Faire reset avec les champignons magiques
En pleine saison de cueillette des champignons et de confinement des populations, l’étude que vient de publier la revue scientifique JAMA Psychiatry ne pouvait pas mieux tomber.
Le propos des chercheurs de l’université John Hopkins n’était pas de mettre en avant les atouts respectifs des bolets, des ceps ou des morilles, riches en protéines et de tout plein de bonnes choses aux vertus antioxydantes, mais de mesurer les bénéfices pour notre santé des champignons hallucinogènes.
Même si, en termes d’effets secondaires, la psilocybine contenue par les « magic mushrooms » a déjà été largement étudiée par des générations de gastronomes psychédéliques, on n’avait pas encore estimé avec méthode la gamme apparemment assez large de ses propriétés antidépressives et antianxiogènes.
Des patients souffrant de dépression sévère ont accepté de se faire injecter deux doses de psilocybine et le résultat a, semble-t-il, ridiculisé l’effet prétendument bienfaisant de leur Prozac quotidien. Les chercheurs qui surveillaient leur activité mentale ont observé, 4 semaines encore après le traitement, une baisse spectaculaire de symptômes pourtant installés depuis des années.
Les patients, quant à eux, ont décrit leur état comme une résurrection. Ou plutôt une reconnexion, certains parlant même d’un phénomène de « reset », l’action qui permet à un ordinateur virussé de retrouver sa configuration d’origine.
Cette remise à zéro du disque dur neuro-cérébral que décrivent les cobayes du Professeur Roland Gfriffiths peut-elle offrir une solution possible au spleen des malheureux otages de la Covid-19 ? Elle devra quand même être confirmée par une nouvelle étude, à plus grande échelle, sur une cohorte de volontaires dont le recrutement ne devrait cependant pas être trop difficile, compte tenu des circonstances.
Il faudra donc attendre encore un peu pour savoir si la mise à disposition sur le marché des 200 espèces de champignons hallucinogènes actuellement recensées viendra concurrencer dans nos hypothétiques cabas de fête celle de la truffe noire du Périgord et, dans nos tristes armoires à pharmacie de confinés, celle des benzodiazépines.
Pour l’heure, en tout cas, gardons-nous de céder à la tentation de l’automédication : les magic mushrooms figurent en bonne place dans la liste des stupéfiants mais pas dans celle des cases à cocher sur nos attestations de déplacement dérogatoire et bad trip.
Jacques DRAUSSIN
Président de l’Observatoire de la réputation
4 ansBravo Jacques Bien vu JP petit ramasseur