Hackathon, à quoi bon ?
Hypothèse : et si l'innovation comme l'entrepreneuriat n'en étaient encore qu'au stade infantile ? Examinons ensemble l'un de ces phénomènes qui les caractérisent aux yeux des non-initiés, les week-ends hack-machin-choses.
Depuis quelques années, sous l'impulsion de franchises venues de Californie - encore...-, se multiplient les initiatives de fins de semaine ouvrées et animées : hackathon, startup week-end, boot camp et autres fabriques de l'innovation ouverte. De plus en plus nombreux, ils se spécialisent pour se différencier et en deviennent thématiques, par exemple Ocean Hackathon ou Social Hackathon pour ne citer qu'eux.
Résumons : des porteurs de projets d'entreprise, d'innovation ou de services sont recrutés sur le web et invités à "pitcher", c'est à dire présenter leur intention de la manière la plus synthétique possible, devant un public généralement composés d'étudiants mais pas seulement. Aujourd'hui, ce processus est en effet de plus en plus repris par certaines entreprises qui veulent décloisonner leurs départements et remotiver leurs équipes. Ensuite, des groupes de 5 à 10 personnes intéressées par le même objet se forment et planchent sur leur sujet durant un week-end. A la fin du week-end, re-pitch en séance plénière devant un jury et remise des prix, par des sponsors concernés par le sujet. Parmi les invariants : les post-it, la pizza party, les canapés mous et le babyfoot.
Utilité ? Généralement pour communiquer, parce que l'entrepreneuriat c'est "hype", l'open innovation c'est "hype", le digital c'est "hyper hype". Il s'agit ici le plus souvent de valoriser des institutions endormies en donnant à croire via force twits enthousiastes qu'elles sont à la pointe du mouvement. Vis à vis des politiques et des médias, ça marche. Parce que personne ne vient vérifier ce qui se trouve sous l'écume : des châteaux de sable. Les équipes se défont le dimanche soir, chacun retourne à ses occupations après avoir mis quelques photos sur une boîte en ligne, et voilà tout. Pour se faire des amis, il y a plus simple, le pub irlandais du coin de la rue par exemple. Côté résultat, jamais rien de détonnant, en absence de méthodologie soutenue par une veille approfondie, on a droit habituellement à des innovations qui sont déjà sur le marché ou "des applis" sur des micro-marchés saturés. Les politiques et les dirigeants qui jugent s'émerveillent alors tous en choeur devant tant d'inventivité, normal, ils n'y connaissent rien. La logique est respectée, rien d'étonnant non plus.
Car l'innovation, au delà de l'injonction publicitaire, demande a minima une volonté, un leadership constant, des moyens matériels, une projection cadrée dans le temps et un lien clair avec l'organisation qui la porte. Dans le cas d'un hackathon, elle devient un événement et non un processus. Aussi, pour rassurer tout le monde, personne ne va songer à évaluer les métriques issues de tels opérations : il n'y a pas de suivi, si ce n'est les retombées dans les médias sociaux. Alors ça continue, week-end après week-end. Mais les combattants vont se faire rares. Sauf si le dispositif évolue.
Nous pourrions dégager cependant quelques pistes de progrès : faire d'un tel week-end un temps fort lors d'une séquence longue, pour ponctuer et accélérer un processus déjà engagé et qui sera suivi d'une continuation avec de nouveaux moyens. Exemple : recueil d'observations sur le terrain, passage à la maquette ou au prototype, test auprès d'utilisateurs, finalisation d'un modèle d'affaires, etc... Ou permettre à des services ou des compétences disjointes de produire un travail en commun. Ou de pousser certains étudiants enclins à décréter le réel à mettre la main à la pâte dans le plaisir de concrétiser. Ou enfin de relier tout ceci à un incubateur-accélérateur proactif et structuré. Encore faut-il assigner à ce type d'action des objectifs assimilables à du management de l'innovation, au delà de la seule communication.
La période va rapidement nous inciter à sortir de ces gadgets portés par ces "buzz words" et c'est tant mieux. Il n'en reste pas moins que l'innovation qui marche est celle conçue, développée et portée par les acteurs eux-mêmes, qu'ils soient producteurs ou utilisateurs. Ce qui s'appelle faire, penser et partager un projet, en somme.
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7 ansUn hackaton sans recueil d'observations sur le terrain, sans analyse des besoins des utilisateurs finaux, sans test auprès de ces mêmes utilisateurs... On dirait qu'il manque l'essentiel. La base.
Consultante Service Designer | UXUI
7 ansBonjour Renaud, merci pour cet article qui démontre bien que les hackathons « hors sols » n’ont que très peu d’impact sur l’innovation. Chez Elia, nous partageons également cette idée qu’un hackathon doit servir un objectif précis et n’a de réel impact que si les organisations portent et rendent possibles les innovations.
Vice-président de l'UBO en charge des Transitions et directeur de l'UBO Open Factory
8 ansBonjour Renaud. Merci pour ton article très intéressant. Je suis d'accord sur ta vision des choses. Les objectifs de ce genres d'évènements doivent être bien posés et doivent à mon sens s'inscrire dans une stratégie long terme et ne pas rester simplement un évènement. Une fois que c'est posé, le rôle des facilitateurs prend son sens puisqu'il y a déjà un objectif clair et normalement partagé. Je suis par contre persuadé de leurs utilité et de leur efficacité dans ce cas. A bientôt Yves
Brand Strategy | brandisbeautiful / Interior designer ad.vantage from art >to design
8 ans👽👁
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8 ansJ'ai pas fait de gaffe avec la SMAF?