Emploi et métiers : appréhender le milieu
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Emploi et métiers : appréhender le milieu

Une newsletter préparée et rédigée par Patrick CUENOT, Chargé de Mission Observatoire au sein de l'ARML-IdF.

« Un décalage existe entre les « informations prospectives » qu’attend le dirigeant pour penser son entreprise sur dix ans et les « informations rétroviseurs » qu’il reçoit trop souvent : des chiffres au lieu de faits, du répétitif au lieu de l’inédit. » - Pascal JUGHANS, Président de CEREINEC

TECHNOLOGIQUE & ECONOMIQUE

Digital business : les 7 clés de leur réussite

Le 17 juin 2022 de 18h30 à 19h30 le Club IES (Intelligence Economique et Stratégique) a proposé une visioconférence intitulée « Comprendre les business models digitaux pour survivre dans la nouvelle économie ».

Le Club IES est rattaché à la société INTER-LIGERE, créée en 2008 par Jérôme BONDU. INTER-LIGERE propose aux entreprises des prestations de formation à la collecte et à l’exploitation des informations stratégiques, ainsi qu’une surveillance de l’environnement économique dans lequel elles évoluent.

Pour évoquer les business models digitaux, Jérôme BONDU a invité Guillaume GOMBERT, co-auteur avec François DRUEL du livre « Gafanomics : Comprendre les superpouvoirs des GAFA pour jouer à armes égales » publié en 2020.

Directeur de projet auprès de la société FABERNOVEL, Guillaume GOMBERT vole en parallèle depuis février 2022 de ses propres ailes au sein de DIGITAL GPS, et aide les entrepreneurs à placer le digital au cœur de leurs projets.

En deux décennies a émergé une nouvelle économie, dont les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) sont devenus les leaders incontestés, supplantant les banques ou les énergéticiens. Ce sont des acteurs dont chacun utilise les services au quotidien, tant en contexte professionnel que personnel. Pourtant, d’autres géants de la nouvelle économie existent dans d’autres pays : BAXT (Baidu, Alibaba, Xiaomi, Tencent) en Chine, Rakuten au Japon, Yandex en Russie... Un éclairage qui rend encore plus criant le retard pris par l’Europe, et les gisements de croissance économique et d’emploi que pourrait susciter un rattrapage de ce retard. A condition qu’un tel rattrapage soit possible.

Une des clés de ces disrupteurs économiques réside dans le remplacement de la notion de produit par celle d’usage.

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Une entreprise traditionnelle crée, à partir de matière première, des produits en les revendant plus cher que leur coût de fabrication. Le secret, c’est la « location » : au bon endroit, sur le bon rayon dans le bon magasin. Un concept résumé par les professionnels du marketing par les 5 P : Produit, Prix, Promotion, « Place » et « People ».

Chez les acteurs disruptifs de la nouvelle économie, le focus est orienté sur l’usage. L’objectif est de créer les meilleures interactions entre fournisseurs et clients finaux. Chaque interaction est l’occasion de récupérer des données sur les clients, qui permet de proposer de nouveaux usages. Ceux-ci constituent l’opportunité de récolter des données supplémentaires, de nature à proposer d’autres usages, et ainsi de suite. La relation s’étend jusqu’à ce que le client arrête d’utiliser le produit, c’est-à-dire le plus tard possible.

Le développement économique repose donc sur l’accroissement de la part de d’usage. L’augmentation du nombre de consommateurs provoque celle du nombre de vendeurs, qui aboutit à une baisse des prix. L’écosystème financier repose, quant à lui, sur un modèle publicitaire de commissions.

Ces « disrupteurs de l’économie » ont transformé les règles du marketing. Réagir efficacement implique, pour les autres acteurs de l’économie, d’assimiler 7 principes fondamentaux :

  • #1 Le client gratuit

Tout le monde est client, même ceux qui ne payent pas. Ainsi, NIKE a lancé une application gratuite, NIKE FIT, qui indique aux gens leur pointure en leur demandant de scanner leur pied. Il collecte ainsi de la donnée, fait le lien avec son propre produit et attire des utilisateurs qui deviendront peut-être des clients. Et les utilisateurs de l’application NIKE TRAINING CLUB pour le suivi de leur séance d’entraînement bénéficient d’un accès à l’espace achat.

Autre domaine, même pratique : KOZIKAZA propose aux bricoleurs du dimanche de dessiner gratuitement et partager les plans en 3D de leurs travaux d’aménagement. Là encore, un accès vers l’espace d’achat est prévu.

