L'entraide, l'autre loi du business !

Un nouveau métier : ENTRAIDEUR

Si je vous dit Darwin ?

"De l'origine des espèces" ouvrage de Charles Darwin pose les fondations de la théorie de l'évolution. Ainsi nait, après les théories "transformistes" de Lamarck (complexification des organismes + diversifications adaptatives) , la notion d'évolution qui explique la diversité du monde vivant par la sélection naturelle. Darwin tire de ses observations que les espèces sont conditionnées par leur milieu naturel, les individus entrant en compétition pour l'appropriation des ressources "Lutte pour la vie" et de ce fait, seuls les individus sélectionnés (survie des plus aptes) transmettent leurs caractères phénotypiques.

De l'origine des espèces à l'inconscient collectif !

Reprise par les philosophes et penseurs de l'époque, la théorie de l'évolution par la sélection naturelle entre dans le langage commun sous la forme d'expressions diverses bien connues et encore usitées dans notre monde moderne :

LOI DE LA JUNGLE / LOI DU PLUS FORT / MARCHE OU CREVE / QUE LE MEILLEUR GAGNE / OEIL POUR OEIL (Loi du Talion) etc...

L'humain, groupe vivant le plus évolué socialement (prosocial), a développé le système le plus structuré pour son adaptation. L'embalement pour sa survie, la peur de la mort et le sentiment de toute puissance à maitriser le monde qui l'entoure l'a conduit à créer une civilisation de l'hypercompétitivité avec toujours en tête cette croyance collective de loi de la jungle. Phénomène qui s'est exacerbé avec l'industrialisation, le consumérisme puis de façon exponentielle avec la financiarisation de l'économie.

La coopération n'est pas que dans l'air du temps !

L'ensemble de la théorie de Darwin est bien souvent méconnue, elle pose pourtant les bases de la notion de coopération étudiée par la suite par le prince anarchiste russe Koprotkine dont les travaux paraissent dans l'ouvrage "L'Entraide un facteur de l'évolution".

Car en effet, si Darwin émet bien l'idée que "intra-groupe", ce sont les individus les plus aptes qui survivent et transmettent leurs gènes, il évoque aussi le fait que "inter-groupe", ce sont les groupes les plus coopératifs qui sont les plus pérennes (théories développées par la suite avec la sélection de parentèle, sélection de groupe, jusqu'à la naissance de la sociobiologie).

La coopération dans la nature existe partout, tout le temps, depuis la nuit des temps (Pablo Servigne). Et cela est simple de le constater, les abeilles polinisent en propageant les gamètes des fleurs en échange d'un substrat sucré, des champignons et des algues ont fait symbiose pour produire les lichens, un vaste réseau sous-terrain de champignons créé un véritable internet (Wood Wide Web) en reliant les arbres entre-eux pour échanger des nutriments, la cellule vivante n'est autre qu'une association entre un virus (noyau=centre génétique), une cyanobactérie (mitochondrie = respiration cellulaire) et une bartérie (membrane de protection). Les exemples de coopérations sont infinis depuis toujours les scientifiques parlent d'altruisme dans le monde du vivant.

Chez nous les humains on parle d'empathie. Cette capacité à sentir l'état émotionnel de l'autre. Le fait que l'humain soit l'espèce la plus prosociale nous vient du fait que nous naissons vulnérable et totalement dépendant du clan (parents, grands-parents oncles et tantes etc...) et ce, durant une longue période de maturation. Ceci explique notre hyper-socialité qui développe un puissant réseau de neurones miroirs. A petite échelle, dans les communautés, la culture et les traditions ont permis de pérenniser les comportement sociaux. A très grande échelle, les groupes humains ont mis en place des institutions afin de mettre en œuvre des normes sociales.

Chez l'humain, comme dans la nature, deux systèmes (compétition/coopération) coexistent :

• SYSTEME 1 : pensée rapide intuitive et spontanée du domaine des émotions. Tendance altruiste spontanée des aspects culturels habituels.
• SYSTEME 2 : pensée du calcul, posée et rationnelle. Adaptation aux situations nouvelles. Analyse posant le pour et le contre. Dans un environnement compétitif ; tendance au repli, à la méfiance et plus loin à l'égoïsme voire à l'agressivité. Le système 2 venant modifier le système 1.

