L’indispensable lien de la morale, de la mémoire et de l’histoire

L’indispensable lien de la morale, de la mémoire et de l’histoire

"On ne peut plus battre dans nos démocraties l’extrême droite simplement avec des mots des années 90, avec des arguments historiques et moraux" : cette déclaration de notre Président datée du 31 mai 2023 qui faisait suite à son recadrage de la veille et qui voulait « en même temps » prétendre qu’il n’avait pas recadré les propos d’Élisabeth Borne lorsqu’elle avait rappelé les racines pétainistes du front national déguisé en rassemblement du même nom, cette déclaration marque une défaite de la pensée. Par définition, l’histoire et la morale ne sont jamais obsolètes. L’âme des démocraties est un tissu fragile, une trame sensible qui croise les fils de l’histoire avec ceux de la morale, le registre de la mémoire et celui d’une projection dans un monde plus juste et moins barbare. Le père d’Elisabeth Borne a été arrêté par des français avant d’être envoyé en camp de concentration.

Le dictionnaire nous rappelle que la morale est « la science du bien et du mal, la théorie de l'action humaine soumise au devoir et ayant pour but le bien ». La déclaration présidentielle nous rappelle tristement que ne pas condamner le mal, c’est endosser le mal. Nous pouvions craindre que notre Président ait peur de son peuple. Nous savons à présent qu’il redoute ses ennemis au point de nier la gravité de leurs excès. Quand une partie du peuple s’égare et plébiscite le rejet d’autrui, il faut oser le lui rappeler. C’est cela gouverner. La seule façon de battre les pensées extrêmes, les pensées radicalisées qu’elles soient d’extrême droite, d’extrême gauche ou d’extrême barbarie, c’est de développer un véritable projet de société : pas de chercher à ratisser ou à blanchir des voix indignes.

Mais certains parmi ceux qui nous gouvernent, parmi ceux que nous avons si mal élus en les fragilisant par nos abstentions n’ont pas toujours de projets. Au lieu de construire une arche nouvelle de Noé qui nous sauverait du naufrage de l’égoïsme et de la haine en partage, ils continuent trop souvent à poser des rustines sur un radeau vermoulu.

On ne peut pas « décrédibiliser le RN par le fond et les incohérences » lorsque l’on manque soi-même de fond et de cohérence. Puisse notre magistrat suprême ne pas abolir les frontières qui distinguent le bien du mal sur le plan moral comme il l’a fait sur le plan politique il y a six ans en pulvérisant, en discréditant la droite et la gauche humanistes.

Jean-Pierre Guéno


François-Noël TISSOT

Construction d'identité. Dispositifs d'intégration.

1 ans

S’opposer contribue à renforcer. Proposer participe à renouveler.

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