En 2019, donnons du sens à nos innovations !

J’observe les difficultés des entreprises à véritablement innover : manque de motivation, manque de temps, pas de budget… Ou bien on veut innover pour innover, à tout prix… Mais donne-t-on un sens à l’innovation ? Comment ancrer l’innovation de manière forte et durable dans les pratiques de l’entreprise ?

Commençons l’année avec la résolution : "En 2019, donnons du sens à nos innovations !". Nous allons voir que pour donner ce sens, il s’agit d’aligner l’innovation entre une vision inspirante (où allons-nous ?) et un ancrage fort de l’identité de l’entreprise (qui sommes-nous ?).

Construire une vision inspirante

Certains remettent en cause aujourd’hui le concept même de vision : « A quoi cela sert de construire une vision dans un monde aussi incertain ? Le monde d’aujourd’hui est VICA (Volatil, Incertain, Complexe, Ambigu), et tout change de plus en plus vite… ». Ce nouveau paradigme nécessite justement à réactualiser cette vision de manière plus régulière, mais il reste primordial d’en formaliser une, faute de quoi la démarche d’innovation manquera d’amplitude et sera moins efficace. C’est l’image du voilier : sans cap, un équipage avancera dans le sens du vent du moment mais se retrouvera à terme à faire du sur-place. Alors que l’équipage qui connaît son cap, par exemple traverser l’Atlantique, pourra toujours tirer des bords pour suivre le vent favorable, mais finira par atteindre son objectif.

Quelles sont maintenant les différentes étapes pour construire une vision ?

La première étape est de s’inspirer.  Prendre le temps de constater que le monde a changé, que ce qui a été mis en place dans votre entreprise était sûrement très bien il y a quelques années, mais demande à évoluer maintenant, et ceci en permanence en relation avec la vitesse des changements qu’on observe actuellement (technologique, humain, sociétal, environnemental…). Le paradigme du « rien ne change » passe à « tout change en permanence». S’inspirer, c’est sortir de son bureau (les « learning expedition ») en multipliant les expériences et les rencontres, se renseigner en découvrant comment des domaines d’activités proches traitent des sujets similaires. Par exemple, comment s’inspirer de la manière dont les récentes entreprises de partage de trottinettes électriques traitent l’expérience client lorsqu’on est une entreprise classique du monde du transport ?

La deuxième étape vise à construire des futurs possibles. Chaque membre d’une équipe pourra ainsi se forger une conviction (et non plus une impression peu sûre) d’un futur possible. Par exemple, une entreprise de bâtiment, inspirée par les modèles de l’économie du partage, pourra avoir la conviction qu’une grande flexibilité dans le plan des logements sera une des grandes tendances à venir. Ou au contraire, elle pourra se dire que sa spécificité va vers une standardisation et que l’innovation doit aller vers la réduction des coûts… Cet exercice est d’autant plus riche si ces futurs sont construits en équipe, chacun apportant sa touche de couleur dans la création d’un splendide tableau. Se forge alors, de manière forte, un nouvel idéal très inspirant.

La troisième étape arrive alors : la vision de l’entreprise. Maintenant que nous avons projeté le paysage d’avenir en lequel nous croyons, où nous voyons-nous dans 10 ans à l’intérieur de ce paysage ? Concrètement, que faisons-nous, avec qui, comment ? Quel est notre positionnement ? Dans quel écosystème évoluons-nous ? Que dit-on de nous ? Une vision à 10 ans (ou à intervalle de temps suffisant) doit permettre de s’autoriser à rêver sans aucun lien avec la réalité ou les difficultés actuelles. Une fois cette vision à 10 ans construire, vient le temps de construire une vision à un intervalle de temps plus court, 3 ou 5 ans, en cohérence avec l’état actuel de l’entreprise et sa vision à 10 ans. Et puis vient le temps des actions immédiates : Si nous souhaitons être arriver à tel niveau dans 3 ans, que devons-nous commencer à faire de nouveau dès maintenant ?

Se redécouvrir en tant qu’entreprise

La définition d’une vision forte et partagée enclenche spontanément une mise en mouvement, tel le héros qui quitte son monde ordinaire et passe le seuil de l’aventure. Cette énergie nouvelle va enclencher une phase de remise en question dans l’entreprise. C’est le moment d’organiser ateliers et de structurer des chantiers pour réfléchir ensemble et se poser de nouvelles questions sur les thématiques suivantes :

-      culture d’entreprise et modes de fonctionnement : Que devons-nous remettre en cause en terme d’organisation ou de manière de travailler ? En quoi notre culture d’entreprise ou nos pratiques ne sont plus en phase avec le monde de demain ?

-      compétences à acquérir et rôle de chacun : Que devons-nous apprendre de nouveaux pour nous inscrire dans notre vision ? En quoi mon rôle est modifié ?

-      mission de l’entreprise : quelle est la raison d’être de l’entreprise ? son cœur de métier, son ADN, ce qui la distingue des autres ?

-      valeurs de l’entreprise : Quelles valeurs nous animent ? Par quelles habitudes vivons-nous au quotidien ces valeurs ?

Structurer l’innovation

La vision et l’identité de l’entreprise à nouveau précisées, toutes les dynamiques nécessaires sont en place pour déployer l’innovation. Voici 3 principes les plus importants à respecter pour innover :

1. Définir le mode de fonctionnement qui va animer l’innovation. En fonction de votre culture d’entreprise, allez-vous limiter l’innovation à un service dédié type R&D ? Ou bien allez-vous impliquer des groupes de travail transverses dans l’entreprise ? Ou bien avez-vous déjà ouvert l’innovation à des personnes acteurs extérieurs à l’entreprise (par exemple vos fournisseurs, vos partenaires, vos clients) ? Ou bien avez-vous déjà structuré l’innovation dans un écosystème complet avec une représentation complète de tous les acteurs concernés ?

2. Respecter les différentes étapes de l’innovation : La première étape, assez naturelle, est l’idéation (trouver des idées). Plus délicate pour la réussite de l’innovation sont les phases d’incubation (les idées doivent faire leur preuve en étant testé en « lab » et en environnement réel) et la phase de synthèse qui permet de décider des innovations choisies qui ont déjà fait leur preuve expérimentale.

3. Ouvrir le concept d’innovation : innovation incrémentale ou disruptive, et l’innovation pas seulement dans vos produits et services mais aussi dans tous vos process : management, vente, marketing, production, business models …

En espérant que vos innovations s’aligneront avec votre vision, je vous souhaite une très belle année 2019 !