Fonction publique: télétravail, une opportunité pour le manageur de tester son "fonctionnement" et un usage raisonné

On pourrait penser que la distance physique entre le collaborateur et son responsable est l'occasion pour ce dernier de mettre à l'épreuve son mode de fonctionnement managérial. Si effectivement le manageur décide de réaliser son auto-diagnostic, il se posera alors les questions suivantes : fixe-il des objectifs à son collaborateur, en termes de résultats et de calendrier ou lui passe-t-il en continu des commandes? Lui fait-il confiance pour les atteindre les objectifs en prévoyant des RDV à échéances convenues ensemble ou lui demande-t-il de lui transmettre des travaux au jour le jour et surtout "dès que possible"? Lui accorde-t-il ainsi l'autonomie nécessaire susceptible de révéler la capacité du collaborateur à prendre des responsabilités ou lui donne-t-il des consignes si précises qu'il n'a qu'à les suivre à la lettre?

Le manageur fonctionne-t-il en obligation de moyens ou en obligation de résultats?

Son management est-il conforme à la définition qu'en donne le Dictionnaire interministériel des compétences de l'État (DiCo- DGAFP 2017):

"Diriger, mobiliser, animer et valoriser les membres d’une équipe placée sous sa responsabilité, en évaluer le potentiel, en vue d’atteindre un objectif ou de remplir une mission. Obtenir la confiance de ses collaborateurs et les entraîner dans la poursuite d’un objectif partagé."?

Les innombrables articles, témoignages, enquêtes, publiés depuis deux mois, s'accordent pour dire que la situation actuelle, inédite et totalement imprévisible, met en exergue à la fois les intérêts et les limites d'un management à distance, tant pour le cadre que pour son collaborateur...

Au delà de la dimension individuelle de la relation managériale, le plus grand défi pour les organisations de travail, est, à mes yeux, de préserver les résultats inestimables du collectif in situ, en termes de performance et de climat de travail : comment, sur le long terme, se priver d'une "dose" importante de présentiel qui permet de faire passer ses messages et de les confronter aux autres, par le verbal et le non verbal. Les travaux que ne vont pas manquer de conduire toutes les organisations, administrations et entreprises, viseront, à n'en pas douter, à mettre en place des dispositifs en ce sens.

Un exemple qui illustre la nécessité, notamment en management, d'aller vers un juste équilibre entre les bénéfices de la relation à distance, relayée par écran, et la relation en face-à-face. L'ordonnance du 1er avril 2020 autorise le report au 31 décembre 2020 de la tenue des entretiens professionnels annuels; outre le fait que les DRH ont, en cette période, d'autres priorités immédiates à gérer, a été vraisemblablement pris en considération aussi le fait que cet entretien, acte de management par excellence, requiert un climat de confiance absolue que ne peut garantir une "rencontre" en Visio.

Y aura-t-il le "Jour d'après" du management... qui amènerait à revisiter les recrutements et profils recherchés, à revoir les modalités d'évaluation des capacités managériales et à faire évoluer les objectifs et les méthodes pédagogiques des formations dédiés aux encadrants?


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