Enfin, il convient de rappeler que l’application TINDER relaiera, du 9 juin au 31 juillet 2022, les 70.000 offres d’emploi destinées aux 16-25 ans disponibles sur la plateforme « 1jeune1solution ». Une activité fort éloignée de celle proposée par son application de rencontre…

Cette pratique apparemment simple repose sur des mécanismes désormais bien identifiés par la psychologie sociale. En termes simples, celui qui reçoit quelque chose à titre gratuit se sent obligé de rendre ce qu'il a reçu, quel qu’en soit la nature : comportement, cadeau, service. A cet égard, la mise à disposition d’applications à titre gratuit s’apparente à un acte préparatoire à une action plus coûteuse : l’achat d’un ou plusieurs produits de la marque.

  • #2 La conception inversée

Chez les acteurs économiques pour qui l’usage prime le produit, les problèmes des clients deviennent une source de création de valeur.  Ainsi, le portefeuille de services proposés par WECHAT à ses abonnés est conçu comme un couteau suisse pour permettre de vivre dans une Chine à la fois technologique et connecté.

Vendre un produit qui n’existe pas, c’est le credo des acteurs de la nouvelle économie. Au programme : un message pour inviter vos contacts à une conférence, puis une conférence pour proposer une Master Class qui serviront à peaufiner le produit ou l’offre de service vendue à plus grande échelle. Dans un autre registre, TESLA produit ses voitures après les avoir pré-vendues. Et DECATHLON étudie les comportements de familles volontaires pour mieux définir son offre d’abonnement destinée à proposer l’essai du matériel vendu en magasin.

  • #3 La refonte des pratiques et de la culture

Elle se traduit, notamment par un nouveau mode de production. Ainsi, alors que ses concurrents construisent des voitures qu’ils vendent ensuite, TESLA produit ses voitures après les avoir pré-vendues. Le montant des pré-ventes permet de financer la construction des voitures.

  • #4 L'agrégation et la gestion de très petites unités

Elle repose sur l’optimisation des capacités excédentaires inutilisées. Grâce à cela, AIRBNB peut tenir tête à HILTON : 7 millions de chambres louées, 925 000 nouvelles chambres ouvertes chaque année et un coût d’ouverture nul grâce à l’exploitation des espaces inutilisés.

Dans le monde du transport routier de marchandises, l’israélien QUICARGO s’est fait connaître en Europe grâce à l’optimisation des espaces vides dans les camions pour assurer l’acheminement de marchandises et de palettes. Le succès de cette entreprise repose sur une décentralisation logistique.

  • #5 L'ajustement du « product market fit » :

L'adaptation instantanée caractérise les acteurs de la nouvelle économie. A la fois physique et digitale, FOODLES se présente comme la cantine d’entreprise connectée, championne de la mobilisation contre le gaspillage alimentaire. Les plats périmés servent de biogaz et les invendus donnés à des associations d’aide aux nécessiteux. Enfin, une approche optimisée des trajets permet une économie d’énergie de l’ordre de 60%.

  • #6 Le ciblage du consommateur « 100% bénéfice »

C’est l’approche « as a service », qui existe notamment autour de la mobilité. Servir 3 milliards et 1 utilisateur ne coûte pas plus cher que d’en servir 3 milliards. WALMART a ainsi développé son offre d'e-commerce et les PME peuvent souscrire à l’offre e-commerce de WALMART. Il s’agit là d’une clientèle à très forte marge.

De son côté, BLACK ROCK est le plus gros asset manager, qui gère 7 à 10 milliards de gestion d’actifs. L’application ALADDIN gère les actifs de clients à la fois BLACK ROCK et externe. Il monétise aussi ses capacités d’analyse et de gestion d’actifs.

Enfin, DECATHLON propose à ses abonnés belges de tester les articles de sport de ses magasins.

  • #7 La personnalisation à grande échelle

Chez NETFLIX, au-delà de la recommandation, l’affiche change selon les préférences de l’utilisateur. L’OREAL a développé des produits sur mesure grâce aux informations qui proviennent de l’utilisateur. En combinant ses données, L’OREAL propose une crème sur mesure.

L’enjeu, pour les acteurs économiques, repose sur une connexion avec les usagers d’aujourd’hui et de demain, même si cela implique de sortir de son secteur d’activité. Reste à savoir comment les acteurs de l’insertion s’empareront du sujet pour émerger et assurer ainsi leur pérennité.

