LE COMPLOT EXIGE UN ESPRIT RARE
Ceci n’est pas nouveau, beaucoup de nations, au travers de nombreuses époques ont utilisé l’information comme un outil de propagande, pour ou contre le pouvoir en place.
A l’heure de la surmédiatisation, des chaînes d’information en continu, des réseaux sociaux, il convient de s’interroger sur la véracité des informations qu’on y trouve.
A chaque événement comme celui que nous traversons aujourd’hui, les informations se bousculent, souvent de manière uniforme, et le simple fait de penser autrement est immédiatement qualifié d’approche complotiste.
Est-on complotiste lorsqu’on se donne uniquement la peine de réfléchir ?
Ainsi que l’a dit Michel Rocard « Toujours préférer l’hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante, le complot exige un esprit rare. »
Chacun de nous, ou en tout cas la plupart, maîtrise plutôt bien, un ou plusieurs sujets ou domaines.
Or, lorsqu’on écoute ou qu’on lit, des « spécialistes », des journalistes, des personnels politiques, traiter du sujet que l’on maîtrise, on s’aperçoit immédiatement d’un traitement partiel, et par voie de conséquence, partial.
Prenons un exemple factuel.
Notre Cabinet, historiquement, est dédié à la matière fiscale, domaine éminemment technique.
Actuellement, les services fiscaux sont à l’arrêt, on le constate tous les jours, puisqu’il suffit de tenter de joindre, par téléphone ou par mail, un Service des Impôts des Entreprises ou des Particuliers pour s’en rendre compte.
De manière identique, les conciliateurs fiscaux départementaux, pourtant oh combien importants en ces temps de crise, sont également injoignables.
Ceci est un constat, de professionnels de la matière. Il est aisément vérifiable pour qui s’en donnerait les moyens.
Mais, face à ce constat bien réel, le Gouvernement, privilégiant la communication à l’action, jamais dénué d’arrières pensées électoralistes, diffuse un message d’organisation des services publics, ici des services de Bercy, comme une « task force ».
Les journalistes de toute obédience relaient alors ce message, le transformant d’élément de communication, en information, et par voie de conséquence, en vérité.
Il suffit pour s’en rendre compte de parcourir « Les Echos » du 30 mars signé par Ingrid FEURSTEIN pour s’en rendre compte. Celle-ci écrit : « l’administration fiscale se trouve en 1ère ligne. Elle est passée en mode commando. »
Rien n’est moins vrai.
Actuellement, le personnel de Bercy est totalement en sous-effectif, la désertion est quasi-totale. Les fonctionnaires de Bercy, pour la grande majorité d’entre eux, sont chez eux, confinés, ne « télétravaillent » pas, car, soit ils prétendent ne pas avoir d’outils nécessaires au télétravail, soit ne sont pas garantis de la confidentialité des échanges….
Bref, la « machine » est grippée.
Et pour affirmer ces dires, je vous invite à contacter vos propres centres des impôts, particuliers ou entreprises, et constater de vous-même le résultat.
Ce n’est pas du complotisme, c’est la triste réalité.
Alors, la question qui se pose est la suivante :
Si ceci est constaté dans un domaine d’expertise que nous maîtrisons, est-ce complotiste de considérer que dans la plupart des domaines, voire dans tous, la même diffusion, non avérée, non vérifiée, peut également se réaliser.
Beaucoup d’entre nous ont des enfants, scolarisés, ou étudiants.
Peut-on réellement affirmer, en le constatant soi-même que les enseignants, dans leur immense majorité, ont déployé tous les moyens nécessaires pour poursuivre leur métier, leur mission, leur sacerdoce, dans l’intérêt suprême des enfants ?
A titre personnel, je constate, tout au contraire, un abandon quasi-total de mes enfants.
A l’école primaire, un mail par semaine avec une liste de leçons et d’exercices à faire. Aucun échange mail, téléphonique ou en visio par l’enseignante.
Au lycée, année de terminale de mon fils, l’emploi du temps habituel de 27 heures hebdomadaire est passé à 3 heures de cours par jour. Cours rapide en visio-conférence, et succession d’exercices.
A l’université, 2ème année de droit à la Sorbonne pour mon fils ainé, des devoirs à rendre par mail, pas de cours.
Et on entend, hier soir, à l’Assemblée Nationale, notre 1er Ministre, dire que les vacances sont nécessaires pour les enseignants et les enfants, qui en ont bien besoin.
Aucun journaliste, aucun « expert » ne remettra en cause cette communication insupportable. Ici encore, elle deviendra une vérité.
Je n’ai rien contre les fonctionnaires, ils sont nécessaires dans beaucoup de domaines, et, en l’état actuel des choses, nombreux sont ceux qui nous sont utiles.
Mais n’oublions pas dans ce pays où l’égalité est au fronton de notre devise républicaine, que les fonctionnaires sont les seuls actifs qui ne subissent aucune conséquence financière de la situation présente, quand bien même ils ne travaillent pas.
Pensons à tous les personnels contraints de ne pas travailler du fait de décisions de fermeture administrative, aux dirigeants d’entreprise qui ne bénéficient que de report de charges ou de solution d’endettement futur, ceux-là n’ont pas d’autre choix. Ils ne peuvent pas travailler, ou s’ils le peuvent, ils n’ont plus de clients, ou ceux qu’ils ont encore ne sont pas en mesure de les payer, et on ose parler de 1ère ligne, de 2ème ligne….
Puisque les journalistes profitent de cette crise pour nous noyer sous des informations, qu’ils fassent leur métier, pour une fois, et qu’avant de recracher un élément de langage, ils appliquent, pour eux-mêmes et pour la population cette maxime Rocardienne : « le complot exige un esprit rare. »
Avocat associé chez SAND AVOCATS | Contentieux fiscal, Droit des Affaires, Droit des Procédures Collectives, Droit pénal des affaires (fraude fiscale, blanchiment, travail dissimulé, ABS, Banqueroute...)
4 ansmerci Gérard, je me sens moins seul....