L’IA rend-t-elle fou ? Mes Flashs de la semaine #9

L’intelligence artificielle sauvera le monde. C’est ce que pense Sam Altman qui a écrit un billet de blog cette semaine, intitulé « L’âge de l’intelligence artificielle ». Oublié le mode fondateur cher à la Silicon Valley…On passe désormais au mode Dieu avec Sam Altman en père de la création, inaugurant un nouvel âge de l'humanité.

Selon le patron d’OpenAI,- qui s’apprête à récolter les fruits sonnants et trébuchants de ses années d’efforts pour faire de la start-up à but non lucratif une entreprise où l’argent coule à flot-, « la vie de chacun sera meilleure qu'elle ne l'est aujourd'hui à l’avenir. Nous allons pouvoir partager la prospérité à un degré qui semble inimaginable aujourd'hui ».

Rien moins !

Un peu plus loin, il déclare que « les systèmes d'IA vont devenir si performants qu'ils nous aideront à améliorer les systèmes de la prochaine génération et à réaliser des progrès scientifiques dans tous les domaines ».

Si l'IA améliore déjà les choses dans des domaines tels que la médecine et la science, on ne peut pas encore mesurer si ces améliorations sont progressives ou significatives.

Et il continue en expliquant qu’«à terme, nous pourrons tous disposer d'une équipe d'IA personnelle, composée d'experts virtuels dans différents domaines, qui travailleront ensemble pour créer à peu près tout ce que nous pouvons imaginer  »

Oublié l’impact sur les ressources énergétiques, les émissions de carbone et l'utilisation de l'eau pour refroidir les centres de données !

Oublié l’impact social avec des milliers de gens qui vont perdre leur travail et devoir se réinventer. Oublié aussi l’impact sociétal, les deepfake, les voice fake et les dangers qu’on voit poindre avec cette technologie.

Pourtant il y a une semaine le comité de sûreté et de sécurité du conseil d'administration d’Open AI a déclaré que le nouveau modèle o1 présentait un risque « moyen » pour les armes chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires.

Bien qu'il « ne permette pas à des non-experts de créer des menaces biologiques », il permet d' « accélèrer le processus de recherche » pour les experts.

On parle bien d’armes chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires.

Sam Altman chausse ses lunettes roses pour convaincre les sceptiques ! Pas sûr qu’il y arrive… surtout quand il annonce l’intelligence artificielle générale dans quelques milliers de jours. En d'autres termes, l’IAG est pour demain.

Des modèles plus intelligents, oui, mais pas nécessairement capables d'atteindre les mêmes niveaux de compréhension humaine !

Et ce n’est sans doute pas un hasard de calendrier si Mira Murati annonce quelques jours après la publication de ce billet de blog qu’elle quitte l’entreprise, à la surprise générale.

La CTO a joué un rôle-clé dans le développement des modèles d’IA GPT3, de ChatGPT et de o1. Et son départ intervient après celui de John Schulman, le co-fondateur, l’ancien président Greg Brockman et le chef de la Recherche.

Mira Murati était une de celles qui avait alerté le board en novembre 2023 sur la gestion de la sécurité de l'intelligence artificielle et des allégations de comportement abusif de Sam Altman, menant à son départ, avant d’être réintégré après l’intervention de Microsoft.

Elle était une de celles qui s’inquiétait des projets un peu fous de Sam Altman, parti dans une croisade pour être le premier à sortir une IAG, au détriment de la sécurité.

La réalité derrière les posts enamourés de Sam Altman déplorant le départ de Mira Murati, c’est que le patron d’OpenAI,-dont le culte du secret dans la gestion de l'entreprise ont été maintes fois soulignés-, est en train de faire le ménage, avant le changement de structure de l’entreprise en société à but lucratif.

Il veut avoir les mains libres pour satisfaire les actionnaires et les banques qui vont entrer, pour la première fois, au capital d’OpenAI, pour une valorisation de 150 milliards de dollars.

Il faut dire aussi qu’il a un enjeu personnel puisqu’il va récupérer dans l’opération une part du capital de la licorne IA. Les chiffres qui tournent donnent le tournis puisqu’il pourrait empocher plus de 10 milliards de dollars en détenant 7% de la société.

En attendant, -et c’est vraiment fou en termes d’usage-, OpenAI déploie le mode vocal avancé. Vous pouvez désormais « converser » avec ChatGPT. Enfin… si vous avez l’abonnement payant ChatGPT Plus à 24,50$ et que vous êtes aux Etats-Unis ! Le mode vocal avancé n’est pas accessible en Europe.

La licorne de l’IA, qui sort cette fonctionnalité avec retard, compense avec un mode vocal disponible en 50 langues. Elle a aussi mis au point cinq nouvelles voix : Arbor, Maple, Sol, Spruce et Vale.

