Entre lucidité et émerveillement
Deux lectures récentes m’ont fait plonger dans la nécessité :
- de s’émerveiller pour ancrer ses talents et ses rêves dans des relations durables, seules source d’amour authentique et donc de vie,
- de bien comprendre les tréfonds du mal pour oser ne jamais renoncer à l’espérance en l’homme, la vie, le monde.
Rester prudent et lucide face à certaines gens "très bien"
Dans son livre autobiographique « Des gens très bien », Alexandre Jardin trouve enfin le courage de raconter la passé de collabo de son grand-père, un passé qu’il a mis tant de temps à découvrir, comprendre et dépasser. Ecoutez-le en vidéo ou par ces quelques extraits.
Regarder le mal, en soi et en l’autre
"Cette réalité traumatisante, j'ai fini par l'accepter avec un vrai désespoir ; car on se met alors à trembler pour la bonté de tous les hommes charitables de l'univers. Si l'altruisme et le goût du dévouement sont à ce point nécessaires à la mise en route de l'horreur absolue, où trouver la garantie que les personnes bienveillantes le demeureront ? Naturellement, j'écris ces mots en songeant avec malaise à mon propre cas... Moi, si ému par la philanthropie active et si porté à servir des causes qui semblent justes, ne suis-je pas de ceux qui, fascinés par d'autres contextes, eussent franchi tous les Rubiconds de la morale universelle ? Comme un certain Jean Jardin... très catholique et citoyen sans doute plus valeureux que moi."
Essayer de comprendre le mécanisme du mal
"Le mal, pour faire sa besogne, eut besoin de valeurs élevées, d'honnêteté et d'abnégation. Si l'on désire brûler une synagogue, il suffit de rameuter une poignée de canailles sans foi ni loi ; mais pour pratiquer un antisémitisme d'Etat, il est impératif de mobiliser des gens très bien, dotés de vertus morales solides. Les détraqués, les sadiques huileux et les pervers professionnels ne sont pas assez nombreux. Ni suffisamment efficaces. L'exceptionnel, dans le crime de masse, suppose le renfort de la normalité. Le pire exigea la mise en place de croyances patriotardes et sacrificielles sincères propres à dissoudre la culpabilité. La criminalité de masse reste par définition le fait d'hommes éminemment moraux. Pour tuer beaucoup et discriminer sans remords, il faut une éthique."
Dépasser le mal
"Je ne pouvais pas leur faire le coup du j'écris ce livre pour vous alors que c'est bien pour moi que je m'y colle. Pour reprendre souffle. Pour me laver le cœur et m'engager, je l'espère, moins douloureusement dans la deuxième moitié de ma vie."
Savoir s’émerveiller
"La faculté d’émerveillement est la chose la plus précieuse au monde. On peut être pauvre, si l’on sait s’émerveiller on est riche. On peut être riche, si on ne sait pas s’émerveiller on est pauvre. L’émerveillement c’est un sentiment de vie qui résonne dans les profondeurs de l’intime."
Émerveillement de l’enfance, émerveillement de la maturité
"L’enfant vit ce que traduit l’émerveillement : une suite de découvertes. L’émerveillement de l’adulte n’est pas un regard innocent posé sur l’existence, car il faut avoir beaucoup lutté contre soi pour y parvenir. Il faut avoir surmonté la tristesse, la lassitude, la révolte, le désespoir et donc les avoir rencontrés. On peut alors refuser le désenchantement et alors un miracle s’opère, la vie se met à parler. L’émerveillement est un enjeu et pas seulement un doux moment de l’existence réservé aux enfants, à quelques instants propices, à quelques minutes miraculeuses, à quelques heures d’élection."
Émerveillement du sens existentiel vécu au-delà des idées et discours
"Le sens qu’on ne vit pas n’est pas un sens, c’est une chose et plus précisément une chose dogmatique. Cela a beau s’appeler du sens, ce n’est pas du sens mais de la mort. La religion a beaucoup fabriqué une telle mort, la politique aussi. Le sens est existentiel car il relève de la sensation, du sentiment, du sensible. Mais il a besoin d’être mis en mots, car sans mots on est submergé par un flot d’impressions qu’on ne parvient pas à identifier, on se sent menacé par l’inconnu, étranglé, pris au piège. La mise en mots délivre de telles peurs. Le langage établit des ponts, il est imagination. Il y a un lien entre sentir la vie vivante, savoir ce que l’on veut et le traduire en mots."
Mettre le sens en mot, ce n’est pas seulement mettre des idées en mots, mais un je et un tu. Alain qui parle de vie qui a le goût du bonheur ou Compte Sponville de vie qui a goût de malheur parlent d’idées. Ce qui est vrai en principe ne l’est pas toujours dans l’expérience. Il y a le principe de la vie et la vie que l’on vit.
La conscience morale est une expérience charnelle. Elle est relation transcendante et concrète aux êtres et aux choses. La morale n’est pas affaire de règle mais d’existence. Qui d'entre vous n'a jamais rencontré un professeur de morale, de justice et de responsabilité incapable de tenir sa parole, ses promesses, ses apprivoisements ? La responsabilité est avant tout une responsabilité personnelle et relationnelle.
Envie de vous émerveiller ?
Je me tiens à votre disposition pour des séances de coaching et mise en lumière de projet, souci ou conflit. Muriel Rosset, coach PNL, consultante, enseignante et auteur, 06 33 70 31 24, y compris par skype