L'écume d'une déclaration III

L'écume d'une déclaration III

Le rocher dévale la pente pour emporter les espoirs sur la route des illusions, et trop vite le calme revient habiller les silences que l’éboulement continue les ravages.

La météo souffle le mauvais temps d’un amour impossible, et pendant que le monde bat la mesure à courir après le bonheur de chercher à avoir, à la place d’être, les douleurs rattrapent ce qui vient de se passer.

Les pierres semblent boucher le passage, alors résigner devant le mur impossible à franchir, la musique fredonnait un appel pour me rassurer face aux doutes, et croyant que notre amour arrivait à son terme, nul ne pouvait l’imaginer, mais tomber du ciel comme un éclair foudroyant la terre, le sillon dévoilait par une joie intérieure la brutale livraison d’un acte spirituel, alors me redonnant espoir de voir parmi ses refus et son indifférence, la vanité l’enlaçait dans les bras et au fond je m’interrogeais si par péché d’orgueil, la malédiction viendrait à s’éloigner si comprenant la situation, elle recueillerait la bouée jetée à la mer, c'est-à-dire le souhait dont elle rêvait et qu’elle avait toujours désiré.

Libre de ses actes et de sa volonté, ou la reconnaissant par-delà les limites portées par les chants célestes au-delà des sensibilités, la justesse de ses sentiments se retrouvait dans le miroir des lisses pensées.

Comment admettre qu’elle choisisse tout ce qui va contre sa liberté, quand connaissant son esprit, et devant le fait de sortir de la cage pour s’envoler, elle préfère me retenir enfermée pour de faire renifler des odeurs de puanteurs. Quelles sont les motivations de chercher à couper tout ce qui permet d’avancer, sachant que sa volonté libre plus que le droit, nourrirait des mets qui jadis elle dévorait, et qu’aujourd’hui elle espère retrouver quelque chose de parti en refusant de laisser la porte ouverte ?

Regardes toi, tu vaux mieux que ce que tu crois, repousses la hideuse faiblesse de te laisser aller à l’apparente facilité. Allumes tes passions et aimes avec le cœur ! L’ivresse saigne pour avoir un baiser et étourdit devant les affreux dessins, nos pauvres âmes s’obscurcissent devant le joli ciel et honteux de nos rayons de soleil, les anges rient que les saisons s’usent devant notre infortune.

La découverte des mystères amène ordinairement les disputes, mais refusant de contrarier l’évidence, la conséquence du mutisme éveillait la houle, à l’abord des récifs.

Ton regard perçait les gardes fous postés devant la cité et je me demandais quelle primeur pouvais-tu récolter d’une telle patience ? À te chercher et de voir fuir devant les désirs, est-t-il un goût plus triste qu’un amour désenchanté de continuer à vivre sans aimer ?

Il est un tour que de séduire une autre pour sentir que ce que tu veux t’échappes, alors sans doute qu’animé de jalousie, tu prendrais la mesure de ta chance de revoir tes stratégies, mais emportés par les vains désirs et un égo intransigeant à te croire au centre de toutes les choses, même de l’univers, à te croire invulnérable, irremplaçable et plus que désirable, les lignes traçaient de naïves illusions. Pourtant espérant que tu vois en toi les clairs reflets du diamant et qu’accordant une confiance à une âme résignée, l’amour plus fort que la loose cheminerait pour contourner la tragédie d’un échec, mais l’assurance te manquait et sans vision, sans argent et avec trois sous de confiance, face aux vertiges de mes peurs, j’attendais qu’une chose, le feu vert pour sentir ta liberté m’emprisonnait.

Quelle drôle de règles que de me tenir à distance, toi si pure et si légère, toi à l’esprit sans frontières, tu t’handicapes à la jouer solo, mais écoute l’écho raisonné hurler à la vie et à la mort, marchons et abreuvons nos sillons !

J’imagine mille choses d’une histoire qui n’a pas commencé, alors si la conséquence est d’être déçu de l’amour d’un regard éprouvé suite à une expérience malheureuse, devrais-je maudire ce monde que j’aime tant et pour lequel j’ai tant donné, l’état sauvage de la nature rappellera sans doute que pour le bien de la communauté, il est plus sage de voir le verre à moitié plein, alors pourquoi décrire les lieux d’une beauté universelle, à la sensualité si raffinée, à l’odeur de lavande parmi les chemins de rosiers et les chants envoûtants des oiseaux, si c’est pour traverser un pays plat sans saveur et sans goût ?