D’ors et déjà, le recrutement programmatique devrait attirer leur attention. Pratiquée notamment par la société GOLDEN BEES, cette démarche consiste à publier des offres d’emploi ou du contenu lié au recrutement calibrés pour atteindre directement les candidats actifs ou passifs les plus susceptibles de s’intéresser à ces opportunités professionnelles. Mais d’autres pistes restent ouvertes à l’imagination de ceux qui les créeront… à condition de savoir protéger ses innovations.

ECONOMIQUE

Marché du travail francilien : les 3 axes de tension

Le monde du travail traverse des transformations profondes.

Témoin de ces transformations, la FONDATION TRAVAILLER AUTREMENT surveille les usages qui bouleversent le rapport de l’homme au travail : transition écologique, numérique…et ralentissement démographique. Un cercle de réflexion au sein duquel se retrouvent des acteurs politiques comme Myriam EL KHOMRI, Olivier FAURE ou Sophie ERRANTE.

La crise sanitaire a cristallisé un mouvement de fond dont peu d’acteurs économiques avaient conscience : comment obtenir une autre qualité de vie et un travail qui ait du sens ? Un questionnement qui, pour Patrick LEVY-WAITZ, explique en partie le taux d’abstention lors des consultations électorales.

La France se distingue des autres pays d’Europe par un engagement dans le travail. Les actifs manifestent désormais leur refus de modes de travail qui ne leur paraissent plus appropriés. En particulier l’extension des temps de transports en Ile-de-France, qui altère la qualité de vie. Or, les nouvelles technologies permettent de changer la manière de travailler de certains, mais tous n’en bénéficient pas. Ces changements dans l’exécution du travail vont amener les responsables à gérer différemment leurs équipes de travail.

Les nouvelles technologies bouleversent aussi la manière de vivre au quotidien, avec laquelle les gestionnaires d’équipe devront composer. La relation de travail se contractualise, et le rapport de subordination qui le caractérisait jusqu’à présent s’estompe. La nature du travail change également, de par une vision des entreprises à plus court terme, ce qui se concrétise auprès des salariés par l’exécution de plusieurs missions de nature diverse à accomplir plutôt que d’une carrière à piloter. Ce morcellement du travail signe l’émergence des slasheurs, ces personnes qui exercent plusieurs activités professionnelles simultanément, sans lien entre elles. Au classique Contrat à Durée Indéterminé se substitue progressivement la portabilité des droits.

Les mutations du marché de l’emploi s’accompagnent aussi de tensions. Pour mieux les appréhender, le 21 juin 2022 s’est tenu le colloque « Marché du travail en Ile-de-France » organisé par le CRIES Ile-de-France (Comité régional pour l'information économique et sociale).

En voici les principaux développements :

LE MARCHE DU TRAVAIL EN ILE-DE-FRANCE

Introduction - Tensions d’emploi : 4 axes pour les détendre

1 – Mieux se connaître

Les secteurs évoluent rapidement, mais les croyances sont solidement ancrées. Ainsi, le secteur de la restauration est très en demande de personnel. Or, pour beaucoup de demandeurs d’emploi, le secteur est sinistré. Il importe donc de discuter avec les fédérations pour informer les conseillers et les demandeurs d’emploi. Pôle Emploi communique aussi avec les entreprises, notamment concernant la présentation de la réalité du marché du travail. Les conseillers indiquent aux entreprises si leurs offres sont attractives ou pas.

2 – Se rencontrer en face à face

De nombreuses actions sont mises en place chez Pôle Emploi. Celles-ci sont délocalisées dans les QPV, des salons en ligne fortement développés depuis la pandémie. Ces événements conviennent aux candidats, qui se sentent sur un pied d’égalité avec les employeurs. « Du Stade Vers l’Emploi » permet d’évaluer les savoir-être dans un contexte sportif extra-professionnel.

3 – Développer les compétences

Les POEC sont développées en partenariat entre Pôle Emploi et les OPCO.

4 – Valoriser son attractivité

C’est une démarche essentielle aujourd’hui, qui concerne tous les acteurs. Les PMSMP sont des immersions, qui permettent aux employeurs de vérifier le profil du candidat, et au candidat de s’assurer que le métier est en adéquation avec ce qu’il cherche.

YOOKAN a été développé en fin d’année 2021 pour développer l’attractivité des métiers à partir de simulateurs et d’escape game. La découverte des métiers devient ludique, mais professionnelle. Les « job boats » permettent aux jeunes de découvrir de métiers et de s’entretenir avec des recruteurs au cours d’une croisière.

