Les deux Macron
En l’espace de vingt-quatre heures le président de la République a présenté deux visages différents.
Lors de sa conférence de presse de mardi dernier, Emmanuel Macron est apparu plus à droite que le premier député LR venu. Il a scandé le slogan de campagne d’Éric Zemmour, déjà utilisé par Laurent Wauquiez et Éric Ciotti : « Il faut que la France reste la France. » Il a fait la promotion de l’uniforme à l’école, d’une politique nataliste, de l’autorité et de l’ordre devant le regard médusé de ses ministres.
Surtout, il a cherché à ramener à lui des classes moyennes dont il s’est enfin aperçu qu’elles s’apprêtaient à voter encore plus à droite lors des élections européennes.
Le lendemain, devant le gotha du business et de la finance mondiale réunis à Davos, il a affirmé que son nouveau gouvernement allait durcir les règles de l’assurance-chômage. De quoi faire enrager les syndicats, les socialistes, les Insoumis et tous ceux qui n’aiment pas que l’on touche au fameux modèle social français. Mais de quoi aussi rassurer ces mêmes Français qui en ont assez que la nécessaire solidarité se transforme en un assistanat malsain qui donne la prime à l’oisiveté sur le travail.
Quitte à rassurer les classes moyennes, il n’était pas nécessaire de ressortir le vieux triptyque « Travail, Famille, Patrie », au risque de fracturer un peu plus la majorité présidentielle. Mais cela s’appelle hélas le « En même temps ».
Yves de Kerdrel