Le point sur les marchés
Mise à jour spéciale sur les marchés – 6 mai 2022
Le début de l’année 2022 a été plutôt chaotique, c’est le moins qu’on puisse dire. De janvier à avril, l’indice S&P 500 a connu ses pires résultats depuis 1939. À la clôture des marchés le jeudi 5 mai, l’indice avait dégringolé de 13,5 % par rapport au sommet atteint le 3 janvier. L’indice composé S&P/TSX s’en est mieux tiré avec un recul de 6,3 % par rapport à son sommet du 29 mars (et une perte de 2,3 % depuis le début de l’année).
Les titres à revenu fixe, valeur refuge habituelle lors des périodes de volatilité des actions, ont aussi connu un revers inhabituel en début d’année. L’indice obligataire universel FTSE Canada, l’indice de référence pour les obligations canadiennes, a cédé 11,1 % depuis le début de l’année. La progression de l’inflation et la forte hausse des taux obligataires qui a suivi ont non seulement inquiété les détenteurs d’obligations, mais ont aussi contribué à la volatilité des actions. La faiblesse que les marchés ont affichée jusqu’à présent en 2022 annonce-t-elle pour autant une forte détérioration de la conjoncture économique? Ou avons-nous affaire à une correction classique des valorisations, dans un marché qui fonctionne normalement? Afin de pouvoir répondre à cette question, nous devons déterminer où nous en sommes dans le cycle économique et nous demander si nous nous dirigeons vers une récession.
Aux États-Unis, les récessions surviennent habituellement lorsque certaines conditions de marché sont présentes. En voici d’ailleurs quelques-unes parmi les plus courantes : augmentation du taux de chômage, baisse de l’activité manufacturière et des mises en chantier, resserrement du crédit, inflation, indicateurs économiques avancés dans le rouge et inversion de la courbe des taux. C’est la raison pour laquelle j’ai du mal à entrevoir une augmentation significative du risque économique au cours des 12 prochains mois.
Depuis le début d’avril, on a beaucoup surveillé la courbe des taux des bons du Trésor américain, plus particulièrement l’écart de 10-2, qui est une mesure des taux à long terme par rapport aux taux à court terme. Toutes les récessions qui se sont produites depuis 1970 ont été précédées d’une inversion de la courbe des taux (situation qui se produit lorsque les taux à court terme sont plus élevés que ceux à long terme). La courbe 10-2 s’est inversée pendant trois jours au début d’avril. Toutefois, les observateurs attentifs auront noté que le véritable signal d’une récession se produit lorsque la courbe des taux demeure inversée pendant quelques mois et qu’elle est confirmée par une inversion de la courbe 10 ans-3 mois, ce qui ne s’est pas produit. Je suis d’avis que l’inversion de la courbe des taux a été un faux signal. Qui plus est, depuis le début d’avril, la courbe s’est accentuée. Au niveau actuel (32 points de base en date du 5 mai), les données suggèrent que la durée moyenne vers une récession est de 31 mois (depuis 1976).
Et qu’en est-il des autres conditions préalables? Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de véritables signes d’un accroissement du risque économique qui laisseraient entrevoir une récession imminente. Le taux de chômage aux États-Unis se situe actuellement à 3,6 %, soit à peine 0,1 % de plus que le creux atteint
avant la COVID-19. Le nombre d’Américains qui touchent des prestations de chômage n’avait jamais été aussi faible depuis 1969. De plus, les mises en chantier, un élément important de l’économie américaine, se sont accélérées selon une moyenne mobile sur 12 mois.
Je reconnais qu’en haussant leurs taux directeurs de référence, les banques centrales au Canada, aux États-Unis et partout dans le monde ralentiront la croissance économique. Toutefois, ne faisons pas l’erreur de confondre ralentissement de la croissance économique et récession. Par conséquent, alors que le risque de récession n’a pas augmenté de façon significative, ce qui à mon avis est le cas – la volatilité actuelle du marché pourrait au mieux être caractérisée de normale.
Il y a eu 22 corrections depuis 1945 et 11 autres marchés baissiers pour l’indice S&P 500. Sur ces 22 corrections, le recul moyen a été de 14,3 % et la durée a été de 93 jours de bourse. La présente correction s’accompagne d’un recul depuis le sommet de 13,8 % sur une période de 81 jours jusqu’au dernier creux. Depuis le creux de la correction, le rendement sur un an de l’indice S&P 500 s’est établi en moyenne à 25,1 %. Même si c’est toujours bien après le fait qu’on peut savoir si le creux de la correction a été atteint, il existe toutefois des signes encourageants que tel est le cas.
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L’indice de volatilité du CBOE (VIX) est passé à plus de 30. Il s’agissait par le passé d’un bon niveau pour marquer la formation d’un creux. Depuis 1990, lors des périodes ayant suivi le niveau de 30, l’indice S&P 500 s’est redressé au cours des 12 mois suivants dans 90 % des cas, avec un gain moyen de 22,7 %. Outre le VIX, le ratio des options de vente aux options d’achat de l’indice S&P 500 a atteint le 29 avril le creux récent de 1:1. Le ratio des options de vente aux options d’achat peut servir à établir le niveau de protection dont les investisseurs profitent lorsqu’ils achètent dans le marché actuel. Plus ce ratio est élevé, plus la protection est grande. Depuis 1995, un ratio journalier de 1:1 n’a été constaté que seulement 3 % du temps. Dans quatre-vingt-douze pour cent des cas, l’indice S&P 500 a remonté au cours des 12 mois suivants, avec un gain moyen de 14,4 %.
Un autre élément qui me porte à croire que la situation actuelle n’est rien de plus qu’une correction normale des valeurs boursières est le fait que les marchés du crédit ne semblent pas en phase avec le risque économique présumé que certains attribuent à la volatilité des actions. Plus particulièrement, nous nous attendrions à ce que les écarts de crédit s’élargissent en raison des facteurs de risque économique potentiel. Les rendements qu’exigent les investisseurs pour détenir des titres de créance de sociétés, qu’il s’agisse de titres de qualité investissement ou à rendement élevé, devraient être de beaucoup supérieurs à ceux des obligations d’État, ce qui n’a pas été le cas durant la présente correction. L’écart entre les obligations à rendement élevé et les obligations d’État s’est élargi, mais il demeure conforme à la moyenne à long terme. Selon les écarts de crédit, les marchés obligataires ne laissent pas supposer que nous nous dirigeons vers une récession.
Les corrections rendent les investisseurs mal à l’aise et c’est ce qu’elles sont censées faire. Elles ébranlent la confiance des investisseurs et mettent à l’épreuve leur détermination, en recadrant les attentes. Il est difficile de soutenir que cette fois-ci, c’est différent.
Si l’histoire nous a enseigné quelque chose, c’est que les investisseurs auraient tout intérêt à voir au-delà de la volatilité actuelle qui a simplement ramené les marchés des actions au point où ils étaient il y a un an, et à garder le cap sur leurs objectifs à long terme. De fait, il pourrait s’agir d’une occasion pour les investisseurs qui attendent le moment d’entrer sur les marchés boursiers.
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