La Jauría (L'Eden)

Coproduit en France par Lou Chicoteau et Jean-Etienne Brat avec le soutien du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) , lauréat du Grand Prix à la Semaine de la Critique - Cannes , L'Eden (titre choisi pour la sortie française de La Jauría) propose une alternative poétique au cinéma dominant, mais hélas dans un nombre limité de salles (vu dans la salle n°6 du MK2 Beaubourg). L'économie de moyens visible à l'image est cohérente avec la sobriété du récit. Le réalisateur a choisi un décor évocateur d'isolement et de mystère, une forêt épaisse dans laquelle une sorcellerie diffuse s'empare des corps et s'en nourrit. Des âmes perdues, tout en doutant de leur appartenance à la nature, y cherchent la rédemption. Des auteurs de crimes impardonnables semblent attendre de la jungle pardon tout autant que punition. La mise en scène s'attarde, étirant légèrement le temps qui passe, dans un monde déconnecté, sans téléphone, sans ordinateur, mais avec quelques lampes, et un unique rayon de soleil. On pourrait redouter une noirceur complaisante, un pessimisme déprimant (la représentation de la jeunesse colombienne n'est pas tendre), mais la narration, ainsi que la beauté des cadres offrent plutôt un moment d'évasion d'un exotisme très séduisant.