En 3 mots (épisode 8)
Pour son huitième numéro en 3 mots M. Mathieu Fourcade, Africa Regional Director chez groupe Acte International. Il va nous parler son riche parcours et de la corruption à travers 3 mots clés.
Lisons-le
Parlez-nous de votre parcours car je pense qu’il pourrait édifier certains jeunes qui veulent se lancer dans le métier ?
Après des études en droit international et en géoéconomie, j’ai intégré ACTE International pour développer nos activités d’accompagnement des structures privées et publiques sur le continent africain.
Nous sommes spécialisés dans l’accompagnement opérationnel des entités à créer, déployer et contrôler leur dispositif de prévention de corruption en fonction de référentiels internes, nationaux et/ou internationaux (ISO 37001, Loi Sapin 2, UKBA, ...).
Nous formons et assistons les équipes internes dans leur démarche de prévention des risques de corruption, avec la finalité de retarder au maximum l’exposition d’un collaborateur à une situation de corruption, et si ce dernier y est confronté, d’avoir suffisamment de leviers en interne pour en sortir.
Au-delà de cette activité commerciale nous portons l’engagement d’ACTE International à promouvoir l’intégrité et l’éthique dans les affaires afin de construire un cercle vertueux d’acteurs au service d’un monde meilleur.
En un mot que signifie la corruption pour vous ?
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Drame
C’est un drame économique et in fine toujours un drame humain. A contre-courant de tous les engagements et actions menés en faveur du développement, de l’égalité, du « durable ». Derrière l’enrichissement de certains – facette la plus visible de cette pratique - c’est un impact direct sur le quotidien des citoyens (chômage, prix des produits de première nécessité, dégradation des conditions de vie …). Certains avancent que la corruption représente 2% du PIB mondial. N’est-ce pas une somme que nous pourrions affecter à d’autres fins ?
En un mot que peut être la cause de ce fléau ?
Méconnaissance
Nombreux sont les actes de corruption ayant pour finalité l’enrichissement personnel. Cela représente-il la majorité des cas ? La définition même d’un acte de corruption est méconnue, différente d’une personne à une autre. Certains collaborateurs agissent pour le bien de l’entreprise sans volonté de s’enrichir, sans mesurer la portée de leur acte. C’est la première étape d’une démarche de prévention de corruption … déterminer ou commence et ou s’arrête un acte de corruption. Une fois le cadre connu de tous, la nature humaine veut que chacun est libre d’en sortir. Sa marginalisation réduira son impact.
En un mot comment lutter contre ce fléau ?
Jeunes générations
Les termes « formation », « éducation », « prévention » ayant déjà été cités – à juste titre – j’insisterais sur l’impact qu’auront les générations à venir et le système scolaire au sein duquel elles grandissent. Comme la protection de l’environnement, l’égalité des genres, etc., la lutte contre la corruption s’apprend comme une valeur. Pour lutter efficacement contre ce fléau il faut des comportements qui naturellement le rejette – sans que la contrainte réglementaire soit dominante. C’est un investissement que l’Etat et les parents doivent impérativement porter.
Pour terminer sur quoi est-ce que vous travaillez en ce moment ?
Nous travaillons avec des femmes et des hommes engagés pour faire avancer les sujets de prévention de corruption et bouger les lignes dans leurs entreprises et écosystème de travail. Nous les accompagnons dans cette démarche qui consiste à fédérer l’ensemble des collaborateurs au projet ainsi qu’à structurer une approche qui traduit les réalités du terrain.
Anti-Corruption Governance Expert | Certified Fraud Examiner
2 ansMerci Mathieu FOURCADE d’avoir mis un mot sur cet aspect « méconnaissance ». Avant hier lors du colloque international de la gouvernance auquel je participe à Yamoussoukro, j’ai été effarée d’entendre un professeur souligner le fait que selon des études économiques « la corruption permet de mettre de l’huile dans les rouages de l’administration »… je me suis permise de lui mentionner « aussi grand professeur » qu’il était que ces théories datent du siècle dernier et ont depuis lors été contredites. La corruption n’est pas une solution et n’a jamais été la solution pour contourner les lourdeurs administratives. Il faut effectivement beaucoup de sensibilisation pour aboutir un jour à un changement de mentalité.