Accroupi, les yeux gonflés par les flammes, son absence cueillait dans la chambre pleine d’ombre, les nuits d’été à l’attendre, alors s’étendait sur la corde à linge mille songes, envoyant aux ruelles étroites son sourire éclairant le visage et nos échanges déroulaient le fil rouge d’une aventure à bâtir comme deux regards empruntent la même direction, l’un travaillant à la poursuite de ses rêves, et l’autre imaginant une passion réciproque à la manière de deux destins brisés faits pour se rencontrer, l’histoire de la belle et la bête version 2023, la femme martyre à genoux devant les fientes d’oiseaux et le fou échappé de la cour du lycée cherche un sens à ce qui ne s’explique pas. Les interprétations voyageaient parmi les hypothèses les plus diverses, mais surtout les angoisses du lendemain et les indiscrétions matérielles, c'est-à-dire le poids du portefeuille, alors sans prendre la mesure du bonheur, nous avancions sur les pentes de l’église Saint-Etienne-du-Mont et tu riais oubliant les problèmes, et te sentant fragile de par les blessures ouvertes d’une rupture récente à moitié désirée, le vide à combler de la force que tu semblais demander comme le pan d’un glacier fondu sous l’effet de la colère, le miroir de ma petite condition me renvoyait à me croire fort, alors que j’arrivais à peine à tes chevilles. Pourtant, dans cette épreuve, tu surmontais les faiblesses sans ton excalibur, sans réelle joie et déraciné de ce qui te faisait avancer, tu te faisais une raison et peut-être était-ce la porte pour une remise en question, les sentiments à fleur de peau, tu libérais ton chien et c’était terrible de sentir ta grandeur défigurée par l’école de la vie.

Noyer dans la ville, le vent hurlait à nos oreilles les choix que l’on se refusait, le film se déroulait et je buvais tes paroles et comme un reflet à la surface de l’eau bariolé par l’atterrissage d’un oiseau, l’image se déformait et l’esprit paumé cherchait une branche à laquelle se rattraper, et plus j’essayais et plus je m’éloignais de l’objectif à atteindre pour m’enfoncer un peu plus à la lumière sombre d’un désir impossible de prendre soin de toi, et le temps nous rattrapait et la gloire d’un artiste devant la charité semblait être le poison de te désirer sans pouvoir te l’avouer. Nos cœurs ravalés espéraient l’impossible et que je te prenne la main, ou que je plonge dans les recoins de ton âme dans l’azur de tes yeux, je n’arrivais à rien et délesté d’un poids trop lourd à porter, tu m’échappais ! Toutes les choses à barrer sur la liste se floutait devant notre ignorance, l’ignorance de se quitter sans avoir tenté de s’aimer, s’aimer autour d’un verre de vin, s’aimer pour un rien, un rien du tout qui serait tout.

La mélancolie glissait dans nos veines et étouffait nos envies, elle de retrouver son chez soi et moi de la suivre, l’hypocrisie brûlait nos maisons de paille, le désordre allongeait les ponts de sucre et les frustrations grandissaient.

Insoumise, elle se résignait à m’écouter et au détour d’une rue, du miel sortait de ses lèvres pour combler de générosité un désir non assumé, alors infidèle telle une crapule parce que la clairvoyance tranchait comme la lame d’une épée, par pur plaisir et aussi par immaturité, je jouais au con de faire naître un caprice et je lui fermais la porte au nez.

Les choses auront-t-elles été autrement si j’avais été moins contrariant, pas sûr, les cartes sont dans ses mains, et qu’elles peuvent être dans son livre d’enfance les douces folies qu’elle imagine, car je m’accroche aux maigres espoirs de partager ses rêves, à parcourir les territoires à pieds et à dos de cheval ailé, un monde vidé de son sens auquel le poète sur les plaines d’Orléans cueillerait sur le bord de la route, la vigne à peine sucrée, un peu de soleil tenu dans la main, la joie de sentir son parfum et la délicate conscience compréhensive. En somme un amour réciproque pénétré par les joies et les tristes échecs, mais regardant d’un œil neuf la décrépitude du monde.

