bien vite, il me semble, lorsque l’intéressé réalisera dans quelle type de structure il met les pieds.

Toutes les entreprises sont différentes et les équipes de ces mêmes entreprises le sont également, mais l’image du grand groupe dépérit à coup sûr, c’est un fait. Je crois en fait que cette satisfaction fane de plus en plus vite, elle n’est peut-être même plus un critère tant la génération des Millenials semble attirée par autre chose. L’égo est ainsi toujours là, mais il s’est transformé semble t-il en un certain challenge : celui de devoir expliquer l’activité de l’entreprise dans laquelle vous travaillez car personne ne la connait, ou en tout cas, pas encore.

J’ai construit mon expérience d’étudiant autour de mon année de césure que j’ai passée à travailler en finance pour le compte de fonds d’investissement : d’abord en région, puis sur la fameuse place Vendôme parisienne. J’ai rejoint KNOCK, start-up bordelaise il y a de cela quelques semaines et je suis aujourd’hui à même d’esquisser quelques différences notoires autour desquelles il fait bon discuter.

Le stress

Les grands groupes vous mettent la pression. Je ne dis pas qu’il n’existe pas de pression dans une start-up, au contraire, il faut trouver des prospects, il faut démarcher puis convertir, il faut communiquer pour créer du flux sur les médias, il faut lever des fonds si vous voulez survivre. Mais c’est une pression organique, qui vient de l’intérieur, que vous vous mettez à vous-même en allant travailler le matin car tout le monde est dans le même bateau. Cela rejoint l’idée de structure : un grand groupe possède une structure hiérarchique forte, un N+1, N+2 … N+15 et pas question d’aller déranger le N+4 sans aller prévenir le N+3 !

Mon analyse personnelle est que cela fige les process, fige les gens et donc fige la performance. Certains groupes se vantent d’ailleurs d’avoir des structures « flat », comme ces fameuses start-up qui volent aujourd’hui les meilleurs éléments aux recruteurs des grands groupes. Vous le voyez, les grands groupes savent qu’ils font mal les choses et croyez-moi vous le sentez aussi lorsque vous y êtes. La start-up, c’est un bon stress, c’est le stress quotidien de la vie, celui qui vous dit de vous lever le matin parce qu’il y a tout à faire et à prouver, celui de l’entrepreneur qui a peur de perdre sa boîte et de mettre au chômage ses quatre salariés parce que la levée de fonds prend plus de temps que prévu. Le stress est là, mais il est différent. Il est presque constructif.

Les horaires

Start-up ne veut pas dire vacances. Ni 35h, ni week-end le vendredi à 15h30, ni pause de 3h le midi avec repas offerts par un Chief Happiness Officer. La start-up a du bon : sa flexibilité. Mais qui dit flexible dans un sens, le dit aussi dans l’autre. Vous pouvez potentiellement commencer un peu plus tard le matin, prendre 2h le midi car vous devez écumer les agences immobilières pour trouver un appartement à louer (ce qui n’arrivera plus avec KNOCK) ou même bosser un jour de chez vous, mais vous pouvez tout aussi bien vous faire des soirées boulot jusqu’à 23h. La flexibilité est également mentale : lorsque vous vous donnez dans une start-up, la réussite de chaque projet est probablement vitale à l’entreprise, et donc le projet ne s’arrête pas aux portes de l’incubateur ou du bureau. Cela a du bon !

Cela a aussi un côté négatif souvent matérialisé par la tête de votre conjoint/copine/chat lorsqu’il vous dit de parler d’autre chose à table. Finalement, la véritable différence au niveau des horaires est que vous ne comptez pas. Chaque salarié ou stagiaire travaillant dans une start-up est un entrepreneur à mon sens.

