L'immigration, le joker de Donald Trump
Depuis sa première campagne présidentielle en 2016, Donald Trump a centré la plus grande partie de son message politique autour de l'immigration, en promettant de renforcer les frontières, de construire un mur entre les États-Unis et le Mexique, et de mettre en place des politiques plus strictes pour réduire l’immigration clandestine. Ce discours a séduit une base électorale spécifique, particulièrement réceptive à ses positions sur ce sujet controversé. Qui sont ces électeurs et pourquoi sont-ils si sensibles à la rhétorique de Trump concernant l'immigration ?
1. Les ouvriers blancs et la classe moyenne en déclin
Une partie importante des électeurs de Trump provient de la classe ouvrière blanche, notamment dans les régions industrielles en déclin des États-Unis. Dans des États comme le Michigan, la Pennsylvanie et l'Ohio, ces électeurs ont vu leur pouvoir d'achat diminuer au fil des décennies en raison de la délocalisation des emplois manufacturiers et de la concurrence internationale. Ces travailleurs se sentent souvent laissés pour compte par les élites politiques et économiques, et ils attribuent leurs difficultés économiques à l'immigration, le migrant étant le bouc émissaire de leurs malheurs.
Le discours de Trump sur l'immigration a donc résonné auprès de ces électeurs, car il a lié l'arrivée de travailleurs immigrants à une concurrence pour des emplois peu qualifiés, des salaires stagnants et une pression accrue sur les services publics. L’idée de « protéger les emplois américains » a trouvé un écho dans cette population qui craint que les immigrants, en particulier ceux en situation irrégulière, ne volent leurs opportunités économiques.
2. Les électeurs ruraux et la peur du changement démographique
Les régions rurales, qui ont massivement soutenu Trump, abritent des populations plus homogènes sur le plan racial et culturel que les centres urbains. Dans ces zones, l'immigration est perçue comme une menace à l'identité nationale, une peur exacerbée par le discours de Trump sur la nécessité de protéger « l'Amérique blanche et chrétienne ».
Dans son livre Strangers in Their Own Land, la sociologue Arlie Russell Hochschild montre comment une partie des électeurs ruraux de Trump voit l'immigration non seulement comme une question économique, mais aussi comme un enjeu identitaire. Ces électeurs craignent de perdre leur influence dans une société qu'ils perçoivent comme de plus en plus diverse et multiculturelle, une évolution qu'ils jugent déstabilisante.
L’insistance de Trump sur la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique et sa rhétorique sur les immigrants « criminels » a renforcé ces peurs, en les transformant en un sentiment de menace immédiate et palpable.
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3. Les électeurs conservateurs religieux
Parmi les électeurs les plus fidèles de Trump figurent les chrétiens évangéliques, un groupe qui s'est aligné derrière lui malgré ses prises de position et son comportement personnel souvent jugés contraires aux valeurs chrétiennes. Cependant, sa politique d'immigration a particulièrement séduit cet électorat en raison de sa promesse de protéger l’Amérique des influences extérieures perçues comme dangereuses pour l’ordre social et religieux.
Pour ces électeurs, l'immigration, en particulier en provenance de pays à majorité musulmane ou latino-américaine, est vue comme une menace à la fois culturelle et sécuritaire. Trump a souvent lié immigration et terrorisme, notamment à travers son interdiction de voyager pour certains pays majoritairement musulmans (le Muslim Ban), ce qui a rassuré cet électorat conservateur religieux, qui souhaite protéger l'Amérique d'une supposée infiltration étrangère menaçant ses valeurs chrétiennes.
4. Les électeurs nationalistes et populistes
Le nationalisme est un autre facteur central qui motive les électeurs de Trump sensibles à son discours sur l’immigration. Pour cette frange de l’électorat, l’idée de souveraineté nationale est primordiale. Ces électeurs estiment que les frontières américaines ont été négligées et que l’immigration, notamment clandestine, représente une perte de contrôle sur l’intégrité du territoire national.
Ce groupe, souvent influencé par des mouvements populistes, voit l'immigration non seulement comme une question économique ou culturelle, mais comme un enjeu existentiel pour l'identité de la nation. Ils se sentent menacés par ce qu'ils perçoivent comme une perte de contrôle face à une élite politique globalisée, qu'ils accusent d'ignorer les intérêts des citoyens américains au profit de l'immigration et du commerce international. Ce groupe est particulièrement sensible à la promesse de Trump de « rendre l'Amérique grande à nouveau », un slogan qui fait appel à un sentiment de retour à un ordre national fort et souverain.
5. Les électeurs préoccupés par la criminalité et la sécurité
Trump a souvent utilisé un discours alarmiste sur la criminalité et la sécurité, liant directement l'immigration à une augmentation de la violence et des crimes. Lors de sa campagne de 2016, il a notamment qualifié certains immigrants mexicains de « violeurs » et de « criminels », et a mis en avant des exemples de crimes commis par des immigrants en situation irrégulière pour renforcer ses arguments.
Ce discours a touché une partie de l'électorat, qui se sent vulnérable face à la montée perçue de la criminalité et qui voit dans l'immigration un facteur aggravant. Ce groupe est particulièrement sensible aux récits médiatiques et politiques liant immigration et insécurité, et soutient les politiques d'immigration strictes et les mesures de contrôle des frontières.
Moi
3 moisBonsoir Monsieur le Professeur, Décidément, ce sont toujours les messages populistes, ceux touchant les émotions plutôt que la raison, qui font gagner les moins méritants. Les causes du déclin de l'humanité sont aussi à rechercher dans l'ignorance et la peur. Bonne soirée à vous. ❤️