L’agilité : la réponse aux 65% des salariés français totalement démotivés au travail ?

Selon une étude de l’Institut Gallup, 65% des salariés français seraient totalement démotivés, et seulement 9% seraient motivés et proactifs. Face à ce constat, BCG voit comme seul « remède à la crise managériale actuelle » l’agilité — c’est-à-dire la création d’équipes « autonomes, interfonctionnelles et responsabilisées », mais qu’est ce que cela signifie réellement dans l’entreprise ?

Faire le pari de réinventer l’entreprise

L’étude est claire, le rêve de devenir manager n’est plus : en France, ils ne sont plus que 37 % à souhaiter conserver leur poste actuel et 24 % préféreraient même « conserver leur emploi actuel, plutôt que d’accepter une promotion » et de recevoir des responsabilités de gestion. 38 % des managers français vont jusqu’à penser que leur poste aura disparu d’ici 5 à 10 ans ! Tout comme les collaborateurs qu’ils encadrent, les managers « veulent aussi plus d’autonomie, plus de contrôle sur leur charge de travail, et une plus grande reconnaissance de la part de leur hiérarchie ».

Cette philosophie, le célèbre PDG de GT Location Michel Sarrat pourrait en parler mieux que personne. Ce visionnaire a fait en effet le pari de totalement réinventer l’entreprise de son grand-père, une structure spécialisée dans le secteur du transport routier. Dans son livre Nous réinventons notre entreprise le dirigeant raconte les étapes de la transformation de son entreprise et les précieux résultats engendrés par des efforts concentrés sur l’intelligence collective. Son ambition a été de replacer l’humain au centre de l’entreprise en privilégiant un management participatif et horizontal. Il donne ainsi à voir le témoignage de la puissance de l’engagement des collaborateurs quand on leur accorde suffisamment de confiance… Un changement qui aura été porteur pour le dirigeant notamment lors de sa transformation récente début 2019.

Pour nos entreprises en 2019, ne pas s’emparer de ces nouveaux enjeux de management c’est prendre le risque de payer à terme la note (très salée) de la démotivation de ses collaborateurs qui, bien souvent, conduit à des départs prématurés, des démissions et un turnover important. C’est sans compter la marque employeur qui souffre de l’image qu’elle projette auprès de talents potentiels.

L’agilité pour lutter contre la démotivation

Ainsi, d’après BCG, l’agilité consisterait à aller vers des équipes « autonomes, interfonctionnelles et responsabilisées » pour mieux répondre à l’attente des managers. Ainsi, un manager agile c’est un manager qui responsabilise ses collaborateurs et qui les laisse avancer librement pour se diriger peu à peu vers une prise de position davantage horizontale. Il est facilitateur et aide ses équipes à définir la vision sur laquelle ils vont se concentrer pour développer par la même occasion leurs compétences. En résumé, c’est déployer un management bienveillant au sein de l’équipe qui se veut à son service.

Pour le manager il s’agit donc de d’abord d’être le porte-parole de son entreprise pour partager sa vision au plus grand nombre afin de renforcer le sentiment d’appartenance des collaborateurs. Aussi, avec une nouvelle génération d’actifs de plus en plus regardante sur les valeurs portées par l’entreprise, il est essentiel de travailler sur la cohérence de ces dernières et de les faire vivre. Et si l’autonomie est au cœur de ce management agile, il ne doit pas exclure les feed-back et les échanges réguliers avec les collaborateurs pour mieux les orienter et les mettre en confiance. L’essentiel étant que chacun se sente utile dans la mission qu’il entreprend...

Investir sur l’humain, durablement

Vous l’aurez compris, il s’agit de mieux prendre en compte besoins managers pour qu’eux-mêmes prennent en compte ceux de leurs collaborateurs. L’humain est en effet un levier de performance pour l’entreprise, il est donc nécessaire de le soutenir et de le valoriser. Face à la problématique de la fuite des talents, de leur fidélisation pour éviter un fort turnover, il s’agit de « retenir » les équipes, il est urgent de s’interroger sur la façon dont il est possible de conserver ses forces vives, plus particulièrement les plus jeunes qui ne trouvent pas toujours satisfaction. Quand on investit sur une personne, il est encore plus lourd pour l’entreprise de re-investir à nouveau en cas de départ. Pour les entreprises, il existe une nécessité d’être accompagné pour sortir de l’isolement, de l’impasse dans laquelle elles se trouvent lorsqu’elles doivent se séparer de leurs meilleurs éléments pour un simple problème humain. De cette façon, c’est se garantir une dynamique interne et prévenir des éventuels départs.

Norbert GERARD