En tant que biologiste qui est ma formation initiale, je me suis, au fil du temps de ma carrière professionnelle de 17 ans dans le monde de l'entreprise , intéressé aux dynamiques de groupes, aux notions d'organisation des groupes humains ce qui m'a conduit au métier d'accompagnement en coaching d'entreprise. Les parallèles ont vite été portés à ma conscience ; l'entreprise n'est rien d'autre qu'un système vivant qui s'est structuré selon des modèles calqués aux lois de la nature. Cela a été encore plus flagrant lorsque j'ai découvert l'association de la systémie et de l'analyse transactionelle au travers de la Théorie des Organisations de Berne et du schéma de Fox. J'en reprends ici les premiers principes (tels qu'enseignés par F. Vergonjeanne)

Le groupe à l'origine

• La masse : une collection d'individus distinct physiquement et sans interactions ayant des besoins divers et donc empruntant chacun une direction différente
• La foule : collection d'individus distinct ayant un même besoin , empruntant une même direction mais sans interactions entre eux pour y accéder
• Une assemblée : ensemble d'individus ayant un même but possédant une frontière délimitant ceux qui en font partie et ceux qui sont extérieur. Naissance de la notion de critères pour être intégré (critères d'inclusion).

Plus loin : le groupe, l'organisation

Apparition de la notion de leadership = zone de prise de décision délimité par une Frontière Majeure Interne (FMI) et de membership qui est le centre opérationnel. L'ensemble du groupe est délimité par une Frontière Majeure Externe (FME). Des frontières mineure interne (fmi) engendre des subdivisions. Le tout œuvre pour produire une activité orientée vers l'environnement extérieur.

Tout comme la cellule qui baigne dans le liquide interstitiel, l'organisation baigne dans un environnement qui fluctue. Il existe une homéostasie qui maintient un équilibre entre tous les éléments. La somme des énergies entre les différentes frontières et l'activité est constante.

EFME + EFMI + Efmi + A = Constante

Ainsi un blocage d'énergie à l'une des frontières entraine automatiquement une baisse de l'activité du groupe. Il est donc primordial de travailler sur la fluidité de la relation et de l'organisation entre les différentes frontières en améliorant la coopération (perméabilité des membranes).

Construire le cadre en intelligence collective c'est co-construire la membrane pour permettre : l'inclusion des individus (capacité à prendre sa place) et l'adaptation permanente aux évolutions dans un monde qui bouge de plus en plus vite.

Je m'appuierai ici sur le concept des 3P de Pat Crossman qui montre que pour atteindre la pleine puissance de l'individu c'est à dire l'expression de son plein potentiel, il faut créer les conditions de sécurité suffisantes pour lui permettre de prendre sa place au sein du groupe. Pour rendre l'individu et le groupe performant il faut créer le climat propice à la créativité et à l'enthousiasme.

Pour qu'un groupe fonctionne il faut donc :

• Un leader (qui assure la fonction de leadership) c'est à dire la zone de prise de décision
• Des règles claires et explicites (constitution + organe pour régir, faire appliquer et sanctionner), qu'il est bon de construire en intelligence collective pour permettre sécurité équité et confiance qui sont les conditions de la coopération.

Principes de base de l'entraide (L'entraide l'autre loi de la jungle Pablo Servigne)

Différentes études sociologiques et anthropologiques ont montré que l'entraide humaine fonctionne sur 3 principes de bases qui sont :

• La réciprocité : lorsqu'il y a don l'homme fonctionne sur le principe de contre don qui est devenu une quasi obligation. En se référant à la notion de neurone miroir et donc d'empathie, on comprend bien que l'humain en soit venu à fonctionner de la sorte.
• La réputation : le non respect du premier principe impacte la réputation sociale et peut générer une exclusion qui va donc jusqu'au 3e principe
• Récompense/Punition : un individu du groupe ne répondant pas à la norme sociale pourrait se voir sanctionné

L'humain sur le plan social fonctionne donc sur la règle

DONNER > RECEVOIR > RENDRE

Dans les groupes humains, ce sont les normes sociales qui définissent quels sont les comportements acceptables (standards culturels et croyances communes explicites et implicites).

A très grande échelle, afin d'éviter la dilutions de ces principes, l'homme à mis en place des institutions pour définir les normes. Travailler sur l'entraide implique donc de réfléchir à l'identité du groupe, à sa culture, et donc à rendre les choses le plus explicite possible (rendre visible l'invisible).

Structuration de l'entraide au cœur de l'organisation

Ainsi on comprend que des structures pyramidales ou en silos avec des procédures à outrance ont eu tendances à cloisonner à créer des carcans trop rigides générant jeux de pourvoir, jeux psychologiques, perte de sens, démotivation etc...

Favoriser l'entraide au sein de l'organisation c'est créer un cadre explicite co-construit permettant sécurité/équité/confiance,

en mettant en œuvre une organisation structurée certes mais suffisamment ouverte pour laisser la place à la créativité de chacun :

• Définition d'un système d'autorité et de leadership
• Division des tâches
• Distribution des rôles
• Système de communication fluide
• Principes de contribution/rétribution/équité/sanction

Guillaume Chapuis www.vistacoaching.fr