«Le Brexit, et après ?», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/

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Après le référendum du 23 juin 2016, le processus du BREXIT a été émaillé de tensions politiques, de crises nerfs, de batailles judiciaires, de rebondissements et de calculs politiciens en tous genres. Bien mal en a pris David CAMERON, qui jouait uniquement sur la peur d’avoir lancé ce référendum. Theresa MAY a essuyé un grave revers sur le sujet. C'est Peter WILDING qui aurait le premier lancé le terme de "BREXIT" (Britain Exit). Finalement, après 47 années d'adhésion à l'Union Européenne, c'est l'accouchement dans la douleur du BREXIT, ce 31 janvier 2020, à minuit. Et après ? «What is next ?», comme le diraient les Anglais.

Une transition jusqu’au 31 décembre 2020, est organisée pendant laquelle les citoyens britanniques et européens conserveront leurs droits de résider et de travailler dans leur pays d'accueil, et la liberté de circulation sera garantie. Ce sursis devrait permettre aux Britanniques et aux Européens de renégocier, un à un, quelque 600 accords internationaux (commerce, circulation des personnes, des marchandises et des capitaux, justice, défense, les droits de pêche, l'agriculture, le roaming de la téléphonie, etc.).

Le Royaume-Uni n’étant pas membre de l’espace Schengen, un passeport ou une carte d’identité sont déjà nécessaires pour s’y rendre. Le permis de conduire européen demeurera valable au Royaume-Uni dans les prochaines années.

A défaut d'un accord au terme de cette période transitoire, ce sont les accords bilatéraux qui prévaudront ; le bilatéralisme signifie, théoriquement, sans accord, que les Britanniques seront soumis en France au régime de la carte de séjour et devraient faire la queue à la préfecture de police, comme tous les ressortissants des Etats tiers. A ce jour, je n’ai jamais vu les Américains, les Australiens et les Canadiens soumis à ces mesures vexatoires, seulement réservées aux indigènes de la République.

Les partisans du BREXIT, comme Nigel FARAGE, jubilent, naturellement, estimant que cette Europe bureaucratique serait une atteinte à la souveraineté britannique. Les souverainistes ont, dès 2004, avec l'élargissement de l'union européenne aux pays de l’Est avaient déjà agité le chiffon rouge, insinuant un risque de déplacement massif de populations. Pour Boris JOHNSON, le premier ministre britannique, le BREXIT, ce qu’il avait promis, s’est réalisé : «ce n'est pas une fin, mais le début d'une nouvelle ère. Quels que soient les obstacles sur le chemin, je sais que nous réussirons», dit-il. Au-delà de ces fanfaronnades, conscient que le BREXIT a profondément divisé les Britanniques, Boris JOHNSON en appelle au patriotisme, à l'unité et à la réconciliation.

Il n'y a eu aucune réflexion politique sérieuse, en Grande-Bretagne, du rôle et de la place de ce pays libéral, dans un monde globalisé, sans l'Union européenne. Les partisans du BREXIT, dans leur grand chauvinisme, ont occulté aux Britanniques, les défis de l’isolationnisme qui les attendent. Le BREXIT est donc un saut dans l’inconnu. Dans ce sentiment de souveraineté reconquise, si les Britanniques sont sortis de l’Union Européenne, ils ne savent pas, pour autant, où  est ce qu’ils vont, sauf à retomber, plus que jamais, dans la dépendance de l’Oncle Sam, dans l’atlantisme.

L’Union européenne, de son côté, a perdu un très important partenaire. C’est un moment provisoire de victoire de tous les souverainistes européens. C’est une grave brèche ouverte dans la construction européenne. Après l’euro et l’ouverture aux pays de l’Est, est-ce le début de la fin de l'Union européenne ?

Dans tous les cas, la Grande-Bretagne est un grand État qui a besoin de l'Europe (1,3 millions de Britanniques en Union européenne). «Vous quittez l'union européenne mais vous ne quittez pas l'Europe » écrit le président MACRON aux Britanniques. L'Union européenne aura également besoin de la Grande-Bretagne (3,2 millions d'Européens vivent en GB). «Nous voulons que cela soit le début d'une nouvelle ère de coopération amicale entre l'UE et une Grande-Bretagne pleine d'énergie», a déclaré Boris JOHNSON.

BREXIT, alors, et après ? Rien ne change et tout va changer ? «Business as usual» comme le diraient les Britanniques. Mais l’Union européenne n’a aucune raison de faire de cadeaux aux Britanniques. Or, le monde des affaires n'aime pas l'incertitude. Pour les adversaires du BREXIT, c'est une période d'incertitude qui va s'ouvrir, pouvant aller jusqu'à 10 ans. Cela pourrait avoir des effets désastreux pour l'économie britannique.

L'Ecosse va-t-elle saisir cette occasion pour réclamer son indépendance ? Pour les partisans de l’Union européenne, le BREXIT est une triste fin, mais le début d’un nouveau combat, sans doute celui de l’indépendance.

Et quelle va être la place de l’Irlande du Nord, devenue la nouvelle frontière de l’Union européenne ? Bien des Irlandais pensent que le BREXIT conduira, irrémédiablement, à l’éclatement du Royaume-Uni, et donc favorisera le projet républicain d’une réunification de l’Irlande.

Paris le 31 janvier 2020 par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/

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