Larry Rivers, grand-père Pop art
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Larry Rivers, grand-père Pop art

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Artiste américain emblématique du XXème siècle ayant les pieds à la fois dans l'expressionnisme abstrait et dans le nouveau réalisme, Larry Rivers est aussi considéré comme le grand-père du Pop art.

Rivers multifaces

Fatal, le trimestre estival de l'année 2002 a vu les artistes Niki de Saint Phalle, Yvaral, Erik Dietman ou encore Jiri Kolár s'éteindre un à un. La loi des séries se terminera en août de cette même année, lorsqu'à l'aube de ses 79 ans, Larry Rivers a fermé les yeux pour la dernière fois sur un monde qu'il a contribué à changer. Acteur, réalisateur, écrivain, artiste et même jazzman au début de sa carrière, Yitzrocj Loiza Grossbery de son vrai nom, est né en 1923 dans le Bronx de parents juifs originaires d'Ukraine. Polyvalent, curieux, touche-à-tout et singulier, il est toujours resté en retrait des courants principaux, élaborant son travail entre expressionnisme abstrait, nouveau réalisme et, déjà sans le savoir, Pop art.

Homme de plusieurs vies, Larry Rivers qui changea de nom en 1940 d'après son premier groupe de jazz Larry Rivers and the Mudcats, étudie tout d'abord à l'école de musique de la brillante Juilliard School (New York). C'est entre ces murs qui ont vu défiler nombre de futures personnalités, qu'il se lie d'amitié avec Miles Davis, pionnier et superstar du jazz américain. Demeuré proche jusqu'à la mort du trompettiste en 1991, Larry Rivers abandonne pourtant rapidement les notes et les mélodies pour les toiles et les pinceaux lors de la fin de ses études basées sur l'éducation des Arts à l'Université de New York. A peine sorti des bancs de l'école, cet ancien disciple de Hans Hofmann et William Baziotes voit sa carrière décoller rapidement. Ses nombreuses traversées de l'Atlantique entre New York et Paris, ainsi que sa tournée des expositions en Italie et en Angleterre, lui permettent de rencontrer les souverains de l'expressionnisme abstrait comme Pollock, De Kooning et Frankenthaler. Il noue également des relations avec les poètes John Ashbery et surtout Frank O'Hara. De ce dernier naîtra un grand portrait, nu mais botté, qui constitue une ode à l'amitié et l'homosexualité. En 1949, pour la première exposition de Larry Rivers à la Jane Street Gallery de New York, O'Hara affirme que "Rivers est entré en scène comme un téléphone en délire. Personne ne sait s'il faut le mettre dans la bibliothèque, dans la cuisine ou dans les toilettes, mais il est électrique". Et éclectique, proche de la Beat Generation de Jack Kerouac, il donne également dans le cinéma en jouant le rôle de Milo dans Pull My Daisy.

"Sa personnalité le rend Pop art"

Le style pictural de Larry Rivers est quasiment indéfinissable. Il navigue entre nouveau réalisme, art figuratif et expressionnisme aux touches abstraites. Floues, immatérielles et adoucies, la plupart de ses toiles sont de larges champs vaporeux où se distinguent des figures aux traits marqués, minces et foncés. A l'instar de Paul Cézanne, Larry Rivers n'hésite pas à laisser des espaces blancs sur ses peintures pour attirer l'attention sur les espaces peints. Dans son côté nouveau réalisme, Larry Rivers s'est mis en avant en intégrant des éléments insensés et équivoques comme dans Double portrait of Berdie (1955).

"Outre son style de peinture unique, c'est sa personnalité qui le rend Pop art". En ces mots, Andy Warhol consacre Larry Rivers comme étant le grand-père du Pop art. Sa peinture est teintée d'ironie comme en attestent ses œuvres The Burial (1951) ou I Like Olympia in Black Face (1970). Il est l'un des premiers à peindre des objets usuels dans un contexte non-usuel et non-narratif. Confederate Soldier (1970) est en ce sens son oeuvre qui le lie le plus au Pop art. Cette pièce mêle techniques d'impression et de peinture pour représenter un soldat couché avec plusieurs drapeaux et éléments militaires flottant au dessus de lui. Il puise une partie de son inspiration dans l'iconographie des magazines et des affiches publicitaires, il produit dans cette veine des œuvres aujourd'hui célèbres comme Last Civil War Veteran (1953) ou Dutch Masters and Cigars (1963).


Dans les années 1990, le travail de Larry Rivers prit place dans de nombreuses expositions importantes comme "Public & Private" aux Etats-Unis, "Pop Art" de la Royal Academy of Arts de Londres ou encore "Réalisme américain et Art Figuratif" au Japon. Un éclectisme et une polyvalence qui caractérisent totalement cet artiste aussi insaisissable que talentueux, précurseur génial et source d'inspiration pour pléthore de peintres de talent, qui n'a pourtant jamais oublié son premier amour : "Contempler une œuvre d’art ou l’engendrer, faire l’amour, même… Je sus qu’aucune émotion n’égalerait jamais celle qui m’envahissait lorsque je jouais de la musique".

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