Les JOP Paris 2024 seront réussis à deux conditions
Les JOP Paris 2024 seront réussis à deux conditions : d’abord que les résultats sportifs soient à la hauteur des attentes, ensuite que l’héritage des jeux soit à la hauteur des promesses.
1. Sur le plan sportif, le pays organisateur bénéficie d’un avantage certain (celui de « matcher à la maison »), c’est pourquoi les résultats de l’équipe de France olympique seront analysés avec une grande vigilance.
Mais attention, pour comparer les résultats des Français aux JO d’été, il faut tenir compte du nombre d’épreuves de chaque édition, c’est-à-dire du nombre de médailles d’or distribuées, premier critère de classement des nations.
Ainsi, pour faire aussi bien à Paris qu’à Tokyo (dernière édition), il faudrait pour la France faire 33 médailles dont 10 en Or ; pour faire aussi bien à Paris qu’à Pékin (meilleur ratio France/total des médailles), il faudrait pour la France faire un total de 47 médailles ; pour faire aussi bien à Paris qu’à Atlanta (meilleur ratio France/total des médailles d’Or), il faudrait pour la France faire 17 médailles d’Or ; pour faire mieux à Paris qu’à Atlanta (5ème au rang au classement des nations), il faudrait pour la France faire 4ème ou mieux.
Tous les français souhaitent que la France performe à Paris et tous seront derrière leur équipe de France olympique pour lui souhaiter le meilleur.
NB : repères pour comprendre toute comparaison entre sessions des JO d’été :
- Atlanta 1996 : nombre d’épreuves, 271 ; performance de la France, 37 médailles, 15 Or/7 Arg/15 Br ; rang dans le classement des nations, 5 ; ratio 37 médailles/271 épreuves : 13.65% ; ratio 15 Or/271épreuves : 5.53%.
- Sydney 2000 ; nombre d’épreuves, 300 ; performance de la France, 38 médailles, 13 Or/14 Arg/11 Br ; rang dans le classement des nations, 6 ; ratio 38 médailles/300 épreuves : 12.66% ; ratio 13 Or/300 épreuves : 4.33%.
- Athènes 2004 : nombre d’épreuves, 301 : performance de la France, 33 médailles, 11 Or/09 Arg/13 Br ; rang dans le classement des nations, 7 ; ratio 33 médailles/301 épreuves : 10.96% ; ratio 11 Or/301 épreuves : 3.65%.
- Pékin 2008 : nombre d’épreuves : 302 ; performance de la France : 43 médailles, 07 Or/16 Arg/20 Br ; rang dans le classement des nations, 10 ; ratio 43 médailles/302 épreuves : 14.23 % ; ratio 07 Or/302 épreuves : 2.31%.
- Londres 2012 : nombre d’épreuves, 302 ; performance de la France, 35 médailles, 11 Or/11 Arg/13 Br ; rang dans le classement des nations, 7 ; ratio 35 médailles/302 épreuves : 11.58% ; ratio 11 Or/302 épreuves : 3.64%.
- Rio 2016 : nombre d’épreuves, 306 ; performance de la France, 42 médailles, 10 Or/18 Arg/14 Br ; rang dans le classement des nations, 7 ; ratio 42 médailles/306 épreuves : 13.72% ; ratio 10 Or/306 épreuves : 3.26%.
- Tokyo 2020/2021 : nombre d’épreuves, 339 ; performance de la France, 33 médailles, 10 Or/12 Arg/11 Br ; rang dans le classement des nations, 8 ; ratio 33 médailles/339 épreuves : 9.73% ; ratio 10 Or/339 épreuves : 2.94%.
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- Paris 2024 : nombre d’épreuves, 329 (10 épreuves de moins qu’à Tokyo).
Il va de soi, qu’il conviendrait d’effectuer la même analyse pour les jeux paralympiques, absents du présent document faute de temps et de compétences.
2. Que faudrait-il faire pour que la France réussisse l’héritage des JOP Paris 2024 ?
D’abord se mettre d’accord sur le diagnostic : la France n’est pas sportive.
Pourquoi la grande majorité de ses élites ne l’est-elle pas ? Pourquoi la grande majorité de ses écoles, de ses universités, de ses grandes écoles ne l’est-elle pas ? Pourquoi la grande majorité de son économie ne l’est-elle pas ?
