La démarche de programmation urbaine et la « transition » en question.
© François Meunier

La démarche de programmation urbaine et la « transition » en question.

La programmation urbaine est une démarche interdisciplinaire qui vise à préciser les fins d'un projet, en représentant tout au long du processus les intérêts du territoire. Elle permet de faire dialoguer les conditions territoriales avec les conditions opérationnelles et favorise la conduite de démarches partenariales et participatives.

Cette démarche de programmation est ainsi une pratique contemporaine de l’urbanisme opérationnel, plus territoriale, plus inclusive et plus prospective. Elle constitue une étape essentielle pour le développement d'un territoire, en fournissant une stratégie globale pour le développement urbain. Elle contribue à articuler les champs politiques et opérationnels, produire des synthèses stratégiques et agir en transversalité.

L'urbaniste peut jouer ce rôle, en tant que programmiste urbain avec son équipe interdisciplinaire, en contribuant à faire évoluer la pratique de l'urbanisme de projet, en particulier l'urbanisme dit « opérationnel ». La démarche de programmation révèle ainsi de nouvelles postures et méthodes, à acquérir, permettant de recomposer la pratique de l'urbanisme pour mieux répondre aux défis contemporains des développements urbains et territoriaux.

 

Du fait de son positionnement, la programmation urbaine, qui prétend renouveler les pratiques de l’urbanisme opérationnel, contribue très largement à inscrire dans son exercice la conduite de la transition territoriale de nature écologique, sociale et économique. Cette transition vise à transformer les représentations et les modalités traditionnelles du développement en introduisant la valeur structurante du temps long dans l'action à opérer et un point de vue plus territorial à l’action à mener.  Cette transition vise à changer les pratiques de fabrication du territoire et de la ville, pour plus de sobriété, de résilience, mais aussi plus d'inclusion des parties prenantes.  Elle pense le court et le moyen terme de l'aménagement à l'aune d'enjeux structurants qui posent l'hypothèse de nouveaux modes de vie, voire l’émergence d'une « nouvelle société urbaine » corrélée à des espaces appropriés, pour lui permettre de s'épanouir sans prendre le dessus sur son propre milieu, mieux, pour faire fructifier ce dernier au profit d’un épanouissement mutuel.

Certaines pratiques de projet montrent leurs limites, telles que les planifications incantatoires, les politiques de développement déconnectées des ressources réelles du territoire, les approches dites « environnementales en aménagement », parfois par trop conditionnées et limitées par des finalités techniques ou réglementaires, ou encore la conception spatiale qui émerge trop souvent déconnectée du contexte, de ses usages et du milieu qui le caractérise.

La démarche de programmation urbaine est un atout pour interroger et renouveler les pratiques de projet. Elle formule des hypothèses structurantes et permet de lier les acteurs au territoire et au lieu qui est à ménager ou à transformer. Elle permet de lier la gouvernance, l'action et le sens pour offrir une matière à penser qui peut servir de révélateur à la transition.

La démarche de programmation urbaine est fondée sur la responsabilité de ce que l'on fait sur le territoire, en connivence avec ce dernier. Elle porte l'appréhension holistique des problèmes à résoudre et l'appréciation du temps long, chevillée aux qualités des contextes locaux, humains et de développement. Elle est outillée pour associer au projet les acteurs concernés, apte à croiser les enjeux écologiques, du « vivant » au sens plein du terme, aux acteurs et usages. Elle est sans doute bien placée pour guider et orchestrer, d'un point de vue stratégique et opérationnel, cette transition territoriale, de nature écologique, sociale et économique.

La démarche de programmation urbaine permet de créer les conditions d'un espace de dialogue et de débat, à part entière, pour penser le sens de l'opération d’aménagement. Elle inclut l'ensemble des parties prenantes, pour mieux comprendre les problèmes, coconstruire les hypothèses et les réponses à apporter, les expérimentations à réaliser. Elle pense le projet depuis le temps long et le grand territoire dans lequel l'opération d’aménagement se développe, s'inscrit dans une chaîne de valeur du territoire à l'ouvrage, représente les intérêts de la maîtrise d'ouvrage urbaine élargie aux habitants, et par conséquent les intérêts du territoire. Elle articule développement et aménagement, constitue un nouveau paradigme dans la fabrique du territoire et de l’urbain, notamment comme prototypage des conditions d'une démocratie locale participative, et d'action dans la perspective de produire des preuves d’actions vertueuses pour l’aménagement et le territoire.

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