Et si c'était l'arbre qui cache la forêt?
La demande derrière la demande en coaching !
Que ce soit en coaching scolaire ou en coaching de vie privée/professionnelle, il y a une demande initiale et ensuite il y a tout ce qui se cache ou pas au fond du bois !
Parfois, le sentier est bien balisé et régulièrement entretenu. Dans ce cas, le parcours de découverte est assez fluide et direct. Mais souvent, sans le savoir ou sans vouloir le voir, la demande ne fait que masquer une autre question, une autre priorité.
Je prends l’exemple du coaching scolaire et le cas d’une jeune fille de 17 ans, nous l’appellerons Sophie, qui prend rendez-vous pour un manque de confiance en soi. La demande initiale est comme une clairière dont le centre est la confiance en soi défaillante. Cette situation implique des tensions, des malaises, des difficultés à croire en ses capacités scolaires en ce début de 6ième secondaire. Pourtant rapidement, il s’avère que Sophie n’a jamais eu aucune difficulté au niveau des résultats scolaires. Elle se pose également des questions par rapport à son orientation et exprime sa difficulté à faire un choix car elle n’est jamais sûr d’elle-même.
Pour entrer dans la forêt plus dense et parfois sombre, le questionnement, l’écoute, les non-dits, le non verbal (quelque peu biaisé par le port du masque en ces temps du Covid), sont les bâtons de pèlerins permettant d’avancer au bon rythme. Soudain, face aux questions, on entend des mots comme « comparaison », « groupe », « regard », « image », « corps », … Et là c’est au travers d’autres questions (pas trop frontales) et de silences qu’on comprend que la confiance en soi, l’optimisme, la joie de vivre étaient présents chez Sophie mais « quelqu’un » ou « quelque chose » a freiné cet élan naturel, cette personnalité enjouée, confiante.
Une idée ? Une piste à suivre, des empruntes laissant une marque reconnaissable pour le pisteur aguerri donnent les derniers indices ! C’est une question de pratique et d’expériences au fil des entretiens.
Nous y voilà ! La jeune Sophie a subi ce que l’on qualifie selon les critères établis du « harcèlement scolaire » durant sa 3ième et 4ième années secondaire avec une accalmie en 5ième secondaire grâce notamment au confinement et l’arrêt scolaire Covid. Le "monstre" n’est plus là mais comme la bête du Gévaudan toute la difficulté réside dans le fait que le ou les auteurs non jamais pu être clairement identifiés. Quelle apparence prenait se monstre ? Il s’agissait d’abord d’une image d’un torse nu de jeune fille qui a circulé sur les réseaux sociaux étant identifié comme le corps de Sophie. Or ce n’était pas le cas du tout mais le mal était là et ont suivi des insultes, des critiques, des moqueries violentes verbalement à l’école et virtuellement sur les réseaux sociaux qualifiant notamment Sophie de « fille facile, de grosse P… ». S’en suivent une dévalorisation constante par la victime elle-même, une perte de confiance en ce qu’elle est, une haine de son propre corps et un stress permanent dans la sphère scolaire et extra-scolaire, allant jusqu’à l’arrêt de son loisir préféré, la danse, parce que là encore face à la comparaison, le miroir, la compétition, Sophie quitte le sentier.
Heureusement son milieu familial est soutenant, son petit copain l’aide aussi mais la blessure est là également parce qu’elle n’a pas osé en parler à l’école ni aux enseignants, ni aux membres du PMS et ce malgré des séances d’informations qui avaient été mises en place pour prévenir et informer sur cette problématique de harcèlement.
Tout le chemin consistera avec Sophie à se reconstruire à partir d’une bonne connaissance de soi (qualités, valeurs, compétences, …) prendre conscience de ses faiblesses et faire confiance à son intuition pour OSER ÊTRE. Ensuite, développer le volet OSER FAIRE au travers d’actions tournées vers le plaisir en dépassant sa peur de l’échec (pour Sophie il s’agira de commencer des cours de boxe). Et enfin, apprendre à OSER DIRE pour s’affirmer et poser se limites directement notamment dans le cas de Sophie en ne cherchant plus l’amitié de personnalités écrasantes, dominantes, « populaires » uniquement par stratégie pour éviter d’être du côté des faibles.
Cette exploration dans la forêt derrière l’arbre visible à l’orée du bois, est passionnante et fait partie des postures indispensables au coaching.
Et vous, avez-vous déjà tenté de découvrir vos domaines sylvicoles inexplorés ?
Joëlle Iland
Coach de vie privée/professionnelle
Coach scolaire
Formatrice