Heureusement, il y des pratiquants convaincus, des bénévoles dévoués, une grande partie de la population bienveillante… et un « système » qui repose sur une implication forte de l’Etat, par la délégation aux fédérations sportives disciplinaires, par les CTS (conseillers techniques sportifs), par les conventions d’objectifs qui concrétisent un partenariat clair avec le mouvement sportif ?
C’est ce système qui a permis jusqu’à présent d’obtenir des résultats sportifs plutôt conformes à la place de la France dans l’économie mondiale. Mais que nous réserve l’avenir ? Que changera l’héritage des JOP Paris 2024 ?
Pour régler un problème et il y a un vrai problème pour le sport en France (« ne sachant pas faire fonctionner le système, ils le cassent »), il faudrait apporter des réponses aux bonnes questions, notamment celles ci-dessus identifiées, bien qu’il doive certainement y en avoir beaucoup d’autres, parmi lesquelles : pourquoi si peu de fondations en sport en comparaison avec la culture ? Pourquoi cette détestation (si partagée !) de l’Etat, pourtant chef de file du territoire national ? Pourquoi tant d’écart entre ce qui se dit et ce qui se fait ? etc.
Peut-être faudrait-il que la France revienne aux « fondamentaux » du développement sportif :
- D’abord plus d’« éducateurs sportifs performants » (importance des compétences techniques et pédagogiques disciplinaires) . Nécessité d’un plan Marshall multidimensionnel en partenariat les fédérations délégataires (détentrices du monopole de la référence technique de la discipline) ;
- Ensuite plus d’« équipements sportifs disponibles » pour tous les publics, quelques soient les fonctions concernées : éducative, compétitive, récréative, sociale, de santé… Nécessité de rendre obligatoire la construction et le fonctionnement d’équipements sportifs pour chaque niveau de compétentes des collectivités territoriales (communal, intercommunal, départemental, régional, national) ;
- Enfin plus de coordination entre acteurs. Nécessité de rendre celle-ci obligatoire sous le pilotage de la collectivité du niveau concerné et sous une double forme : une instance chargée de la concertation ouverte à tous les acteurs, une autre instance chargée de la coordination entre financeurs ;
Plus que d’une loi (qui arrivera le moment venu), le sport français a besoin d’une volonté collective d’apporter des réponses adaptées aux bonnes questions. La grande cause nationale permettra-t-elle de faire émerger cette volonté collective de changement radical de la place du sport dans la société française ? C’est à ce prix que l’héritage des JOP Paris 2024 sera positif.
Responsable du pôle SportDrajes Bretagne
6 moisMerci Jean Pierre de cette contribution. Deux remarques pour alimenter le débat. D'abord le diagnostic posé, la France n'est pas une nation sportive. C'est me semble-t-il faire un peu vite l'économie de l'absence de définition. En gros c'est quoi une nation sportive? Ca se mesure comment? Un simple exemple, si l'on prend les résultats sportifs aux JO les Etats Unis sont une nation sportive. C'est aussi le pays où la pratique d'APS quotidienne (même si les deux concepts ne sont pas identiques) est la plus faible. Bref faute de définir les termes, on passe sans doute à coté d'éléments de diagnostic intéressants. D'autant que les solutions proposées (éducateurs performants, équipements en grand nombre, meilleure coordination entre les acteurs) ne sont en soi pertinentes que par rapport à un projet. On pourrait prétendre que le nombre d'éducateurs sportifs professionnels n'a cessé de progresser en France, que le nombre d'équipements sportifs aussi et que la création des conférences régionales du sport et des conférences des financeurs apportent ou apporteront les échelons de coordination nécessaire. mais pour faire quoi? Du sport de compétition? du sport santé? du sport loisirs, du sport intégration?
Merci 👏 Jean-Pierre BOUCHOUT ppur cette contributio....#mieuxfaireensemble #mettrelesport au ❤️ des politiques publiques ppur ➕️ et meiux #APsportive ... toujours un.defi même avec le catalyseur des Jeux...et un décalage entre la vision des parties prenantes et du grand public 👉 https://bit.ly/4cfATl8 consultation #GCN2024 pour passer un cap rénové de structuration de l'#intermédiation entre offrez/demandes. Dans mon champ.d'Expertise "place du sport à l'Ecole" encore beaucoup à faire pour faire reconnaître l'apport du mouvement sportif, la qualité de son encadrement ppur les apprentissages informels et la crédibilité et légitimité pour la co-construction de la formation et intervention avec les #enseignants notamment ceux 1er degré...inscription durable et transversale du sport dans les projets d'écoles et d'établissements...dans le cadre des #PEdT rénovés jusqu'au 2ème degré...