L’écologie humaine vecteur de performance

Abdelkrim LAMOURI-Consultant, doctorant en management et ingénierie des organisations

Le concept de la performance a évolué au fil des décennies pour intégrer dans son évaluation la responsabilité sociale outre les notions classiques de rendement des ressources. L’environnement et les conditions du travail doivent par conséquent être pilotés comme un processus de développement des entreprises en les plaçant au cœur de leurs stratégies à court moyen et long terme.

La norme ISO 26000 dans son chapitre 6.4 et la norme 26800 consacrent l’importance de la responsabilité sociale et précisent ses objectifs en la considérant comme faisant partie de l’évaluation globale de l’entreprise et de son progrès. Le déploiement de ces normes doit commencer par la sensibilisation de tout le personnel sur les conditions de travail comme élément déterminant de performance. Le défi majeur est d’en faire un avantage différentiel et compétitif.

L’environnement et la santé du personnel, le respect des lois qui les protègent, la prévention des risques, la mobilisation pour en faire un vecteur d’amélioration continue et de performance sont autant de chantiers que l’entreprise doit mener.

1-   La RSE fait évoluer le management

Le travail, la santé, la sécurité et l’environnement constituent désormais une relation réelle dans le développement de l’entreprise. Cela exige de nouveaux modes de management notamment celui de la qualité et de l’environnement. Les objectifs managériaux doivent donc dépasser les concepts tayloriens comptables pour consacrer la dimension humaine et les facteurs qui garantissent le bien-être au travail. En effet, deux logiques dominent dorénavant : la logique écologique inhérente à l’environnement et les facteurs qui l’impactent et la logique de l’écologie humaine de protection de la santé du personnel et la préservation de ses conditions davantage améliorées. Les dispositifs pilotant cette nouvelle réalité ne cessent d’évoluer pour en faire un moteur de progrès et de différenciation.

2-   Le respect des lois et règlements comme facteur de succès

A l’échelle universelle ces lois et règlements évoluent pour que l’écologie humaine devienne une réalité inéluctable dans l’entreprise. Le management la décline en processus et dispositifs de motivation pour davantage d’efficacité et d’efficience.

La santé physique et mentale du personnel devient un capital précieux à préserver par l’information, la formation continue, et les mesures de protection et d’organisation.

Les dispositions des lois et règlements sont associées aux nouvelles normes ISO qui consacrent leur respect comme indicateur essentiel d’évaluation.

3-   La dimension humaine et les nouveaux horizons créatifs

Considérer les nouvelles réalités de la dimension humaine dans l’entreprise comme des contraintes c’est s’engager dans une spirale d’échecs irréparables A contrario l’écologie humaine doit être comprise comme une opportunité de performance globale, et humaine. Il est vrai que ces nouveaux concepts n’ont pas bon vent lorsqu’on doit les prendre en considération ; mais il s’agit surtout de mauvaise préparation mentale pour les comprendre et admettre comme réalité exigeante mais, à terme, concluante.

L’amélioration de l’environnement et des conditions de travail, la mise en place de dispositifs d’information ascendante, descendante et transversale, le maillage, le travail collectif et la réussite partagée sont autant de facteurs qui doivent être développés pour que l’écologie humaine prenne concrètement forme. Lesdits facteurs tracent les chemins d’une réussite construite sur la base du bien-être au travail.

 

4-   La relation salarié – entreprise a changé

Le travail, tel que nous le concevons est une relation entre le salarié et ce qu’exigent les tâches qu’il doit accomplir. L’entreprise doit mettre à sa disposition les moyens dont il a besoin pour l’accomplissement desdites tâches. Mais lorsque l’employé ne peut pas gérer correctement ce qu’on lui demande, les risques de dommages physiques et mentaux deviennent évidents et impactent négativement un rendement durable de l’entreprise.

La situation avec les lois et les normes en vigueur est toute autre. Elle exige suivi, contrôle et pilotage à la recherche d’un équilibre entre le rendement et la qualité de vie dans l’entreprise. C’est la réussite à promouvoir et maintenir cet équilibre qui garantit la performance de l’entreprise.

5-   La proactivité et la prévention des risques

Un management orienté écologie humaine doit se baser sur des dispositifs clarifiant les tâches et les conditions de leur exécution. Les systèmes de résolution des conflits, d’objectifs et de motivation collective des salariés, communiqués et convenus avec le personnel en amont facilitent le travail, impliquent et responsabilisent les salariés. Les accidents du travail et des risques inhérents aux activités de production sont réduits et permettent des activités stables, un rendement  meilleur et des résultats conséquents.

Nos entreprises doivent intégrer cette nouvelle réalité en reconsidérant leur management notamment social. C’est à ce niveau que se joue la compétitivité et non pas à coups de redressements sectoriels répétitifs souvent supportés par l’état.

 

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