Le surdoué, ce gaucher des temps modernes
A l’heure actuelle, rares sont les entreprises qui ont une réelle politique en matière de neuro-diversité.
Mais qu’entend-on réellement par là ? Encore un terme bullshit à la mode ?!
Non, c’est un réel mouvement de fond : encore à l’état de signal faible il y a quelques années, maintenant le sujet sort peu à peu au grand jour, voire devient tendance, et s’en trouve parfois dépouillé de son sens initial.
Mais alors, de quoi parle-t-on vraiment ? Il s’agit parfois tout simplement de savoir penser hors des cases. Ces cases, si longtemps créées puis érigées en norme par l’entreprise, qui a fait de ses critères de sélection initiaux des étiquettes dont il peut être difficile de s’affranchir.
Mais que faire alors quand on ne rentre pas dans une case, justement ? Et qui est concerné ?
Le fait d’être surdoué-e ne se voit pas. Pas forcément du moins. Les stéréotypes ont la vie dure, et on imagine en général le matheux à lunettes, connaissant tout sur tout. Dès lors, comment imaginer que ce collègue qui semble juste timide et asocial, ou que celle qui parle de toutes ses passions soient concernés ?
Et de toute façon, oseraient-ils en parler ?!
En France, le sujet est mal perçu, et se dire surdoué, HQI (Haut Quotient Intellectuel), HPI (Haut Potentiel Intellectuel), voire zèbre, semble bien souvent équivalent de pédant : ha tiens, il se croit supérieur ? Plus intelligent que moi... Si elle, elle est surdouée, alors franchement même moi je le suis !
C’est une spécificité comme une autre, et qui, si elle est connue par le recruteur, peut s’avérer fort utile et intéressante. Non seulement pour le salarié, mais également pour l’entreprise. Car avoir un surdoué dans ses équipes est bien souvent synonyme de valeur pour celle-ci : pas tant parce que cette personne pourra se targuer d’avoir une intelligence supérieure, mais que ses façons de raisonner seront différentes, et donc sources de créativité et diversité pour l’entreprise, ce qui est toujours bénéfique.
Mettons les choses au point, car il ne s’est d’ailleurs jamais agi d’une intelligence supérieure : le QI n’est qu’une courbe établie pour se mesurer, un étalon créé de toutes pièces, mais ne reflète pas la palette des éléments en jeu.
Etre surdoué, ce n’est donc pas tant avoir une intelligence supérieure, qu’une intelligence différente.
Mais quel intérêt d’en parler ? Et à l’inverse, pourquoi cette crainte ? Par méconnaissance du sujet, et peur d’être stigmatisé probablement.
Preuve en est le nombre d’adhérents à MENSA en France, association mondiale de surdoués (il faut 132 minimum de QI pour y entrer) : aux USA, le groupe est connu, fait partie du langage commun, et est cité régulièrement dans des séries (qu’il s’agisse de Malcom ou encore des Simpsons) et des personnalités l'ont assumé sans souci (Isaac Asimov, Geena Davis, parmi d'autres...). C’est un sujet comme un autre, sans tabou.
En France, son existence est fort peu connue, quasi secrète. La plupart des adhérents n’en parlent pas, ou peu. Et pourtant, quel risque ? Quelle honte ?
Pourtant, un gaucher aurait-il peur d’assumer haut et fort sa différence ? Non, car c’est un non sujet, ou du moins cela l’est devenu un au fil des ans. Il y a de ça encore quelques dizaines d’années, les gauchers étaient mal vus, et on les forçait à s’adapter à cette société de droitiers : encore une histoire de cases !
Aujourd’hui, qu’importe la main avec laquelle on écrit, et les enfants ne sont plus forcés de n’utiliser que leur main droite. Cela dit, la société reste principalement faite pour les droitiers, et s’y adapter n’est pas toujours évident ni facilité (qui n’a jamais sali son texte écrit à la plume, ou eu du mal à utiliser des ciseaux non adaptés ?).