    I.       Les tensions de l’emploi dans les entreprises

Anthony METAYER (Délégué Général, CPME Ile-de-France)

Les TPE représentent plus de 80% des entreprises rencontrées sur les problématiques liées à l’emploi. Pour 7 TPE sur 10, le nombre de candidats est insuffisant. Ces chiffres sont marquants sur un marché en tension. Les difficultés des TPE sont structurelles. La taille des TPE ne permet pas d’avoir un service RH. C’est le dirigeant qui prend en charge cette fonction sur laquelle il n’est pas toujours compétent. Il subit, en outre, la peur de se tromper dans le recrutement. Une erreur se répercute sur l’équipe, et la charge de travail doit être absorbée. Les candidats se doivent d’être polyvalents, et être prêts à tout faire. Les candidats ignorent souvent cette attente. Le marché du travail évolue, et les dirigeants n’en sont pas toujours conscients. Ainsi, le télétravail devient un prérequis pour les candidats. Les dirigeants s’appuient sur les expériences précédentes, et évaluent les candidats sur des critères parfois inadaptés. Les candidats sont souvent attirés par de plus grandes structures, qui ont travaillé sur leur Marque Employeur. Pourtant, les TPE présentent beaucoup d’avantages comparatifs. Les besoins et les attentes sont différentes, et l’entreprise est à taille humaine, et l’humain est important dans le mode de fonctionnement. Les circuits de décisions sont plus courts, et le dialogue social est présent, quoique de manière plus informelle que chez les grands comptes. Les TPE doivent travailler pour les aider à travailler leur savoir-faire RH et leur Marque Employeur, mais aussi sécuriser les dirigeants, notamment sur le recrutement. Les entreprises de moins de 50 salariés disposent de soutien pour valoriser leur Marque Employeur.

Virginie RHEA (Délégué Général, MEDEF Ile-de-France)

Le MEDEF IdF représente 45 branches et 7 MEDEF territoriaux. Les partenaires historiques sont Pôle Emploi, le Conseil Régional…

De manière générale, le taux d’emploi en France est assez faible par rapport à celui de ses voisins européens. En Ile-de-France, la part des NEETs seraient de 11% contre 13% sur l’ensemble du territoire. Le département francilien le plus touché reste la Seine-Saint-Denis.

Sur le plan économique, certains secteurs restent en difficulté : BTP, hôtellerie-restauration et numérique. Ces difficultés de recrutement provoquent des ralentissements de l’activité économique. Ainsi, la pénurie de chauffeurs routiers ralentit le déroulement des travaux du bâtiment. A l’origine de ces pénuries de main d’œuvre, des jeunes trop souvent orientés vers le BTP par défaut. La filière professionnelle doit donc être revalorisée, de manière à ne plus apparaître comme une voie de garage.

L’hôtellerie-restauration connaît un vrai souci, puisque la fréquentation touristique en France est passé de 50 millions en 2019 à 20 millions de visiteurs. Pourtant, les touristes sont de retour. De nombreux restaurateurs soucieux de séduire les candidats leur proposent des plages horaires différentes pour leur permettre de préserver leur vie familiale. L’intensité des embauches (également appelé turn-over) intrinsèque aux métiers reste un sujet à approfondir. Les volumes d’offres marquent un retour à la situation d’avant la crise sanitaire, même si celle-ci reste présente. Des incertitudes demeurent.

De son côté, la filière informatique et numérique éprouve des difficultés et le recrutement à l’étranger par le télétravail se développe. Des marges de progrès existent, notamment au sein de la formation des jeunes dans les établissements d’enseignement professionnel. Le taux d’échec dans les lycées professionnels est important, et accentue le décrochage scolaire.

Concernant la baisse évoquée du recours à l’intérim, Christel NICOLAS (URSSAF) estime que cette timidité à recruter témoigne d’inquiétudes sur le contexte socio-économique et politique (guerre en Ukraine). Mais pour la DRIEETS, le niveau d’embauche en intérim est le même que celui avant la crise sanitaire. Il n’y aurait donc pas de ralentissement notable.

Tous les employeurs savent qu’ils doivent améliorer l’attractivité de leur entreprise. Depuis deux ans, les entreprises prennent conscience qu’ils doivent communiquer sur leur flexibilité. De même, joindre des travailleurs sociaux peut se révéler compliqué.

8 personnes sur 10 ont émis le vœu de poursuivre le télétravail. Ce sujet permet d’envisager différemment une candidature.

