La thérapie, c'est un peu comme ranger sa chambre...

(C'est pénible, mais quelle satisfaction quand c'est terminé !)

Depuis quelques semaines, en encore plus ces derniers jours, je me suis lancée dans la préparation d’une nouvelle formation que je vais animer la semaine prochaine. Il s’agit d’une formation sur les enjeux relationnels du placement en famille d’accueil thérapeutique. Et si j’ai souvent donné des formations sur les relations familiales, sur la parentalité, le positionnement pro ou encore les conséquences possibles de la maltraitance, là j’avoue que c’est une grande nouveauté. A fortiori parce que je ne connaissais pas du tout ce métier en particulier.

Donc comme pour chaque nouvelle thématique de formation, j’ai plongé tête baissée dans tout ce que je pouvais trouver pour alimenter  et actualiser mes connaissances : livres, rapports d’études, documentaires … Tant et si bien que je suis arrivée à ce point de « putain j’y arriverai jamais, y a trop de trucs à dire »

Et là, je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé aussi, mais moi, perso, je redeviens la petite fille qu’on a envoyé ranger sa chambre, qui regarde le bordel monstrueux qu’elle y a mis et qui se sent envahie d’une sortie de désespoir infini parce qu’elle ne sait pas, mais alors pas du tout, par où commencer. Vous l’avez ? Je me souviens que la petite Florence, elle aurait aimé qu’un adulte la prenne par la main et lui dise "regarde on va commencer par ce coin", ou encore "on va rassembler les légo d’abord". Parce qu’au final ce qui ressemblait à un chantier sans fin n’était pas non plus si foufou.

Ce matin, je me suis donc pris la main, en disant « allez regarde, on  va commencer par mettre toutes les notions qui semblent importantes à aborder». Ensuite, j’ai pu trouver des exercices, des approches, des jeux pour amener à ces notions. Et petit à petit la structure de mes trois journées était sur le papier.

Maintenant il me reste encore pas mal de boulot, mais cette sensation de flou, de « je ne vais jamais y voir clair », hop, c’est bon, elle est derrière moi !

Et pendant que je faisais ça et que je me regardais le faire, je me suis dit « Bon sang de bonsoir  [non je déconne, je ne dis jamais ça] Ce sentiment d’être submergé, envahi, c’est souvent ce que les personnes que j’accompagne en thérapie me partagent. »

Combien de fois n’ai-je pas entendu « ohlala ça n’a ni queue ni tête ce que je vous raconte », « je passe d’un sujet à l’autre, vous ne devez pas y comprendre grand-chose » ou encore « pfiou que c’est compliqué tout ça, on ne va jamais s’en sortir »…

C’est la raison pour laquelle, très souvent, et même dans le petit livret que j’envoie avant la première séance, je préviens que la première voire les deux premières séances, on va simplement échanger, faire connaissance, que ça peut donner l’impression de partir dans tous les sens. ET QUE C'EST NOR-MAL !

Une vie c’est complexe, il y a plein de choses importantes, plein d’éléments, plein d’évènements… Donc oui ça sort un peu comme ça vient, pendant qu’on le raconte… Mais tout est en réalité lié et peu à peu, ensemble, on va démêler la pelote pour en retirer le fil, en comprendre le sens et pouvoir avancer. Dans ces cas-là, c’est un peu moi qui donne la main pour dire « tiens si on allait explorer de ce côté », ou encore « et ce truc, vous pouvez m’aider à mieux le voir ? » et rapidement la personne s’oriente vers ce qui est vraiment important pour elle, par rapport à la problématique qui l’a amenée à me consulter.

C’est vraiment pour ça que je vois la thérapie comme un travail en partenariat. Sans vous, je ne peux pas avancer. Et vous, vous avez besoin de quelqu’un qui vous accompagne, en vous suggérant, en voyant les choses sous un autre angle. Et surtout pas qui fasse à votre place… Parce que mon but, c’est que vous puissiez lâcher ma main pour poursuivre votre chemin !