Exit Sky, inspiré de Scarlet Johansson !

Mais surtout le mode vocal de ChatGPT dispose d’une mémoire, ce qui lui permet de se souvenir d’informations données en amont dans la conversation. 

 J’en ai parlé cette semaine dans le FlashTweet, le sujet de la mémoire de ChatGPT, ou des LMM en général, est clé.

Autre dinguerie, mais dont on ne sait pas grand-chose, côté hardware, OpenAI travaille avec Jony Ive, l’ex-designer vedette d’Apple, sur un produit « qui utilise l’IA » et serait « socialement moins perturbateur que l'iPhone ».

Ce nouvel appareil serait sur le point de lever un milliard de dollars. Et la veuve de Steve Jobs aurait accepté de mettre au pot par l’intermédiaire de sa firme Emerson Collective. 

Du beau monde autour du berceau de ce projet. A suivre de près, même si aucune date de sortie n’est annoncée !

Pas folle, Letta sort du bois avec un financement d'amorçage de 10 millions de dollars pour une valorisation de 70 millions. Elle est soutenue par le who’who des business angels de l’IA (Hugging Face, Runway…).Et pour cause, elle donne de la mémoire à ChatGPT !

Créée dans les célèbres laboratoires de l'université de Berkeley par Sarah Wooders and Charles Packer, la startup aide les modèles d'IA à se souvenir des utilisateurs et des conversations.

La technologie des MemGPT est devenue virale avant même de sortir ! Les modèles comme ChatGPT ne stockent pas de données historiques dans la mémoire à long terme.

Et c'est un problème pour les applications d'IA, qui dépendent de la connaissance et de l'apprentissage d'un utilisateur, qu'il s'agisse de robots d'assistance à la clientèle ou d'applications de suivi des symptômes dans le domaine de la santé.

Letta, qui utilise MemGPT en opensource, fonctionnera avec n'importe quel modèle d'IA. Ses cas d’usage favoris : un chatbot hyper personnalisé, par exemple pour les patients atteints de cancer.

Et c’est le coup de flash de la semaine !

Pas fou en revanche, Google intègre désormais Gemini dans Google Workplace. C’est une étape importante pour le moteur de recherche. En l’intégrant dans sa suite bureautique, Google touche des millions de travailleurs et propulse son IA, comme Microsoft l’a fait avec Copilot. Gemini va pouvoir faire jeu égal avec ses concurrents directs  Copilot ou ChatGPT.

Cette décision de Google va permettre de booster l’adoption de l'IA au travail.

Fou ou pas, Molmo, le nouveau LLM en open-source, a décidé de se lancer dans la bataille en réduisant de 1000 fois la taille des données. Et surprise ! La famille de modèles multimodaux de l'Allen Institute for AI (Ai2) surpasse notamment GPT-4o d'OpenAI, Claude 3.5 Sonnet d'Anthropic et Gemini 1.5 de Google, sur plusieurs critères de référence.

Molmo-72B est notamment en tête des évaluations académiques, obtenant le meilleur score sur 11 points de référence clés et se classant deuxième dans la préférence des utilisateurs, suivant de près GPT-4o.

Ce nouveau LLM se compose de quatre modèles principaux de tailles de paramètres et de capacités différentes. Il établi une nouvelle norme pour l'IA multimodale ouverte.

Mais surtout Molmo permet d'interagir avec les environnements physiques, une caractéristique qui fait actuellement défaut à la plupart des autres modèles multimodaux. Et un élément-clé pour la robotique.

Molmo utilise beaucoup moins de données que les modèles propriétaires. Et c’une bonne nouvelle pour aller vers une IA plus frugale (voir l’édition de la semaine dernière de Mes Flashs de la semaine).

En parlant de robot, Elon Musk prépare une super production pour le lancement de Telsa RobotTaxi le 10 octobre. Une sortie Hollywoodienne puisqu’après avoir dévoilé une affiche très cinématographique avec le titre WeRobot, on apprend qu’il lèvera le voile sur sa voiture autonome depuis les studios Warner Bros : Telsa Robotaxi roulera dans une ville reconstituée, à ciel ouvert des studios de Hollywood.

Blockbuster qui permettra à Telsa de rebondir ou navet intersidéral ? L’histoire le dira mais le patron de Tesla ne lésine pas sur les moyens après avoir la pression sur ces équipes pour la sortie de son véhicule autonome à 2 places.

Folie des grandeurs ? C’est à se demander si les patrons de la Tech ne sont pas définitivement hors sol. Lors de Meta Connect, Mark Zuckerberg, était vêtu d’un tee-shirt sur lequel était écrit « César ou rien ». C'est ainsi que le patron de Meta a mis Orion, ses lunettes de réalité augmentée, sur orbite.

