First Cow
L'Oregon, « découvert » en 1806 dans le cadre de la conquête de l'Ouest, a rejoint l'Union au milieu du XIXe siècle en tant que 33e État. Il est aujourd'hui symbolique d'une Amérique à la fois progressiste et performante, particulièrement dans le domaine des nouvelles technologies. Contrairement à la tradition des « western » hollywoodiens, qui ont privilégié la violence et la virilité pour représenter cette colonisation (tardive), Kelly Reichardt propose un récit alternatif, proche des vies et de leur fragilité. Les femmes n'y ont pas une grande place, les hommes ne semblant pas penser beaucoup à elles non plus. La vie s'organise de manière naturelle, au milieu des fougères, des arbres, des cours d'eau... Le pionnier-cueilleur, attentif au sol et à ses champignons, s'émerveille d'un rien, semblant jouir de chaque instant dans le monde sauvage, à la recherche de l'harmonie. Le tintamarre des sabots et des chevauchées, les conflits sanglants entre visages pâles et tribus indiennes, tout cela est tu : ce qu'on entend, ce sont des brindilles qui craquent, le crépitement d'un feu, le murmure d'un homme timide qui préfère écouter la nature plutôt que ses compagnons de route, ou parler à une vache. J'ai retrouvé dans First Cow la délicatesse naturaliste d'Old Joy, un cinéma thérapeutique par lequel on se désintoxique du vacarme ambiant. Je vous en prescris donc deux bonnes heures !