Le transport du futur: le train autonome?

Sur le sujet du transport de personnes, les média parlent de plus en plus des technologies de rupture comme les trains hyperloop ou les taxis volants pilotés comme des drones. Ces nouveautés peuvent être fascinantes mais, pour le voyageur commun, resteront réservées à un petit nombre de privilégiés si elles voient le jour. A quoi donc pourrait ressembler le transport du futur pour la majorité d’entre nous, à pas si longue échéance que ça ?

Notre transport au quotidien

La mobilité concerne principalement les trajets du quotidien, en particulier ceux entre le domicile et le lieu de travail ou l’école. La question est quel mode de transport peut-on utiliser qui soit à la fois sûr, pratique, écologique et économique. Cette composante écologique devient primordiale et même urgente, la tenue de la COP 26 est là pour nous le rappeler.

Le transport ferroviaire répond aux critères de la performance écologique et de la sécurité. Mais dans beaucoup de villes et campagnes françaises voire européennes, l’accès aux transports en commun est restreint : les lignes de cars, de bus et de trains régionaux sont desservies à des fréquences trop faibles pour être attractives. Par exemple sur le parcours de Nantes à Pornic (50 km) - exemple choisi car cette ligne pourrait être opérée par un exploitant autre que la SNCF début 2025 - 7 trajets aller seulement sont assurés les jours ouvrés, ce qui n’incite pas à délaisser sa voiture pour le train.

Il reste alors à imaginer la façon de rendre ces petites lignes ferroviaires attirantes avec une offre flexible et bon marché. Pour cela, la fréquence des dessertes est un critère majeur ; l’offre de transport doit être étoffée pour s’adapter aux aléas des agendas de chaque voyageur et donc proposer plusieurs horaires.

Evolution du train vers la conduite autonome

Le transport par voie ferrée a la nécessité d’évoluer, voire de changer son modèle économique : au lieu d’une longue rame on substitue plusieurs navettes du type automotrices, dont la somme des capacités équivaut à celle d’une rame complète qu’elles remplacent. Par exemple, au lieu d’un train de 300 personnes toutes les heures, on fait circuler 5 navettes de 60 personnes toutes les 12 minutes. Et durant les heures de pointe, le couplage des véhicules en unités multiples assure l’augmentation de capacité de transport sans besoin de sillons supplémentaires.

Pour ne pas impacter les coûts d’exploitation ou du moins les maîtriser, un des remèdes est de rendre ces trains autonomes ; ainsi on mettrait en circulation des rames plus courtes pilotées en mode automatique en s’inspirant du modèle du métro et en y ajoutant une couche d’Intelligence Artificielle provenant du monde des véhicules autonomes, mais je laisse les détails techniques aux experts. D’ailleurs, la Deutsche Bahn prévoit de mettre en service des trains autonomes d’ici la fin de l’année et la SNCF travaille aussi sur ce sujet.

Ce changement de concept de la prestation ferroviaire doit être accompagné d’une refonte de l’organisation de l’exploitation, avec l’apparition de nouveaux métiers et la disparition d’anciens ; probablement le personnel en gare sera renforcé alors qu’on peut imaginer le train sans aucun employé !! En outre, des investissements lourds sont nécessaires pour équiper les lignes et matériels roulants de balises et de tous les systèmes nécessaires au pilotage autonome, et peut-être aussi moderniser des postes d’aiguillage. Mais comparés aux investissements sur l’électrification des voitures (qui ne réduit que très partiellement les émissions de CO2), ces chiffres sont insignifiants.

Enfin, ce concept de transport ferré autonome assurant une augmentation de la fréquence des dessertes améliorera l’offre de mobilité dans les territoires éloignés des grandes métropoles et permettra de remettre en service des petites lignes jusqu’ici jugées non rentables en attirant une nouvelle clientèle de voyageurs délaissant alors leur voiture pour le train.