Interview avec Valérie Bossé, directrice générale de Maïeutyk France : « L’entreprise, c’est l’humain augmenté »

MAÏEUTYK France , dirigée par Valerie Bossé • MAÏEUTYK France , est notre partenaire privilégié en transformation d’entreprise. Spécialisée dans l’expérience client et la stratégie marketing, Maïeutyk collabore étroitement avec OPUS Fabrica pour une approche globale du changement organisationnel.

Pouvez-vous nous parler de vous et de la création de Maïeutyk France ? Comment définiriez-vous votre raison d’être ?

Bonjour, je suis Valérie Bossé, directrice générale de Maïeutyk France. Et comme mon accent l’indique, je ne viens pas de France mais du Québec où Maïeutyk existe, sous le nom de Maïeutyk Québec. D’où la distinction ici, avec Maïeutyk France.

Pour ma part, je suis je suis un pur produit nord-américain dans le sens où je n’ai pas de parcours linéaire. Mon parcours est très pluridisciplinaire. J’ai fait des études de géographie et une maîtrise en géographie des transports sur la « géopolitique du port de Shanghai ».

Je travaille en marketing depuis plus de 30 ans. En fait, à la sortie de l’université, plutôt que de poursuivre en doctorat, je me suis dit que j’avais envie de goûter à la vraie vie.

À ce moment-là, j’ai découvert que le marketing était un domaine fascinant. C’est un croisement de plusieurs courants : économie, sociologie, psychologie, politique… C’est un terrain de jeu extrêmement intéressant et c’est ce qui fait que je suis toujours là, 30 ans après.

Pourquoi Maïeutyk ?

Si vous connaissez la maïeutique, vous savez que cela vient de Socrate. Il disait que chaque être humain porte en lui sa propre vérité et c’est à travers le dialogue et les questions qu’on lui pose que cette vérité peut émerger.

C’est exactement notre méthodologie. Quand on arrive dans une entreprise, on n’arrive pas avec des solutions toutes faites ou des vérités absolues. On arrive avec une méthode bien éprouvée pour aider l’entreprise à faire émerger ce qu’elle porte déjà en elle-même. Notre intuition de départ s’est révélée juste : la plupart des entreprises ont en elles la majorité de leurs propres solutions. Il suffit simplement de les articuler et de les faire émerger. C’est un travail de cocréation qui implique toutes les équipes de l’entreprise. C’est ainsi que Maïeutyk fonctionne.

Notre métier, c’est d’accompagner la transformation des entreprises, notamment à travers leur relation avec leurs clients. Mais on va plus loin. Aujourd’hui, tout le monde connaît les enjeux de la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) et des problématiques climatiques. Beaucoup d’entreprises se fixent des objectifs ou prennent des actions, mais pour nous, cela ne suffit pas. Nous pensons que tout ce qui touche à l’impact – réduire l’impact négatif, augmenter l’impact positif de manière significative – doit être directement intégré dans la stratégie de l’entreprise. C’est ce que nous faisons avec nos clients. Nous veillons à ce que la stratégie marketing et l’expérience client intègrent les préoccupations économiques, sociales, environnementales et sociétales.

Quels sont les principaux services que Maïeutyk France propose à ses clients ?

Chez Maïeutyk, quand on rencontre un prospect, on commence toujours par une discussion. Notre méthode consiste à poser des questions. À travers ces échanges, on brosse un portrait de l’entreprise : son état actuel, où elle veut aller, quels sont ses défis. Si nous identifions que c’est une entreprise que Maïeutyk peut accompagner – c’est-à-dire une entreprise avec un management ouvert et un dirigeant qui croit en ses équipes et qui est prêt à leur laisser de la place dans le processus de co-création – alors nous revenons avec une proposition. Cette proposition prend la forme d’un parcours sur mesure en fonction des enjeux et des opportunités que nous avons identifiés.

Le parcours comprend plusieurs étapes. D’abord, il y a un atelier où tout le monde travaille ensemble. À la fin de la journée, on fait le point sur ce qui en ressort. Ensuite, il y a une restitution à froid, où l’on digère ce qui a été dit et on identifie les projets porteurs. Enfin, la dernière étape consiste à structurer un plan d’action pour mettre en place les changements désirés. Nous accompagnons l’entreprise à chaque étape, mais nous ne sommes pas un simple prestataire de services. Par exemple, nous ne ferons pas un site internet ou n’interviewerons pas des clients à leur place si c’est ce qui ressort du plan d’action.

Cependant, nous aidons l’entreprise à structurer son plan, à établir une feuille de route, et à avancer de manière efficace.

Comment avez-vous découvert Opus Fabrica ?

En fait, c’est Nathalie Bardouil qui a découvert Maïeutyk, et donc Patrick BEAUDUIN qui est le président de Maïeutyk et également expert APM. Lors d’une intervention où Patrick animait une journée de conférence et de discussions avec l’APM, Nathalie était présente. À la suite de cela, Nathalie nous a contactés et nous avons eu la grande chance d’accompagner Opus Fabrica, qui s’appelait alors L.A. Conseils.