Concernant les tensions autour du métier d’enseignant, des « job dating » ont été organisés. Cependant, le sujet reste régalien. Les enseignants interrogés attendent avant tout de recevoir de la reconnaissance et du soutien, plus qu’une augmentation de salaire. Les enseignants doivent aussi valoriser les compétences socio-comportementales des élèves. Ils disposent aussi d’outils pédagogiques qu’ils n’utilisent pas toujours. Ainsi, ils peuvent aussi inviter des chefs d’entreprises à venir évoquer leur secteur d’activité. L’immersion des enseignants dans les entreprises permettraient de compenser leur ignorance des réalités économiques. Au-delà du « job dating », une démarche de Marque Employeur est mise en place. Des informations sur les métiers connexes, comme les ATSEM (Agent Territorial Spécialisé des Ecoles Maternelles), sont dispensées. Les « 3e Prépa métiers » sont mis en place, pour valoriser la voie professionnelle.

    I.       Tensions de recrutement : profils et enjeux pour les territoires

Marie-Christine ABBOUDI (Chef de projet de l’Action Régionale, INSEE IdF)

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Les enjeux touchent à la fois la formation et le recrutement. Avec une question : faut-il élargir les critères géographiques pour recruter ?

Béatrice PARDINI (Directeur opérationnel, DEFI METIER)

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La liste des métiers en tension est similaire sur toute la France, et recouvre 1.800.000 emplois.

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Les distances domicile-travail s’expliquent par une forte concentration de l’emploi et l’augmentation des distances sur les métiers en tension. Les employeurs élargissent leur aire de recrutement pour faire face au manque de candidats. Le lien est plus marqué dans la zone ouest de l’Ile-de-France. L’INSEE a intégré le profil des actifs, l’emploi et les conditions d’emploi.

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Il s’agit de métiers avec des distances de trajet inférieures à la moyenne. Les tensions sont liées à une intensité d’embauche élevée et des conditions de travail contraignante.

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Il s’agir de métiers liés au transport et à l’industrie. La localisation des emplois allonge le temps de trajet. En outre, la population est vieillissante et le renouvellement des générations pose question. Les jeunes se détournent des filières techniques.

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La problématique de distance est très importante, liée à la localisation de l’emploi et le profil des actifs : 30-35 ans. Les tensions sont liées à un manque de personnes disponibles et des acteurs insuffisamment formés.

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Contrairement aux autres groupes, les métiers sont mixtes et moins âgés. La main d’œuvre disponible manque.

Les métiers en tension franciliens sont implantés à Paris et dans l’ouest parisien. Les zones de Versailles, saint Quentin et Saclay mettent en évidence le manque de marché du travail local ainsi que les questions d’enjeux et d’attractivité.

Selon les tensions, la formation professionnelle ne sera pas toujours la solution aux difficultés rencontrées. Ces résultats confirment que les enjeux sont plus régionaux qu’infra-régionaux.

Concernant les enjeux liés aux territoires, la question de l’accessibilité de certains lieux d’emploi et de logement éveille des réflexions liées aux logements et à l’exécution des conditions de travail.

    II.       Recrutement : quelles tensions d’ici 2030 ?

Jean FLAMAND (Responsable de projet au département Travail Emploi Compétences, FRANCE STRATEGIE)

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Les besoins de recrutement s’évaluent sur la base des créations de postes et les départs de fin de carrière. Cela permet de mettre en évidence des déséquilibres.

Un travail de modélisation macro-sectoriel a permis de mettre en évidence trois scenarii. Alors que le scénario Covid+ débouche sur une réduction des créations d’emplois, une décarbonation de l’économie provoquerait une dynamisation de l’activité économique, qui profiterait au secteur de la construction.

754.000 jeunes sortiront du système éducatif avec un diplôme de l’enseignement supérieur. Mais les entreprises auront-elles des postes à leur proposer à la hauteur de leur diplôme et de l’expérience retirée des périodes d’apprentissage ? D’autres métiers requièrent des niveaux d’études moins élevés. Il s’agit de ceux qui s’exercent dans des secteurs d’activités qui souffrent aujourd’hui d’un déficit d’image de marque.

Par ailleurs, pour les 15 métiers qui recruteront le plus, comme les agents d’entretien, on constate un nombre important des départs en fin de carrière et un nombre très faible de jeunes. 330.000 postes ne seront pas pourvus dans cette profession. Si rien n’est fait, les tensions s’accentueront. Les métiers de l’aide à domicile et d’aide-soignant rencontreront les mêmes difficultés. Dans le cas des infirmiers, les tensions actuelles resteront constantes. L’étude menée met en évidence les déséquilibres potentiels. Augmenter le nombre de place ne suffira pas. Dans l’industrie et l’informatique existent des problématiques de formation, qui impacte le recrutement. Concernant les métiers du numérique, le désintérêt des femmes constitue un frein au développement de ce secteur d’activité en France.