Elle prenait le visage de paysages, de gens, d’objets, elle prenait la forme des habitants d’une ville et partout je m’étonnais dans les reflets de la découvrir syndicaliste, infirmière, carte postale ou armoire, car partout les signes se multipliaient, à la télé les publicités annonçaient le délai avant qu’elle veuille bien me contacter, est-ce la chaleur de l’été qui me tape sur le système, ou est-ce les signes d’un amour qui crie au beau milieu de la ville ?

Elle cambriolait mes pensées, mes désirs et mes rêves, je projetais à travers son image mille choses avec laquelle je m’autorisais de dire avec passion, il est possible de les réaliser. Le soleil brûlait tout ce que je regardais, les silences semblaient dénouer chaque problème et au fond de mon cœur, j’attendais l’instant que le brasier s’enflamme, j’attendais qu’elle attise le feu et qu’elle jette son dévolu sur mes espoirs, afin de mieux la repousser et faire grimper le désir, et pour toujours la tenir à distance, je refroidissais ces ardeurs, parfois même je riais de ces ruses, alors que d’autres fois, je culpabilisais devant mon étroitesse d’esprit.

Je m’imaginais partager un restau en tête-à-tête avec elle, j’étais bien à la sentir près de moi, mais n’étais-je pas entrain de dérailler, que de croire en une amie imaginaire, je percevais toute la puissance, toute cette lumière dont elle m’éclairait, mais son absence me faisait froid dans le dos. Comment prendre au sérieux les rires de sentir une présence sans qu’elle soit là ? Je fonçais tout droit sans regarder dans le rétroviseur, le rêve de ceux qui rêve concerne ceux qui ne rêvent pas, j’étais esclave et soumis, je buvais de son eau, ma conscience se voilait la face sous la toile qu’elle tissait, les courants d’airs frémissaient aux chants assaisonnés des voyageurs essaimés par le convoi de ces envies, les routes se découvraient de petites subtilités à travers un geste, une attitude, le vrai et le faux se mélangeaient comme un bon vieux vin mêlé à un copieux repas, parfois les larmes chaudes coulaient sur mon visage, je l’entendais s’étonner et je sentais monter l’étincelle près à faire exploser le cratère du volcan.

A cet instant, j’aurais tout donné pour qu’elle soit près de moi, à vivre simplement le vrai sous la forme des sentiments les plus purs, sa volonté me donnait des ailes et je franchissais les montagnes et le petit ruisseau dévalait la vallée, les paysages coupaient le souffle, le ciel bleu élevait nos âmes et nous marchions sur les chemins de pierres, mais la vérité c’est que je n’avais aucune idée de ce qu’elle pensait, et de combien de temps encore j’allais l’attendre, peut-être riait-t-elle de mes fabulations, peut-être avait-t-elle d’autres intentions, elle récoltait les graines semées et la connaissant, j’imaginais bien qu’enlever la pellicule, tremper le noyau dans l’eau et faire pousser les racines, elle partagerait bien le même délire que moi, mais son coup d’avance, sa liberté, son ombre et mon être qui dépendait de ses choix doutait, devant l’aveugle obsession de croire être confiant dans cette situation improbable. Mais alors, ne serait-ce qu’un amour improbable ? Un vulgaire coup d’essai pour tuer le temps et l’ennui, un amour sans horizon comme une carte jetée au hasard dont la joie ne ferait ni chaud ni froid ?

L’onde communie et regarde le chemin parcouru, un chemin noir ou sort l’azur et dans l’écœurante chaleur, mon âme priait, tentant de soudoyer le bon dieu d’agréables auspices espérant ses faveurs sans trop de rancœur, espérant aussi un appel à enflammer les remparts pour commencer le siège, et plus encore, qu’elle dorme sur le lit douillet près de la main qui la nourrit, alors au pied du lit, elle savourerait les fruits de la corne d’abondance.

J’inventais le galion qui croisait les mers pour trouver la clé de son cœur, mais à la lisière des forêts de Saint Rémy de Provence, qu’attendait-t-elle de plus de ce cheval à ajouter à sa collection, quelle route souhaitait-t-elle pour son carrosse ?

Conscient de son pouvoir et tel un objet de son sac à main, je désirais être utile, mais elle seule avait les clés de l’énigme, son caractère impulsif n’avait de bon que pour éloigner l’indifférence, son intuition repeignait les erreurs en couleurs, elle condamnait le chagrin et me pénétrait de ses caresses, alors dans l’ivresse de l’illusion d’un baiser, le désastre se révoltait devant l’ennemi, les frissons soufflaient et j’espérais encore…

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