Quand nous avons fait la première proposition de parcours, l’idée était d’accompagner L.A Conseils. Mais avant de démarrer, nous avons dû réviser un peu ce plan car L.A Conseils était en cours d’acquisition d’Artoris. À ce moment-là, il y avait un enjeu de marque : quelle marque garder ? Comment articuler ces marques ensemble ? Cela a donc ajouté un volet supplémentaire à l’accompagnement. Pendant ce parcours, d’autres possibilités de fusion-acquisition se sont présentées, et cela a été un moment de grands mouvements pour L.A Conseils. Finalement, après avoir travaillé avec les équipes dynamiques en place, il est devenu évident que l’entreprise allait vers une nouvelle identité. Il y a eu un travail de réflexion mené avec Nathalie et les équipes, ce qui a conduit au nom Opus Fabrica.

Nous avons également retravaillé la raison d’être de l’entreprise, qui est devenue une structure clé dans l’affirmation et la communication de la marque.

Quelle vision avez-vous d’Opus Fabrica ?

Ce qui est très intéressant et ce que nous avons découvert en travaillant ensemble, c’est qu’Opus Fabrica, avec ses psychologues du travail qui interviennent sur le bien-être des individus, peut sembler à première vue très éloigné de notre domaine, le marketing. Et pourtant, nous avons exactement la même vocation, bien que nos métiers soient différents. Nous partageons les mêmes valeurs et les mêmes intentions : faire de l’entreprise un lieu où les individus peuvent s’épanouir.

Opus Fabrica croit fermement que l’entreprise ne sera jamais plus forte que les individus qui la composent. Maïeutyk est totalement en accord avec cette vision. Nous pensons que l’entreprise est un « humain augmenté » : un collectif d’êtres humains qui, ensemble, ont des compétences incroyables. Aujourd’hui, on utilise trop souvent uniquement les compétences qui figurent sur les descriptions de poste, mais les individus ont bien d’autres talents à offrir qui ne sont pas exploités.

Chez Maïeutyk, nous travaillons vraiment à l’idée que l’entreprise doit devenir cet « être augmenté », capable de jouer un rôle essentiel dans la transformation de notre économie et de notre société.

Comment décririez-vous la synergie entre vos deux approches ?

Ce qui est fascinant, c’est qu’on sent vraiment, depuis un an et demi, presque deux ans, que la société est en train de changer. On est en train de vivre une nouvelle ère. Nous n’avons pas vécu l’industrialisation, c’était déjà fait quand nous sommes arrivés ici mais aujourd’hui, on réalise que nous sommes à nouveau à un tournant.

Cela amène beaucoup de réflexions et une forme d’incertitude mais aussi une excitation quant aux possibilités de réinvention. Nous participons à des universités, à des colloques, nous lisons des livres et dans toute cette émulation, une chose ressort clairement : personne n’a une vision globale de la transformation nécessaire. Il devient de plus en plus évident que nous devons le faire ensemble. Aucun expert, dans un domaine précis, ne peut prétendre maîtriser seul la transformation d’une entreprise ou de la société.

C’est dans cet esprit que notre collaboration avec Opus Fabrica a pris tout son sens. Nous n’avons pas les mêmes outils mais nous avons les mêmes objectifs. Ensemble, nous pouvons aller plus loin dans l’accompagnement des entreprises vers une transformation réussie, pleine de sens, de justice sociale, d’équilibre et de résilience.

Est-ce qu’il y a eu un moment particulier ou un projet spécifique qui a déclenché l’idée d’une coopération entre nos deux entreprises ?

C’est souvent une question de chimie entre les individus. C’est sûr qu’avec Nathalie, cela a rapidement dépassé le cadre professionnel, avec beaucoup d’appréciation mutuelle dans nos façons de faire. Je dirais que Nathalie et moi, nous sommes à la fois très semblables dans nos valeurs et très différentes dans nos actions. Cela nous apporte une complémentarité qui est à la fois utile et agréable dans notre travail actuel.

Cette collaboration repose sur différents niveaux. Par exemple, chez certains clients, nous avons identifié des besoins où l’expertise d’Opus Fabrica pourrait être précieuse et je pense que c’est réciproque. On se disait souvent : « Ce serait formidable de croiser nos clients et nos compétences, cela apporterait une vraie valeur ajoutée. »

En parallèle, il y a aussi un projet qui touche nos métiers respectifs : La Maison des leaders . Nathalie a le courage et l’énergie de se lancer dans ce projet en France. Nous, de notre côté, sommes très proches de la Maison des Leaders au Québec, une superbe institution. Cependant, Patrick et moi ne pouvions pas la porter seuls ici, donc ce projet nous a également rapprochés.

Enfin, dans notre vision commune du rôle de l’entreprise dans la transformation de la société et de l’économie, nous partageons des convictions similaires. Maïeutyk France est adhérente du mouvement Impact France, et Opus Fabrica souhaite aussi s’y impliquer davantage. Nous avons déjà assisté aux Universités d’été ensemble. Nous voulons faire de l’impact une boussole.

C’est certainement cette envie d’augmenter l’impact qui donne encore plus de sens à notre collaboration. Voilà, une longue réponse, mais c’était une excellente question !