Indignez-vous

Indignez-vous

Ill me semble opportun de se rappeler du livre de Stéphane Hessel qui à 93 ans à publié un vibrant appel à l’indignation face aux injustices contemporaines. Inspiré par son expérience dans la Résistance, il exhorte les nouvelles générations à ne pas céder à l’indifférence et à défendre les acquis sociaux menacés. Dans ce manifeste, Hessel rappelle l’importance de la non-violence, de l’équité et de la liberté, tout en dénonçant les inégalités croissantes et la tyrannie des marchés financiers. Un texte puissant qui invite chacun à résister en s’indignant.


Un héritage de Résistance

À l'âge de 93 ans, Stéphane Hessel, figure emblématique de la Résistance française, livre un manifeste poignant intitulé Indignez-vous. Ce texte bref mais puissant est à la fois un rappel de l’importance des valeurs qui ont guidé la Résistance et un appel à l’action pour les générations actuelles. Hessel, dans un ultime sursaut d’énergie militante, invite chacun à ne pas sombrer dans l’indifférence face aux injustices qui gangrènent nos sociétés.

Issu d'une famille franco-allemande cultivée, Hessel a traversé le XXe siècle en étant témoin et acteur des événements les plus marquants de l’histoire contemporaine. Depuis ses années d'études à l'École normale supérieure, interrompues par la guerre, jusqu’à son engagement dans la France libre et son rôle dans la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il a toujours été guidé par une profonde quête de justice et d’équité. Pour Hessel, la Résistance n'était pas seulement une lutte contre l'occupant nazi, mais une bataille pour des principes fondamentaux qui doivent perdurer.

L'indignation comme moteur de l'engagement

Dans Indignez-vous, Hessel exprime son inquiétude face à la direction que prend le monde. Selon lui, les acquis sociaux, fruits de la Résistance, sont aujourd’hui menacés par les forces du capitalisme financier et l’indifférence générale. Les idéaux qui ont nourri le programme du Conseil National de la Résistance (CNR) en 1944, tels que la Sécurité sociale, les retraites et la liberté de la presse, sont remis en cause. Hessel dénonce les inégalités grandissantes, la précarité croissante, et l’influence disproportionnée des puissances d'argent sur les médias et la politique.

Hessel rappelle que l'indignation a été le moteur de la Résistance. Il exhorte les jeunes générations à ne pas rester passives face aux injustices, mais à s’indigner et à agir. Pour lui, s’indigner, c’est résister. Et résister, c’est créer. Il s'agit d’un appel à l’éveil des consciences, à la mobilisation contre une société où la compétition, l’égoïsme, et la quête du profit rapide ont remplacé la solidarité et l’intérêt général.

Les grandes causes de l'indignation

Hessel identifie plusieurs causes contemporaines qui devraient susciter notre indignation. Parmi elles, l’écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, non seulement en France, mais à travers le monde entier. Il met en lumière la condition des travailleurs précaires, qui peinent à joindre les deux bouts, et des millions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté, souvent avec moins de deux dollars par jour. Cette situation est inacceptable pour Hessel, qui voit dans cet écart un signe alarmant du recul de la justice sociale.

Autre source d’indignation pour Hessel : l'état des droits de l'homme dans le monde. Lui qui a participé à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948, ne peut que déplorer les violations flagrantes de ces droits fondamentaux dans de nombreux pays. Il insiste sur le fait que ces droits ne sont pas seulement des idéaux abstraits, mais des réalités concrètes qui doivent être défendues avec acharnement.

L’un des exemples les plus poignants de cette indignation concerne la situation en Palestine. Hessel, profondément marqué par ses visites à Gaza et en Cisjordanie, dénonce la souffrance du peuple palestinien. Il est indigné par l’injustice qui leur est faite, par le blocus de Gaza, et par la violence de l'occupation israélienne. Il rappelle que la lutte pour la justice doit toujours rester non-violente, même si, parfois, la violence est une réaction compréhensible à l'oppression. Hessel plaide pour une résolution pacifique du conflit, en accord avec les principes de justice et de dignité humaine.

La non-violence comme réponse

Pour Hessel, la non-violence est la voie de l’avenir. Il condamne fermement le recours au terrorisme, même s'il en comprend parfois les causes. Selon lui, la violence n’est jamais la solution car elle perpétue un cycle sans fin de haine et de représailles. Il appelle au contraire à une insurrection pacifique, à l’image des manifestations non violentes organisées par les Palestiniens chaque vendredi contre le mur de séparation en Cisjordanie. Ces actions, que le gouvernement israélien a ironiquement qualifiées de « terrorisme non-violent », montrent l'efficacité d'une résistance pacifique face à l'oppression.

Hessel voit dans les figures de Nelson Mandela et de Martin Luther King des modèles à suivre pour notre époque. Leur message de réconciliation, de patience vigilante, et de résistance non-violente est, selon lui, plus pertinent que jamais dans un monde où les confrontations idéologiques ont laissé place à une lutte pour les ressources et la domination économique.

Un appel à l'action et à la création

Le texte de Hessel se termine par un appel à une "insurrection pacifique" contre les dérives de notre société contemporaine. Il appelle à lutter contre les médias de masse qui ne proposent pour horizon que la consommation, contre le mépris des plus faibles, contre l’amnésie généralisée et la compétition exacerbée. Pour Hessel, la création et la résistance sont indissociables. Créer, c’est résister. Résister, c’est créer.

Cet appel à la création est aussi un appel à réinventer notre société, à la refonder sur des bases éthiques, justes et durables. Hessel exprime son espoir que les jeunes générations sauront s’indigner, s’engager, et agir pour un monde meilleur. Il voit en elles les porteuses de l’avenir, capables de relever les défis d’un XXIe siècle qui, malgré les nombreux reculs des premières décennies, offre encore des possibilités de progrès.

Conclusion : S'indigner pour résister

En conclusion, Indignez-vous de Stéphane Hessel est bien plus qu’un simple pamphlet. C’est un cri du cœur, un appel à l’engagement pour tous ceux qui refusent l’injustice et l’indifférence. Hessel, fort de son expérience et de son histoire, nous rappelle que le monde ne progresse que lorsque les individus se lèvent pour défendre ce qui est juste. La question qu’il nous pose, en filigrane, est simple : Et vous, qu’est-ce qui vous indigne ?


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