Jeux Olympiques 2024 : les épreuves de surf à Teahupo’o… mais à quel prix ?
La mythique vague de Teahupo’o, à Tahiti, accueillera les épreuves de surf des Jeux Olympiques 2024. À l’annonce de certains projets urbains qui pourraient menacer l’équilibre naturel du lieu, les habitants voient rouge.
Le surf et Tahiti vont de pairs, surtout quand il s’agit de la presqu’île de Teahupo’o, petit village de 1500 habitants connu pour sa vague aussi magnifique que dangereuse, joyau du pacifique. Elle peut atteindre jusqu’à 15 mètres de haut et promet des sensations inoubliables pour les 48 surfeurs, hommes et femmes, qui l’affronteront en 2024. Si les athlètes sont impatients, les locaux veulent avant tout préserver le lieu. Le 3 mars 2020, le président de la Polynésie Française Édouard Fritch explique que pour préserver l’harmonie du lieu « les J.O de 2024 s’adapteront au site de Teahupo’o et non l’inverse. »
« Ce sont des belles phrases mais je n’y crois pas » dit Rochette Vairuria, professeur des écoles sur la commune de Teahupo’o. « Quand vous voyez tous les chantiers dans les villes qui ont accueilli des J.O, ça n’inspire pas du tout confiance » souligne Vehia Tetu, jeune Tahitien de 23 ans. Les habitants de Teahupo’o sont très inquiets des aménagements qui leur sont imposés, comme la création d’un village olympique de 24 logements. Ils craignent de voir leur environnement complètement changer et réclament plus de transparence dans l’étude des projets. Poerava Levy, jeune surfeuse à Teahupo’o se confie : « Je suis très soucieuse… pauvre environnement de Teahupo’o ! Qu’est-ce qui nous attend ! » La vague de Teahupo’o est un don de la nature, « je ne veux pas qu’elle se transforme en produit économique » ajoute la jeune femme.
Pour Poe Here, jeune maman de 32 ans, l’arrivée des J.O est avant tout une fierté. Elle vit avec ses deux enfants dans une petite maison en face de la vague légendaire. « Je suis fière qu’un tout petit endroit comme Teahupo’o puisse accueillir un si grand événement » raconte la maman. Néanmoins, comme la plupart des habitants de la commune, elle redoute les grosses infrastructures qui menaceraient de dénaturer le paysage. Le comité MARA ARA IA TEAHUPOO 2024 se bat contre certains aménagements destructeurs pour l’environnement : routes à deux voies, pont pour les voitures, aménagement de parkings, de gradins flottants, héliport… « Il est hors de question de tout bétonner ! » réagit Cindy Drollet, grande sœur de Matahi Drollet, surfeur Tahitien de renom à la tête du comité. Matahi Drollet et Cindy Drollet ainsi que tous les autres membres du collectif veulent que l’ensemble de la population de Teahupo’o puisse avoir un pouvoir décisionnaire dans les choix finaux. « Les infrastructures nous sont imposées. C’est nous qui allons vivre avec et je ne supporterais pas de les voir laissés à l’abandon. Nous ne voulons pas que notre petit coin de paradis soit dévasté » explique Cindy Drollet, qui espère bien balayer les zones d’ombre sur les projets en cours.
Le charme de Teahupo’o vient de la qualité de son environnement et les habitants feront tout pour préserver la nature de leur site. Les membres du collectif MATA ARA IA TEAHUPOO 2024 espèrent d’ailleurs pouvoir communiquer davantage avec les élus de la commune de Teahupo’o. De nouvelles rencontres sont à venir.
Le surf, petit nouveau au Jeux Olympiques
En mars dernier, le Comité international olympique (CIO) a ajouté le surf au programme olympique des Jeux d’été de Paris en 2024. D’ailleurs, le surf est l’un des cinq sports supplémentaires à intégrer les jeux olympiques dès 2022 pour les J.O de Tokyo. L’épreuve de surf aura lieu sur la plage de Tsurigasaki, à une soixantaine de kilomètres de Tokyo. Michel Burez, surfeur Tahitien de 34 ans, qualifié pour les J.O de 2022, explique que l’enjeu est de taille. Il espère être le premier surfeur à remporter une médaille olympique et n’est pas inquiet face à la vague japonaise, qui ne lui fait « même pas peur ». Plus que jamais, le surfeur Tahitien est impatient de se rendre au Japon avant de jouer à domicile en 2024. « Teahupo’o est l’endroit parfait pour les épreuves de surf » dit-il. La vague est connu pour être une des vagues les plus dangereuses au monde mais pour Michel Burez, les surfeurs qualifiés auront « largement le niveau pour surfer la vague et ils le montreront pendant la compétition ». « Quant à moi, je vais me battre pour être le premier » promet le surfeur.
Juliette Saint-Amaux