En quête de poésie
Les premiers flocons de 2024 accompagnent mes pas entre la gare de Lyon Perrache et la place des Terreaux. La ville dort encore ce lundi matin de janvier. L’artiste Hélène Hibou m’attend au pied de la fontaine, face au musée des beaux-arts de Lyon. La première étape de notre journée de travail nous conduit dans son appartement avec vue dégagée, à 180 degrés, sur cette place des Terreaux. Les murs accueillent bon nombre de ses œuvres parfois au côté de créations d’enfants. Ses petits-enfants. Cette jolie liane brune est maman de cinq enfants qu’elle a eus assez jeune alors qu’elle vivait à Clermont Ferrand où elle a grandi et travaillé pendant de nombreuses années.
Tout respire le calme et une grande détermination chez cette artiste qui a caressé, encore lycéenne, le rêve d’une vie dans la musique. Mais elle a vite identifié ses faiblesses et s’est orienté vers les beaux-arts et des études d’histoire de l’art.
Ici, dans son home sweet home, elle conçoit ses projets et travaille la partie digitale de certains travaux.
Pour la seconde étape de notre journée, direction son « Atelier du Hibou perché à la ville », montée des carmélites, à quelques enjambées de la place des Terreaux. Aujourd’hui, je ne découvrirai que celui-ci car son « atelier du hibou perché à la campagne » est en Bourgogne, région proche où elle aime se ressourcer fréquemment.
L’atelier aux super volumes s’ouvre sur un petit ilot de verdure. Très lumineux et très organisé. Au rez-de-chaussée, le regard est attiré par un immense mobile fait de plumes, de galets, de graines et de végétaux qu’Hélène ne cesse d’étoffer. De douces vibrations. Poétiques. Comme tout ce qui nait de l’imagination de l’artiste. Ce qui frappe chez Hélène c'est la cohérence entre la personnalité, l’environnement, la création, les messages. Sur la mezzanine, nous passons en revue des années de travail, de création. Un bonheur. Les œuvres, des plus anciennes aux plus récentes sont soigneusement rangées entre rails verticaux et tiroirs.
C’est ici, dans « son lieu » qu’Hélène attrape le fugitif, capture l’impalpable, remet au centre la poésie du monde qui nous entoure. Elle a un carnet dans la tête dans lequel elle consigne toutes ses interrogations sur les changements du monde, climatiques, environnementaux, sociétaux. Elle a cette faculté à saisir l’équilibre entre le mouvement et l’immobilité, le permanent et le fluctuant. L’eau, le vent, les constellations, le végétal sont ses matériaux.
Elle explore, expérimente des techniques et médiums variés comme le dessin, la peinture, la photo. L’œuvre n’est terminée que lorsqu’elle peut nous faire rêver.
Parmi des différentes séries, celle sur « les constellations » cristallisent tout ce que l’artiste peut dédier comme patience pour reproduire des milliers de signes et pourtant tous uniques. Une autre série, « Les eaux du monde » symbolisent des fluides, les mouvements de l’eau et les parcours du sang dans le corps.
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Sa série des Vents portent une énergie grâce au mix du fusain, de l’encre et de pigment. Un trait sans début, sans fin. Vibrant.
Son champ d’investigation ne se limite pas au sein de ses ateliers. Elle est régulièrement sollicitée pour des installations dans la ville. Elle a réalisé un projet avec les enfants hospitalisés du CHU de Clermont Ferrand, une performance de land art autour du vent en Bourgogne. Dans sa série sur les eaux du monde, une copie d’une des estampes a été distribuée à tous les participants de la COP 27. Son travail séduit météo France qui lui propose un partenariat de création pendant 3 ans en lui donnant accès à ses images satellites. Hélène Hibou est une artiste complète et accomplie. Avec toujours ce fil conducteur qui régit toute sa vie de l’artiste : la poésie.
Pour en savoir plus : www.helenehibou.com Instagram : helenehibou