L’ambiance au travail

L’ambiance est intimement liée au stress vous me direz. Et bien, la preuve que non. Les dirigeants d’une start-up seraient-ils moins stressés qu’un grand cadre de chez Danone ou Peugeot ? Je ne crois pas … en cas de shutdown, l’entrepreneur perd son projet, la fierté de payer à manger à des familles et éventuellement son salaire s’il s’en versait un. Je crois que la pression de l’entrepreneur est intrinsèque à l’exigence à laquelle il se soumet, et sa pression n’en est que décuplée. Celle-ci est intimement liée à ce qu’il est, ou du moins à l’image qu’il se renvoie. Son succès sera bien souvent le succès de chacun dans l’entreprise mais il prendra l’échec comme une remise en question profondément personnelle. L’entrepreneur a toutes les raisons d’être stressé au travail et pourtant, étonnement, la start-up est bien souvent l’endroit le plus agréable où travailler.

Le salaire

Money Money. De manière générale, une start-up a moins de moyens qu’une entreprise lambda, encore moins qu’un grand groupe. Mais avoir moins de moyens rime souvent avec une meilleure allocation des ressources. Embaucher un salarié pour une start-up, qui a levé des fonds ou pas, est un véritable investissement qui se doit d’être rentable. La motivation du dit employé est indispensable à cette rentabilité. Malgré tous les avantages de la petite structure, le salaire est bien évidemment un critère prépondérant pour l’employé et si la start-up ne peut pas vous proposer tout de suite 50 000€, elle ne vous proposera pas non plus 15 000€ de peur de vous payer pour rien, tant travailler en son sein, vous obligerait à manger des pâtes à tous les repas. Ce n’est pas dans votre intérêt, et donc pas dans celui de votre chère jeune pousse.

Grand groupe ne veut de plus pas dire gros salaires, encore moins sur des postes de juniors. Bon nombre d’entreprises payent les jeunes diplômés ras les pâquerettes, jouant seulement sur l’image grandiose que renvoie l’unique opportunité de travailler pour une entreprise si connue. Vous imaginez bien que cet argument tient de moins et moins la route et seuls les tickets restaurants, l’intéressement, la participation et les potentiels bonus retiennent un nombre grandissant d’employés quotidiennement mécontents ou malheureux.

L’accomplissement personnel

Pour conclure, je voudrais vous parler du sentiment général que procure la start-up : c’est une manière totalement différente de voir le travail. Là où vous souhaiteriez faire vos armes dans une grande entreprise, vous avez peur que la start-up vous livre à vous même, sans manager ni mentor : vous faites fausse route. Les seniors advisors, les consultants, les investisseurs sont là pour vous aider, sans même parler de vos collègues bien souvent amis, qui vous épaulent dans le sens véridique d’épauler, chaque jour.

Travailler en start-up, c’est savoir se motiver, savoir être curieux et apprendre de ses erreurs, seuls ou dans un groupe restreint. C’est un état d’esprit et d’apprentissage perpétuel, tant business que personnel, qui ouvre le champ des possibles et vous fait sortir du carcan social 9h-17h, métro-boulot-dodo, costard noir froissé et journée devant deux excels de 3 500 lignes chacun. Travailler en start-up c’est peut-être enfin se réaliser en tant que personne et ne pas commencer sa « vraie vie » à 18h lorsque vous passez le pas de votre porte.

Vous vous lèverez probablement du mauvais pied de temps en temps, cela arrive même au plus heureux des entrepreneurs. La différence est dans la tête et sur votre visage, lorsqu’après un bon café, vous commencerez votre journée avec le sourire aux lèvres.

Belle journée à vous !

Alexandre

Agnes Carayol

Your advocate in action for an Empowering customers’ journey | Client onboarding | Cultural sensitivity | An Experienced Digital Learner's Leap into the Travel & Tourism industry

6 ans

Tout dépend de la volonté de l'intégration : coté organisation vs coté candidat

Thomas Pasquier 🤝

J'accompagne mes clients TPE-PME dans leur projet numérique (webdesign, conception technique, maintenance et évolution). Là où il y a du challenge, j'apporte des solutions.

6 ans

pas tant que ça, c'est une autre organisation

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