10 ans que le groupe travaille dessus. Une semaine après Snapchat, Mark Zuckerberg a présenté  le même type de lunettes mais avec un design plus léger et qui ne pèsent que 100 grammes !

Orion a besoin d’un boîtier complémentaire (sans fil) qui gère le gros des calculs, ainsi que du port d’un bracelet chargé d’interpréter les mouvements des mains et des doigts.

Une « interface neuronale » permet d'envoyer un signal de votre cerveau à Orion pour contrôler les lunettes AR prototypiques. Elles utilisent de minuscules projecteurs intégrés dans les branches des lunettes pour créer un affichage. Mark Zuckerberg est convaincu que les lunettes de réalité augmentée vont remplacer les téléphones.

On prend les paris ? En tous les cas, la tendance autour des lunettes, dont je parle depuis la rentrée, se confirme. Et le patron de Meta peut se targuer de son succès avec les RayBans connectées : plus de 700 000 exemplaires vendus à date.

Dément à cette occasion de réaliser que Meta AI devrait passer la barre des 500 millions d'utilisateurs mensuels, ce qui en fait l’assistant IA le plus utilisé au monde. Et ce, alors qu’il n’est même pas encore lancé en Europe !

Une raison à cela : MetaIA est disponible via WhatsApp. Un formidable coefficient multiplicateur.

C’est l’Inde,-et sa base d’utilisateurs de 500 millions de personnes qui a inventé le verbe «whatsapper»-, qui pousse les usages.

En comparaison, ChatGPT revendique 200 millions d’utilisateurs mensuels.

Et c’est le chiffre de la semaine !

Pas fou, Puma s'appuie sur les modèles Imagen de Google pour personnaliser ses campagnes publicitaires. Le fabricant d’article de sport utilise ses modèles text-to-image sur son e-shop afin d'adapter les visuels de ses campagnes publicitaires en fonction de la région dans le monde et du type de client.

Et ça marche ! L'entreprise observe déjà une amélioration du taux de clics et une augmentation de la valeur des commandes.

Le groupe distribue ses produits dans plus de 120 pays. Avec cette innovation, Puma transforme l’expérience d'achat en ligne, plus personnalisée

Pas folles non plus, les start-ups d’IA générative ont lancé une grande opération de séduction en direction d’Hollywood. Après l’accord LionsGate et Runway la semaine dernière, voilà que la start-up veut financer 100 films utilisant son modèle de vidéo générative.

Le Hundred Film Fund de Runway va financer « des longs métrages, des courts métrages, des documentaires, des projets expérimentaux, des vidéos musicales ». Et les réalisateurs auront des crédits Runway pouvant aller jusqu'à 2 millions de dollars.

 Autre coup de la semaine, Stability AI, derrière le générateur d’images Stable Diffusion, vient d’accueillir le réalisateur James Cameron à son board.

Pour Cameron, l'intersection de la GenAI et de l'imagerie générée par ordinateur « ouvrira de nouvelles voies aux artistes pour raconter des histoires d'une manière que nous n'aurions jamais pu imaginer ».

Après les vagues provoquées par les vidéos de haute qualité de Sora, l'outil de conversion de texte en vidéo, l’heure est au rapprochement avec les acteurs de l’industrie du cinéma !

Et on termine  𝕄𝕖𝕤 𝔽𝕝𝕒𝕤𝕙𝕤 𝕕𝕖 𝕝𝕒 𝕤𝕖𝕞𝕒𝕚𝕟𝕖  #9 avec Perplexity, bien décidé à tailler des croupières à Google. La licorne de San Francisco veut changer le système publicitaire basé sur les enchères mis en place par le moteur de recherche, dans lequel les entreprises font des offres pour qu'un lien sponsorisé soit placé en regard des requêtes.

Avec le nouveau modèle de Perplexity, les marques pourraient faire des offres pour une question « sponsorisée », qui comporte une réponse générée par l'IA, approuvée par l'annonceur.

Le « moteur de réponse » est en discussion avec plusieurs marques dont Nike et Marriott pour son nouveau modèle de pub. Il voudrait lancer son offre d’ici la fin de l’année.

Et Perplexity casse les prix : elle facturera sur une base de plus de 50 dollars pour chaque millier d'impressions générées, versus 1100 dollars pour Google. De quoi bousculer l’hégémonie du géant Tech.

L’IA rend fou !

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Emmanuelle

🔸J'accompagne les entreprises dans leurs stratégies d'influence et de notoriété avec des formats éditoriaux et évènementiels dédiés. Et je vous guide dans l'acculturation à l'IA de vos équipes avec des newsletters sur-mesure. Je suis aussi conférencière, modératrice de débats et MC. Discutons-en !

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