Le monde du numérique reste moteur dans la croissance économique. Mais les métiers d’ingénieurs et de cadres requièrent des niveaux d’études conséquent. Le niveau de qualification des postes au sein des entreprises ne suit pas, ce qui génère un déclassement des entrants. Cette frustration entre compétences et qualification pourrait déboucher sur des mouvements d’agents économiques entre Etats.

Par contre, le renouvellement des départs de fin de carrière requiert des niveaux d’études moins élevés, mais tout aussi techniques. Dans le métier de vendeur, les mobilités sortantes sont très fortes. Il y aura donc des enjeux de reconversion.

Il reste que la mobilité régionale ne dépend pas que des métiers disponibles en région, puisque l’Ile-de-France, pourtant porteuse, notamment sur les métiers du Numérique, semble boudée à cause de l’éloignement domicile-travail, moindre dans d’autres régions de France. Des métiers comme les aides-soignants enregistrent une forte tension et un déséquilibre qui devrait s’accentuer en 2030. L’étude régionale sera disponible dans le courant du 4e trimestre 2022. Par ailleurs, il existe des mobilités non visibles, liées aux déplacements professionnels entre régions, par détachement ou mutations géographiques.

Le monde de la banque et de l’assurance passera par un phénomène d’automatisation, qui entraînera des destructions d’emplois. Or, si l’automatisation de l’activité bancaire a effectivement contribué à de nombreuses fermetures d’agences, elle facilite également le travail du conseiller financier grâce à des logiciels d’aide à la vente, « chaînon manquant entre le CRM, dans lequel est déposée la connaissance client, et l’ERP (l’outil de gestion, une fois que le prospect, ayant adhéré à son contrat d’assurance est devenu client). » et des outils d’analyse de données textuelles non structurées qui accélèrent la prise de décisions. L’automatisation intègre aussi le paiement dématérialisé. Ce secteur intéresse fortement des entreprises du digital business comme Apple, qui permet, grâce à APPLE PAY, de payer ses achats avec son téléphone portable. Une pratique qui rencontre des résistances en France, 69% des utilisateurs craignant qu’en cas de perte ou de vol de leur téléphone portable, celui qui entrera en sa possession bénéficierait de l’accès à son compte bancaire. Ce qui inquiète plus les banques relève d’une perte d’accès aux données relatives à la nature des dépenses de leurs clients, qui constitue, avec les profils métier, l’une des sources de données permettant de leur proposer des produits financiers.

L’automatisation pourrait aussi toucher les agents d’entretien. Une partie des faibles créations d’emploi s’explique par une automatisation partielle ou totale. L’automatisation rencontre aussi des freins, notamment sociaux. Ainsi, en dépit de la création des caisses automatiques depuis 2003, le métier de caissier existe toujours en 2022.

Par ailleurs, le monde du BTP règle les tensions de recrutement par le recours à l’immigration. Cette solution ne réduit que partiellement les tensions. La piste suggérée pour les réduire de manière plus profonde et plus durable passe par une révision en profondeur des grilles de salaires.

Cette matinée de colloque débouche sur la formulation de 3 réflexions :

1 - La réhabilitation de l’image de marque des entreprises dans les secteurs économiques où le recrutement connaît les tensions les plus fortes représente un effort de longue haleine, tant il est vrai que « la confiance se gagne par goutte et se perd par litre ». Cette tendance constitue une véritable aubaine pour les cabinets de conseil en stratégie de communication en ligne, qui sauront en tirer parti, autant que pour les 16-25 ans qui s’orienteront vers les métiers de la communication, de la publicité, du marketing en ligne, du Growth Hacking ou même de la Data et du numérique qui s’y attachent. En outre, les jeunes générations habituées aux discours corporate qui sous-tendent cette réhabilitation pourraient préférer les actions concrètes aux déclarations d’intention. Et comme les métiers en tension sont principalement des métiers de services à faible ou moyenne valeur ajoutée, qui reposent sur l’activité humaine, et non sur la transformation de matière première en produit fini et qui se démarquent peu les uns des autres, si ce n’est par leur coût, les augmentations de salaires, si elles sont accordées, seront limitées. D’autant plus si les événements internationaux provoquent une augmentation du prix de l’énergie ou des matières premières liées à leur raréfaction.

