La santé aux urgences

Confier les rênes d’un ministère à un professionnel du domaine n’entre pas vraiment dans la case révolution des remaniements et on peut intuitivement penser qu’un médecin, a fortiori un urgentiste et président du principal syndicat de la corporation, est tout indiqué pour commencer à traiter, sinon l’organisation du système de santé national, du moins celui des urgences hospitalières.

C’est en tout cas ce que suggère la désignation de François Braun, à la tête de l’un des portefeuilles les plus piégeux du gouvernement. Le grand public le connaît encore mal mais il y a fort à parier que les nouvelles mises en tension dues à la énième vague de Covid ne vont pas tarder à en faire l’une des vedettes estivales du monde politique.

Le Dr. François Braun, président du syndicat Samu-Urgences de France et chef de pôle du service des urgences du CHR de Metz est pourtant déjà loin d’être un inconnu dans le secteur où il ne semble pas faire l’unanimité.

Son collègue – et donc rival par principe – Christophe Prudhomme, porte-parole des médecins urgentistes de France, a immédiatement réagi en affirmant que cette nomination « frisait la provocation ». Question d’habitude sans doute puisque c’était déjà mot pour mot ce qu’il avait déclaré lors de la nomination d’Olivier Véran avenue de Ségur...

Même si l’on peut légitimement douter que les 41 propositions de « l’enquête flash » que lui avait confiée Emmanuel Macron suffisent à régler le problème de l’hôpital, peut-être serait-il sage, avant de le descendre en flammes, de savoir quelle sera la politique globale de santé publique que François Braun entend mener et notamment comment il pense intégrer la prévention qui fait désormais partie intégrante de la dénomination de son ministère. Encore faut-il, c’est vrai, que ce gouvernement ait un peu de temps devant lui...

Jacques DRAUSSIN