Les réunions en ligne ne nous mettraient elles pas en situation de handicap ?
Depuis le début de la crise Covid-19, c’est-à-dire la mi-mars, je n’ai pas revu collectivement mes collègues du Comex. Pourtant, nous avons enchaîné des centaines de réunions de type vidéoconférence, weekend compris, pour faire face à la situation exceptionnelle que nous vivions. Nous avons fait du mieux possible, pris de bonnes décision et j'en suis fier.
Quand les choses seront revenues à une forme de normalité, il faudra se pencher sur la manière dont le télétravail a déboulé dans nos vies, en garder le meilleur et pas le pire pour l’installer dans la durée dans nos modes de travail.
Sur les réunions en ligne, il y a beaucoup à dire et à mieux faire.
En comprendre aussi les limites. On le sait bien que c’est déjà compliqué de rester concentré dans une réunion physique sans avoir envie de regarder son portable ou sa tablette. Je le confesse volontiers. Mais, lorsque la réunion est dématérialisée, je suis certain que tout le monde le fait à un moment ou à un autre (se mettre en « mute » permet même de faire du bruit). La concentration collective moyenne peut alors descendre bien bas et à l’inverse, la maigre qualité d’écoute et d’échange augmenter sensiblement. Comme si nous avions été malentendants, combien avons-nous capté en réalité de la réunion ?
Mais il y a plus handicapant, et je vais l’illustrer à travers une expérience personnelle, vécue il y a quelques temps.
Dans mon entreprise, les outils de réunion en ligne que nous utilisons permettent de conserver une sécurité des échanges et documents que nous partageons. Nous ne travaillons donc pas avec les outils publics, bien pratiques pour l’apéro virtuel mais peu sûrs.
Néanmoins, pour des raisons d’efficacité de bande passante, nous ne pouvons pas nous voir en en vidéo et nous sommes donc condamnés à regarder des damiers avec des initiales dans les cases.
Je devais donc présenter un projet lié à la situation actuelle. Les présentations RH sont souvent complexes dans un Comité de Direction, en particulier lorsque il faut embarquer le collectif. Alors que nous devrions être centrés sur l’intérêt général, j’ai souvent remarqué deux choses que dès qu’on parle ressources humaines : chacun revient inconsciemment à sa situation individuelle et tout le monde a une opinion, ce qui nous met parfois en risque de nous perdre dans les détails.
La présentation a été réussie, mais au moment de m’y préparer mentalement, j’ai pris conscience que je n’avais que la qualité de ma voix et celle de mes planches à ma disposition pour réussir. Quand on n’a plus la possibilité de se voir, d’étudier les visages et les attitudes, de choisir sa position dans la salle, de se rapprocher de ses alliés, de surveiller ses contradicteurs, de regarder son patron pour avoir son soutien, de se lever éventuellement en fonction de la situation, d’adopter les postures faciales ou physiques adaptées … On est privé de tout ce qui visuellement pout contribuer à la réussite de l’opération. Toute la communication non verbale, la sienne et celle des autres (80% de la communication disent certains) est invisible.
N’en déplaise aux spécialistes du sujet qui nous expliquent que décoder la communication non verbale permet de savoir si notre interlocuteur est en contradiction avec ce qu’il dit, celle-ci, associée avec le verbe fait plus souvent un tout qu’une opposition. Et toute proportion gardée bien sûr, je me suis demandé s’il n’y avait pas des analogies avec la situation d’un non voyant.
Même si partout où je suis passé comme DRH, j’ai toujours soutenu l’inclusion en portant ou maintenant des taux d’emploi handicap au-delà de 6%, J’arrêterai là la comparaison, elle est sûrement maladroite et réductrice.
Elle essaie simplement d’illustrer, si on ne prend pas le temps de réfléchir à la régulation des nouveaux outils de travail à distance, le danger d’appauvrissement des relations au travail, de mise en difficulté des utilisateurs et de prise de décisions mal partagées. Les développer, oui, leur donner l’exclusivité, non.
En tout cas, pour ce qui me concerne, je fais une indigestion des réunions en ligne.
Préventeur | Adjoint coordinateur QSE | Responsable QSE | Responsable infrastructures
4 ansTout à fait d’accord. Il faut en revenir aux bases et ne pas inviter tout le monde aux réunions. Surtout que souvent ils ne sont que spectateurs et que très peu concernés.
30 ans d’accompagnement, Coach Individuel et d’équipes, coaching médiation, psychothérapeute, formateur, assesseur. Gérant SARL Qualiopi 06443 Actions de formation MON BLOG NEWSLETTERS : patrickkrzyzosiakcoaching.com
4 ansTout à fait d’accord. Le « on line » à plusieurs nous rend service quand on n’a pas le choix mais cela ne remplacera jamais la présence physique. Les émotions et ce qui émane de quelqu’un est très réduit en visio.
Faire des soft skills votre allié au quotidien - Dirigeant Gordon Crossings
4 ansMerci Frédéric pour cette synthèse que je partage complètement.
Business strategist & talent catalyst | Results-driven leader & entrepreneur | People, animal & nature lover | Proud mother of 3 | Advocate of diversity |
4 ansMerci Frédéric pour ce partage! Je pense qu’un équilibre devrait s’installer entre des réunions en présentiel et en virtuel. Je suis d’accord avec toi que - à mon sens - une réunion ou l’on ne se voit pas est plus compliquée à gérer, surtout pour des sujets sensibles.
Head of People Management @ EQUANS
4 ansFrédéric, merci pour ce partage fort instructif et qui te ressemble bien !