(Hebdo. 22 - 28 Oct. 2018) - L'euro plie (très) fort mais ne rompt pas... Italie & BCE surveillées
Source: LeMonde.com

(Hebdo. 22 - 28 Oct. 2018) - L'euro plie (très) fort mais ne rompt pas... Italie & BCE surveillées

L’euro sort d’une semaine mouvementée où cours de laquelle le support de $1,15 fut une nouvelle fois mis à rude épreuve et où l’on a craint un nouveau décrochage lorsque la devise européenne a approché ses plus bas niveaux depuis deux mois. Si les importantes inquiétudes émanant d’Italie sont à l’origine des pressions baissières sur l’euro, la situation d’impasse dans les négociations du Brexit ou encore les difficultés de l’économie chinoise (plus faible dynamique annuelle depuis 2009 enregistrée au T3) et les répercussions que cela implique sur la demande globale offrent peu de raisons de s’enthousiasmer. 

Une « menace italienne » très pesante… un dialogue possible ? (EUR)

La nouvelle mise en garde adressée la semaine dernière par les instances européennes au gouvernement italien contre les risques de « dérive budgétaire » que présuppose son programme de dépenses publiques (très) expansionniste a mis le feu aux poudres et déclenché un nouveau mouvement d’affolement sur les marchés financiers italiens. Du côté des investisseurs européens, outre le risque de pénalités auquel s’expose l’Italie, on craint surtout le déclenchement d’une série de réactions en chaine en cas de refus en bloc du budget italien par la Commission européen. Un tel scénario placerait l’Italie sous le radar des agences de notation et sous la menace d’un déclassement de la note de sa dette souveraine au rang d’investissement spéculatif. Depuis vendredi dernier, celle-ci est désormais classée à la frontière de cette catégorie d’après les critères de l’américain Moody’s (Baa3), une décision qui pourrait se reproduire en fin de semaine à l’occasion de la publication de la nouvelle note de crédit de Standard & Poor’s. Jugée désormais à risque, la dette italienne pourrait alors voir sa valeur sérieusement décotée – matérialisation sous forme de nouvelles fortes pressions haussières sur les taux souverains – et par conséquent sérieusement endommager le bilan comptable des banques italiennes dont les actifs se décomposent, selon une récente étude publiée par la banque des règlements internationaux (BRI), de presque 20% d’emprunts d’Etat italiens. En voyant la 3ième économie européenne s’enrhumer, c’est la peur d’un éternuement général de l’ensemble de la Zone Euro qui est pointée du doigt.

Pour le moment, cette contagion ne s’observe pas sur les marchés des pays périphériques du Sud (Espagne, Grèce & Portugal), ce qui tend à rassurer quelque peu les investisseurs et offre l’occasion à l'euro de rester arrimé à son support de $1,15. Si le relatif « laxisme budgétaire » dont a fait preuve Bruxelles ces dernières années à l’égard de pays en-dehors des clous budgétaires européens (plafond de déficit annuel de 3% dépassé par l’Espagne et la France) et le caractère inédit d’éventuels sanctions de la Commission européenne contre un de ses membres préfigurent qu’un dialogue avec Rome est l’option la plus probable, néanmoins face à l’inflexibilité présumée de l’exécutif italien à réduire son lourd endettement (€2300Mds ou 132M du PIB) , les instances européennes pourraient privilégier l’option du « bâton » plutôt que de la « caresse ». Nous pourrions être très vite fixés sur ce point puisque Rome doit fournir ce lundi les détails explicatifs de son budget. 

En attendant, l’EUR/USD reste hautement fragilisé et dans l’incapacité pour le moment de casser la barrière de $1,16 qui fait office de plafond sur le cours de change sur ce mois d'octobre. En plus de la question italienne, la semaine de la paire de change s’annonce pour le moins riche en émotion avec l’organisation ce jeudi de l’avant-dernière réunion monétaire de l’année de la Banque Centrale Européenne (BCE) et la publication vendredi des 1ières estimations de PIB au 3ième trimestre aux Etats Unis. Les pressions sur l’EUR/USD restent pour le moment résolument baissières et un nouveau décrochage vers $1,13-$1,14 ne doit pas être sous-estimé en cas de mouvement de panique sur les marchés européens. 

En Bref... Une 3ième hausse de taux cette année est vivement attendue ce mercredi au Canada... Un accord sur le Brexit est "prêt à 95%" d'après la 1ière ministre britannique néanmoins les divergences persistantes sur le dossier irlandais freinent les discussions et pèsent sur la livre sterling... Statu quo monétaire attendu en Norvège et en Suède mais détails attendus sur le cycle de normalisation prévu dans ces deux pays en 2019.

Le dollar canadien de retour sur ses plus bas niveaux du mois face à l'euro avant la Banque du Canada (effet "baisse des prix du pétrole)...

...La livre sterling légèrement pénalisée par cette situation d'impasse continue sur le Brexit, néanmoins l'espoir d'un accord prédomine

Source: Reuters

Évènements clés de la semaine : 

• Mercredi : Décisions monétaires en Suède (09h30) et Canada (16h00) / Enquêtes prél. PMI en Zone Euro (10h00) / Livre Beige de la Fed (20h00)

• Jeudi : Décisions monétaires en Norvège (10h00) et Zone Euro (13h45) / Conférence de presse de Mario Draghi (14h30) 

• Vendredi : Estimation prél. de PIB au T3 aux Etats Unis (14h30) / Note de crédit S&P sur l'Italie (fin de journée)


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