2 - Les tensions de recrutement au sein des territoires d’Île-de-France révèle la diversité des contextes et des situations, que risque d’estomper une présentation régionale.

3 - Concernant l’automatisation de certains secteurs d’activité, les résistances pourraient céder devant l’impératif de compétitivité destiné à redresser la croissance économique française. Une telle éventualité placerait les 16-25 ans les moins formés dans l’obligation d’accroître leur spécialisation pour travailler efficacement aux côtés des machines.

ECONOMIQUE

Accompagner vers l’emploi, nouveau paradigme de la formation

L’AFPA (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes), sous la plume d’Emeric VIDAL, responsable de formation auprès de BATIPOLE EN LIMOUXIN et de Sabrina LABBE, maître de conférences à l’université de Toulouse, constate que la formation, pierre angulaire de l’acquisition des compétences, s’étend désormais à l’insertion professionnelle des participants. Cette nouvelle mission, souhaitée par l’Union Européenne depuis 1993, induit l’acquisition par les formateurs de compétences nouvelles en accompagnement vers l’emploi, qui marque une évolution du métier vers des fonctions de travailleur social, afin de sécuriser le parcours professionnel des agents économiques grâce à l’actualisation ou au développement de leur employabilité, axe principale d’une vision néolibérale d’un marché de l’emploi émergeant, au sens économique du terme

Pour les formateurs interrogés sur cette évolution de leur métier, une telle vision substitue à la mission initiale du formateur d’accompagnement collectif d’un groupe d’apprenants la satisfaction des besoins spécifiques de chaque participant au cœur de la formation. Pour autant, l’adéquation de la formation à l’emploi et l’accompagnement des apprenants qui en résulte n’est pas intégré par les professionnels de la formation.

La portée de l’étude menée par Emeric VIDAL et Sabrina LABBE, quelque intérêt qu’elle revête, doit être relativisée. En effet, elle ne concerne que les formateurs de l’AFPA. Ceux-ci doivent sensibiliser leurs participants au fait, qu’au-delà de l’obtention d’un titre, leur priorité réside dans le retour à l’emploi. A ce titre, la mission du formateur consiste à « les accompagner à mettre toutes les chances de leur côté pour obtenir un emploi et c'est le plus tôt possible que cela commence, pas après la formation... »

Cependant, l’orientation de l’activité économique française autour de la notion de compétitivité pourrait déboucher sur une généralisation de la mission d’insertion professionnelle confiée aux formateurs. Par-delà les réticences et les résistances des professionnels de la formation, cette évolution pourrait servir de pont entre le monde de l’insertion et celui de la formation, pour des professionnels de l’insertion qui souhaiteraient élargir leur socle de compétences, ou des professionnels de la formation qui souhaiteraient s’initier à l’insertion. Ce pont jeté entre les deux mondes pourrait aussi bien accroître l’intensité de recrutement des deux secteurs professionnels.

ECONOMIQUE

Recrutement : le portfolio en 3 astuces

« On n’a pas besoin d’être mannequin pour avoir un book » lance Flavie PREVOT sur le podcast « Trouveur d’emploi ». Celle qui a obtenu son poste de Directeur commercial chez SIXT grâce, notamment, au portfolio qu’elle a présenté lors de son entretien de recrutement explique tout l’intérêt de ce document. 

Forte d’un parcours de 13 ans comme membre de Comité de Direction, Flavie PREVOT garde des recrutements qu’elle a mené le souvenir de candidats enfermés dans des mots-valises ou des affirmations déclaratives peu ou pas étayées par des mises en situation de leurs compétences pour satisfaire un besoin. Une telle posture ne permet pas à un candidat, pourtant manager de sa recherche de se démarquer rapidement et de susciter l’envie de la rencontre et de l’échange sur un marché qui devient de plus en plus concurrentiel, et sur lequel bénéficier d’une image forte constitue un premier pas vers la construction d’une relation de confiance.

1 – Une maquette simple

Une synthèse d’une page, avec un accent sur la forme. Le portfolio doit être agréable à regarder et correspondre à la charte graphique de l’entreprise.

2 - Des éléments très visuels

Pour préparer son recrutement chez SIXT, Flavie PREVOT a sélectionné une photo la montrant lors du Rallye des Gazelles. Sa participation à ce rallye à la boussole et à la carte dans le désert illustrait ses qualités d’adaptabilité, son esprit d’équipe, etc. Une autre photo qui la montrait animant une conférence devant un public un micro à la main illustrait sa capacité de parler en public. « Une image vaut mille mots » et permet de substituer au discours déclaratif un discours de preuve par la preuve.