Cela va de même pour les HQI. La différence existe, est là : elle n’est pas mieux ou moins bien, elle est, c’est tout. Tout comme les gauchers sont parfois réputés pour réfléchir autrement et apporter une façon de faire différente, c’est le cas pour les HQI. Irait-on pour autant dire à un gaucher qu’il se croit mieux que les autres ? Cela n’aurait aucun sens.
Alors pourquoi le faire avec les HQI, qui n’y sont pour rien dans leur fonctionnement neuronal ?
S’entendre dire :« Ha, t’es douée en maths alors ? » « donc ça veut dire que tu travailles beaucoup plus vite que les autres, je peux te donner plus de choses ? » « tu aimes jouer aux échecs je suppose ? », « franchement, t’es sûr ? J’avais jamais remarqué », « Arrête, tu te la pètes un peu » (phrases réellement entendues).
Que répondre à cela ? Et comment ne pas simplement soupirer, et se dire que mieux vaut ne pas trop en dire, au risque que cela soit mal interprété et perçu…
Partant de là, pourquoi considérer cette population comme différente, avec des besoins et des apports différents ? Pourtant, c’est bien le cas, et de nombreuses entreprises passent à côté de cette opportunité.
Pourquoi une opportunité ? Car dans tous les cas, différence et diversité, quelles qu’elles soient, sont toujours sources de valeur. Et plus précisément dans ce cas, que ce soit la capacité à penser autrement, plus rapidement, anticiper et connecter des points, des tendances faibles, faire des liens là où d’autres n’en voient pas encore, et d’autres spécificités communes qui souvent ressortent. Mais ce sera l’objet d’une autre discussion.
Alors, surdoués, êtes-vous prêts à faire votre braining out ?
Cela sera l’objet d’un prochain post, afin d’aborder cette étape délicate...
Étudiant(e) à OpenClassrooms
1 ansQuant à l'intérêt porté par les entreprises, je suis optimiste : Airbus Toulouse, a recruté un Travailleur Handicapé via Cap emploi pour son centre de recherches : un autiste qui leur présente projet sur projet à la grande stupéfaction de ses collègues ingénieurs qui galèrent. J'ai toujours pensé avoir des points communs avec les autistes. Cet article que je viens de trouver le confirme, en bas je vous mets la source. Bonne journée Les surdoués pourraient avoir une forme d'autisme très spécifique: être doté des atouts de l'autisme, mais très peu de ses désavantages. «Ce qui fait des surdoués des éléments importants pas seulement pour la recherche sur leur talent, mais aussi pour la recherche sur l'autisme». https://www.slate.fr/story/114717/surdoues-autisme
Étudiant(e) à OpenClassrooms
1 ansCet article conforte mon idée :" les Zèbres doivent s'adapter à une société faite par et pour les Normo-pensants" Tout comme les gauchers, malgré une prise de conscience récente. Par le mode opératoire de ma conscience hors norme, je me sentais différente en décalage. Jugée "atypique" pertinente, voire impertinente, le fait d'avoir été diagnostiqué HPI m'a soulagée : je n'étais plus le vilain petit canard : je faisais partie d'une grande communauté au moins 3 % de la population. Dans ma famille tous les hommes sont gauchers et moi=même suis ambidextre : j'adore écrire l'arabe et je m'amuse à écrire la traduction française dans le sens inverse...Sur mon PC ne me suit pas, je le fais en manuscrit MdR. En tant que Zèbre je me fais des Brain out non stop : je reve de le débrancher. Si vous avez des idées ...Je suis partante Caroline Zebra
Founder and Sr. Medical Device Consultant chez MBSI Consulting
3 ansJ’apprécie bcp le terme « braining out » 👍
Conseil et valeur ajoutée en industrie
5 ansPour le vivre avec mes proches, le monde de l'éducation commence à se mettre à l'écoute des "zèbres". Merci à ceux qui s'adaptent et savent exploiter ces différentes manières de penser, pour les autres ouvrez votre esprit et votre cœur.