La réalité derrière franceinfo:
Cela fait plusieurs jours que je scrute le rodage de franceinfo : sur le web, à l’affût de détails pouvant valider le déversement de critiques sur la catastrophe annoncée d’une chaîne dont on a rien vu. Une critique française, donc. Mais quelle lune ORTFienne a bien pu piquer France Télévisions, Radio France, l’INA et France 24, attelage au combien précaire à l’aune des remaniements politiques, pour se lancer dans une galère pareille ?
Déjà, les circonstances de la naissance ! Qui sont les vrais parents ? Delphine Ernotte ou François Hollande ? L’horizon de 2017 prêterait à à l’occupant actuel des velléités de maîtrise de l’information. Sincèrement, c’est peut-être vrai, mais le privé a démontré de par le passé qu’il savait être très zélé aussi. La raison est certainement (aussi) autre.
Une initiative suicidaire ?
Ensuite, le nom. La logique aurait voulu de que cela soit FranceTVInfo, la marque digitale développée depuis des années par France Télévisions, avec sa rédaction dédiée. Non, ça sera franceinfo :, sans le TV. Branle-bas de combat des Sociétés de Journalistes, c’est FTV qu’on assassine, ou France Info radio. Au choix.
Le marché aussi. LCI a failli passer de vie à trépas il y a quelques mois, et pas de profits prévus avant 2019. CNews (nouveau nom de i-Télé) perd de l’audience (-30% d'audience en août) et 25 millions d'euros par an. Seule BFMTV avec une audience entre 2 et 3% est rentable avec 10 millions d’euros de résultat net en 2015 pour un budget de 60 millions d'euros. On ne parle même pas de France 24… Dans ces conditions, lancer une nouvelle chaîne d’infos continue paraît suicidaire.
Enfin, le temps de gestation. Quelques mois à peine, un bazar pour trouver des personnes en interne qui osent l’aventure, des frictions avec les équipes en place…
Un mille-feuilles assez stylé
Oui. Sauf que.
A la lueur des premiers programmes, quelque chose semble se dessiner d’intéressant. Ce qui pourrait être un mariage de la carpe et du lapin pourrait ne pas donner lieu à un Frankenstein audiovisuel mais plutôt à un mille-feuilles assez stylé.
Certes, on sent bien que l’équilibre est encore compliqué, puisque la grille est composée d’une multitude de prises d’antennes entre les acteurs qui nourrissent la chaîne. Un train lancé à vive allure avec des changements incessants d’aiguillages et aucun déraillement de toléré.
L’habillage est sobre, les sonals assez apaisants inspirés de BBC World Service (si si, écoutez) composés par Jean-Michel Jarre (comme quoi…),
Et en fait, j’y crois pour cinq raisons.
Les lignes d’un nouveau service public
Car les équipes de l’audiovisuel public – reconnues pour leur professionnalisme - ont envie d’innovation, de nouveautés, de bouffée d’air.
Car France Info (radio) a besoin de se trouver un nouveau souffle.
Car l’alternance des formats – à la fois sur le web, les mobiles, les tablettes, et la télévision (canal 27) – va donner un mariage de saveurs très surprenant, une nouvelle recette alternant live et archives.
Car la chaîne a sa disposition plus de 3.000 journalistes jusqu'au fin fond de la France, et que France 24 va pouvoir enfin avoir une fenêtre de visibilité autre que celle actuelle à l’international.
Car enfin il n’est pas un hasard si le nom retenu est franceinfo : en exploitant la légitimité et la notoriété de la radio, cette chaîne est avant tout un projet managérial qui a pour objet de resserrer les liens d’un audiovisuel public financièrement exsangue et de lui faire faire des économies d’échelle, de faire travailler des rédactions entre-elles (alors que la fusion France 2 et France 3 patine grave) et de leur en montrer les vertues, de donner un projet commun à des sociétés qui jusqu’alors s’ignoraient, et peut-être d’écrire les lignes d’un nouveau service public à venir.
Pour moi, c'est télé, mais inspiré du web, directe, avec une pointe d'humour. Une chaine conçue en 2016 donc, et pas il y a 20 ans sur le modèle de CNN qui en a plus de 30.
Réponse dans quelques semaines.
Regional Sales Manager - Region Sud
7 ansPour ma part, et ce depuis quelques semaines seulement, franceinfo: est devenue ma première référence en terme de chaîne d'information en continue. Les sujets sont abordés de manière claire et innovante, des mini-reportages de quelques minutes zooment sur une notion, un courant ou une anecdote souvent intéressante et les invités sont variés. Le tout bien ficelé par l'équipe qui relaie immédiatement les infos sur les réseaux sociaux. A regarder attentivement pour les sujets clés ou à écouter en fond sonore en faisant la cuisine !
Office manager chez Gramméo
8 ansJe ne sais pas. Pour le moment, c'est surprenant et on sent un petit côté nous débutons soyez indulgents. .. a suivre donc.
La réalité derrière FranceInfo: c'est aussi que l'État s'obstine à financer sur les deniers publics une quinzaine de supports (TV & radio) dont certains sont excellents et sans équivalent certes. Mais comme vous le soulignez justement, d'autres peinent souvent à travailler ensemble (de façon chronique c'est-à-dire délibérée) et sont financièrement exsangues. Des supports qui pour certains sont en frontal avec le privé qui pourtant sait lui aussi être professionnel. Tout cela est-il bien raisonnable?
Sales Account Officer at BCE // sports addict
8 ansEffectivement, le résultat est plutôt intéressant, moderne et vivant
Formatrice en communication BTS et formation d'ingénieurs.
8 ansComme Damien , au début j'étais dubitative...Pour ce que j'en ai vu, le côté couteau suisse numérique et la multitude de prises de paroles d'intervenants qui semblent tout à faits compétents.. à suivre mais j'y crois plutôt.