Il n’y a pas de GAFA (mais il y a bien un problème)

Il n’y a pas de GAFA (mais il y a bien un problème)

Sans attendre les récents déboires de Facebook, il est devenu habituel de parler des "GAFA" comme des quatre cavaliers de l’apocalypse. Pourtant, l’acronyme qui regroupe Google, Apple, Facebook et Amazon masque une différence fondamentale entre "business models".

Quoi qu’on pense d’Apple et d’Amazon, leur modèle (au moins pour leur métier de base) est archi-classique; vous achetez, vous payez. Vous avez toujours le choix d’utiliser un smartphone concurrent (Apple n’est même pas leader) ou de faire vos courses ailleurs (Amazon est encore loin de dominer totalement le commerce).

Le business model de Google et Facebook n’a rien à voir : vous ne payez rien pour les services qu’ils vous rendent – dont vous ne pouvez plus vous passer. Et leurs parts de marché écrasantes ne laissent aucune alternative réelle aux utilisateurs ni aux annonceurs. Pire : inexplicablement, les régulateurs ont laissé Facebook acquérir Instagram et WhatsApp pour préserver son monopole.

Les "AA" peuvent évidemment déraper. Mais, quand les "GF" vous rendent dépendant, exploitent vos données, et défendent leur position dominante, ce n’est pas un bug : c’est une "feature**" de leur business model. Et c’est pour ça que les problèmes qu’ils posent ne se résoudront pas par l’autodiscipline.

Tous les mercredis, Olivier Sibony (ex-senior partner chez McKinsey, prof de stratégie à HEC, London Business School, Oxford) nous explique un concept de management. Sans bullsh*t.

** feature : caractéristique

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