LES REGLES ET LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA PROPAGANDE PAR L'IMAGE.
L’image s’impose ainsi que le démontre chaque jour l’Etat islamique, comme le media privilégié, le support le plus adapté à la propagande politique. Les supports peuvent changer mais la scénographie répond toujours aux mêmes principes. Au début du XXème siècle, l’image prend véritablement le pouvoir dans la presse traditionnelle (lithographies, caricatures), dans les magazines (Vu, fondé en 1928, Life en 1936), ou au cinéma, devenu parlant à partir de 1927. Son utilisation massive en particulier à des fins de propagande politique, résulte de la combinaison née de l’explosion des moyens de communication, de l’irruption des masses et d’une réflexion sur l’art.
REGLES ET LES PRINCIPES FONDAMENTAUX
Il n’est pas ici question de règles appliquées de manière mécanique, mais de principes généraux dont la conjonction permet de monter des réflexes conditionnés. Polymorphe, la propagande politique se joue de ressources infinies : l’imprimé (livre, journal, tract, papillon…), la parole (radio, haut-parleur, chant, discours …), le spectacle (manifestation de masse, théâtre, conférences dialoguées…) ou l’image fixe (affiche, caricature…) ou animée (le cinéma et ses diverses productions : actualités, documentaires, vidéos internet, films de fiction, dessins animés, jeux vidéo…).
Le principe de simplification et d’ennemi unique
Dans un but de clarté et de mémorisation, le principe de simplification se base sur l’utilisation d’un mot d’ordre, ou un slogan ("Ein Reich, EinVolk, Ein Führer.," "Croire, obéir, combattre"...) et de symboles graphiques (drapeau, emblème, insigne…), plastiques ( salut, poing levé...) ou musicaux (hymne…) Dans le même souci, prêcher l’ennemi unique ramène les problèmes à une catégorie (« Les Juifs », « Les communistes »...). Le cinéma américain a excellé en la matière au temps du Maccarthysme et de la chasse aux sorcières6. La propagande anticommuniste a investi tous les genres : « 1947. Year of division » pour semer le doute chez les Américains –naïfs- qui, alors, voient encore dans l’URSS le partenaire de la « Grande Alliance ».
La règle de grossissement et de défiguration
Corollaire immédiat de la précédente, cette règle, simple, consiste à gommer la moindre nuance dans l’image qu’on veut donner : accentuer, exagérer et surtout ne pas nuancer ni détailler. L’œuvre maîtresse de l’imagerie raciste engendrée par les nazis, Der Ewige Jude, (Le Juif éternel) réalisée en 1940 par Fritz Hippler, en est un exemple abouti.
La règle d'orchestration
La règle d’orchestration peut se décliner à travers :
- la répétition inlassable des thèmes principaux (antibolchevisme, antisémitisme...) alliée à une certaine variété de représentation et adaptée à un public spécifique. Les documentaires de propagande politique proposés sur les écrans de la France de Vichy sont un modèle du genre. Ils ont pour finalité de « provoquer une réaction instantanée et ponctuelle du public […] et sont réalisés en fonction des préoccupations du moment ». Les uns vantent la Révolution Nationale (Fidélité ; La terre qui renaît etc…), les autres montrent du doigt les responsables de la défaite (Le péril juif ; Les corrupteurs ; Forces occultes etc…).
- le démarrage en accroche, finir en apothéose. Le premier discours de Hitler en tant que chancelier, prononcé le 10 février au Palais des sports de Berlin est un exemple du genre. Le discours est retransmis par la radio, et écouté par 20 millions d’auditeurs selon Goebbels. Après une mise en scène simple (discours de Goebbels pour chauffer l’auditoire, entrée de SA qui portent des bannières frappées du svastika, roulement de tambour),
- la dissimulation ou le truquage des nouvelles favorables aux adversaires.
Le principe de transfusion
Il s’agit là de partir d’un substrat préexistant. Par exemple, des rancœurs issues d'une défaite qu’elle soit militaire, économique, sociale ou « raciale » ; ou encore vieux mythes fondateurs, les étapes passées de la grandeur nationale. Bref, en s’appuyant sur un fonds culturel commun, fût-il diffus, l’objectif est bien de caresser la foule dans le sens du poil…
La règle d’unanimité et de contagion
Cela consiste à renforcer ou créer une impression d'unanimité (ex : « Le peuple») comme moyen à la fois d'enthousiasme et de terreur. De même, faire croire que ce que je professe est l'opinion générale professée autour de moi participe du même ressort (ex : "je dis tout haut ce que les autres pensent tout bas") Enfin, avoir recours à la manifestation, au défilé de masse pousse à l’entrain, à la contagion par l'exemple. Il existe de la sorte divers moyens de contagion : l’utilisation des drapeaux, des étendards (pavoiser partout), des emblèmes, des insignes reproduits partout. L’utilisation de la musique qui noie les individus et renforce la cohésion est particulièrement suggestive (marches, chants, hymnes).