La Blanche Loye, un vin à remonter le temps...

Saviez-vous qu’avant 1900, les vins blancs de Neuchâtel étaient bus après 3 à 4 ans d’élevage voire parfois beaucoup plus ? Ainsi, lors du Concours Agricole de Colombier en 1849, le vin d’honneur était un Blanc de 1834 (image ci-dessous)… un vin de quinze ans !

Un auteur anonyme écrit en 1822 que le vin de Neuchâtel reste en tonneau entre 2 et 8 ans, mais qu’après un séjour de cinq à six ans en fût, les vins perdent généralement leur force et leur arôme. Ces chiffres nous laissent admiratifs. Les anciens étaient d’incroyables vinificateurs !

Fort de ce constat historique, j’ai eu l’envie de créer un vin qui pourrait s’apparenter à ce qui se faisait avant 1850. Mon ami et conservateur du Musée de la vigne et du vin du château de Boudry, Patrice Allanfranchini, a orienté mes recherches et m’a conforté dans cette idée.

Il nous a fallu du temps pour maîtriser les anciennes recettes qui permettent au vin de s’épanouir plus tard et de conserver sa fraîcheur.

Au moment de baptiser cette cuvée, Patrice m’a expliqué qu’avant le 19ème siècle, chaque région donnait à ses cépages des noms particuliers. Le terme « blanche loye » ou « fine loye» désignait le raisin blanc et le vin blanc de Neuchâtel. Le nom était tout trouvé !

Aujourd’hui, la Blanche Loye fait revivre cette tradition de vin blanc de garde. Elevé sur ses lies dans des tonneaux en chêne, c’est un authentique Neuchâtel Blanc qui s’apprécie avec plusieurs années de bouteille. Il se déguste autant à l’apéritif qu’avec un poisson du lac ou un fromage du Jura.

A la dégustation, l’attaque est minérale, le nez développe des notes de tilleul et de noisette. En fonction de son âge ou de son millésime, une aération lui permet de développer ses arômes de fruits. La bouche crémeuse est portée par une acidité rafraichissante et quelques fines bulles nous rappellent qu’il s’agit bien d’un chasselas neuchâtelois.

Laissez-le vieillir, il vous étonnera. Notre Blanche Loye 2010 a d’ailleurs gagné une distinction lors du dernier concours Swiss Vintage Award 2020. Cette dégustation récompense les crus qui se distinguent par un potentiel de vieillissement optimum 10 ans après leur production.

 Sources : Patrice Allanfranchini et la Nouvelle Revue Neuchâteloise