Fabien Roussel invente le glamour communiste
Coignard Sophie, lepoint.fr du 08 février 2022
Le candidat du PCF occupe un rang modeste dans les sondages. Mais il incarne une nouveauté et une fraîcheur qui font défaut à gauche.
Quelle bête de scène ! À Marseille, le week-end dernier, son meeting a pris des allures de grand spectacle, avec plus de 3 000 participants enthousiastes.
Dans les derniers sondages, il se situe devant la candidate socialiste Anne Hidalgo (3,5 % contre 2,5 % dans le dernier Ifop).
Fabien Roussel a « une gueule », comme on dit, mais aussi une gouaille, un sourire, un air de proximité avec chacun des électeurs. Pas seulement ceux de son camp, réduits depuis longtemps à la portion politique congrue (Marie-George Buffet, dernière candidate communiste qui a concouru à la présidentielle, a remporté moins de 2 % des suffrages).
Ce communiste à visage humain a le sens du contact et celui de la formule. Il incarne une forme de nouveauté et de franc-parler qui tranche avec les autres candidats de gauche.
Ainsi, il propose de remplacer la théorie du ruissellement par celle du « roussellement », une fameuse trouvaille. Et un positionnement singulier. Il se distingue de Jean-Luc Mélenchon ou de Yannick Jadot par sa défense du nucléaire, mais aussi, pour reprendre l'expression malheureuse de Benjamin Griveaux en 2018, celle « des gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel ».
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Pas sûr que cela suffise à ramener au bercail un électorat populaire qui a largement migré chez Marine Le Pen. Mais en attendant, son franc-parler « imprime ». Même à droite, on lui trouve parfois un certain charme, très « chasse, pêche, nature et traditions ». N'a-t-il pas défendu récemment « le bon vin, une bonne viande, un bon fromage » ?
Il ne pouvait rêver mieux que la réaction des écolos de service et autres bonnes consciences véganes, qui lui ont permis d'en rajouter dans la défense du terroir, « de la bonne viande que tout le monde puisse en manger, se payer ».
Le vernis craque Évidemment, si l'on entre dans le détail de ses propositions, le vernis craque. Fini la rigolade. Plus question de bamboche, fût-ce autour des bons produits du terroir, pour la simple et bonne raison qu'il n'y aura plus rien dans les assiettes.
L'impôt sur la fortune ? Fabien Roussel ne propose pas seulement de le rétablir, mais de le tripler. Son leitmotiv peut être facilement mémorisé : un impôt plus léger pour les petits, et plus lourd pour les plus gros.
Le smic ? De grands timides s'engagent à l'augmenter de 10 %. Avec lui, ce serait 1 500 euros net, soit un brut de près de 2 000 euros. Le tout en s'orientant vers la semaine de 32 heures.
Et puis, il y a le fameux « roussellement », une théorie économique à la fois magique et narcissique : « augmenter les salaires et les retraites, rendre du pouvoir d'achat aux Français ».
Avec Fabien, la politique, l'économie, la fiscalité, c'est simple comme un sourire !