Un chiffre peut aussi illustrer une compétence mise en œuvre : une belle réalisation, expliquée avec quelques mots-clés bien choisis, de préférence des verbes d’action, un partage de croissance, un copier/coller de réalisations.

Le portfolio constitue un moyen de montrer d’autres aspects professionnels que ceux évoqués au cours de l’entretien en réponse à des questions parfois stéréotypées. Il valorise les compétences socio-comportementales.

3 – Une diffusion en ligne

L’un des moyens les plus efficaces de diffuser son portfolio consiste à le créer sur un réseau social. La consultation du portfolio précède alors l’invitation à l’entretien de recrutement, et crée chez le recruteur un « effet de halo », qui peut être positif ou négatif, mais qui caractérise la « Marque Candidat ».

Sur LinkedIn, le portfolio trouve sa place dans la rubrique « Ma Sélection », qui le rend d’autant plus rapidement visible que le recruteur passera très peu de temps sur le profil. Placé dans la « description de profil », ou dans la description de chaque expérience professionnelle, sous forme d’articles écrits, de vidéos ou de podcasts. La bannière est également révélatrice d’une personnalité, tout comme le sont les articles de fond trop souvent oubliés, ou la newsletter désormais accessible, autant de supports qui révèlent à la fois les capacités rédactionnelles. Pour peu que ces publications soient régulières, elles permettent de fédérer une communauté. Une valeur ajoutée pour une entreprise soucieuse de cultiver son image, qui préférera s’attacher les services d’un potentiel ambassadeur…

En outre, il est très facile de créer rapidement, gratuitement et sans compétences techniques particulières un portfolio sur un site vitrine, ou d’héberger leur portfolio sur un site d’hébergement de présentations Powerpoint. Les amateurs de vidéos créeront une chaîne Youtube ou Tiktok, ceux qui préfèrent écrire passeront par le blog, en français ou même en anglais, pour ceux qui maîtrisent la langue de Shakespeare. Ceux qui préfèrent parler utiliseront le podcast. L’important réside dans l’aisance sur le médium d’expression. Seul 1% des gens créent du contenu. Dans de telles conditions, se démarquer pour bénéficier d’un avantage concurrentiel devient possible. Y compris en évoquant les métavers, les NFT ou la cryptomonnaie…Le tout consiste pour chacun à éclairer ses compétences socio-comportementales pour donner envie d’être rencontré.

Alors que se pose la question du recrutement sans CV, le portfolio apparaît comme une alternative ou un complément à prendre en considération.

Certaines des compétences socio-comportementales attendues chez les candidats et dévoilées dans leur portfolio peuvent déboucher sur des propositions d’emploi. Ainsi, Discord devient de plus en plus un outil d’animation de communautés. Celui qui aura développé son portfolio et sa communauté sur ce support bénéficiera d’un atout en termes d’insertion.

katy CHILLET 🐦

Adjointe Administrative Service Animation

2 ans

Un article des plus intéressants ! Merci pour ces informations d'une grande pertinence !

Christel de FOUCAULT

Conférencière Marque Employeur, Linkedin / Marraine et intervenante programmes Emploi WISE et Entreprises Ephémères / Auteure / Youtubeuse / Podcasteuse / TEDx / Slow Linkedin, bio, écolo à la mano, sans égo en wingfoil

2 ans

Patrick, je ne te le dirais jamais assez : tu es brillant !!! Et ravi que le secret du portfolio de Flavie Prevot plaise autant !

Philip Anderson

Conseil en évolution professionnelle/personnelle - gestion de carrière, emploi. Conseil en stratégie commerciale : aider des PME familiales indépendantes en franchise ou non, à se développer et à pérenniser leur affaire.

2 ans

Merci cher Patrick pour les 7 clés de la réussite dans le digital business.

Patrick CUENOT

📈 Propulsez votre PME vers le succès 🔍 Obtenez une vue d'ensemble claire et des détails précis pour des choix éclairées 🔍📈 Analyse de marchés, 15 ans d'expérience, 326 pages d'analyse rédigées en 2023

2 ans

Merci pour le 👍Emmanuel, Sabine , katy, Pascale, Aboubacar Sidik-k, Christel, Virginie, Philip, Jean-Charles, Ousmane, René-Hubert, Régine, Flavie.

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