L’IVG ou la condition féminine à l’épreuve des hommes
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L’IVG ou la condition féminine à l’épreuve des hommes

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L’IVG ou interruption volontaire de grossesse est un acte médical ou chirurgical. L’histoire de ce droit pour nous, femmes du monde “libre”, et de cette interdiction pour nous, femmes du monde “libre”, doit être connue et partagée auprès de toutes et de tous… 

La pratique de l’avortement ne date pas du XXe siècle, mais depuis l’apparition de l’humain… Près de 2000 ans avant notre super J-C, les Babyloniens avaient déjà interdit cette pratique. Alors qu’en Egypte Ancienne, le papyrus d’Ebers, le plus grand manifeste médical de l’Antiquité, qui contenait des prescriptions de “psychothérapies, d’hypnose” et d’autres principes que nous pratiquons de nos jours, décrivait des techniques d’avortement alors pratiquées. 

Du côté de nos chers Grecs et Romains, l’avortement n’était pas interdit, à un niveau légal, mais fortement défendu, à un niveau moral, au nom du droit du père. C’est, bien sûr, l’apparition du christianisme et surtout, sa propagation en Europe (Moyen-Âge), qui fut à l’origine de la prohibition de l’avortement. Toutefois, les femmes souhaitant recourir à l’avortement encouraient des peines différentes selon le contexte de la conception et l’âge du fœtus : les femmes ayant eu recours à l’avortement alors qu’elles n’étaient pas considérées comme des “fornicatrices” étaient punies plus légèrement; concernant l’âge du fœtus, le texte légal prévoyait une distinction entre l’avortement fait avant le quatrième jour de grossesse et après ce fameux quatrième jour. Sauf qu’il était, et est toujours, impossible de détecter une grossesse aussi précocement. Cette condition d’interdiction a donc largement contribué aux différents abandons de nouveaux-nés, particulièrement en Europe. Les relations conjugales et extra-conjugales donnaient lieu à des grossesses non désirées et les femmes devaient, alors, se résigner à l’abandon. L’Eglise, avait ainsi, mis à disposition un tour d’abandon, lieu où les mères pouvaient déposer leurs bébés, anonymement, afin qu’ils soient trouvés et pris en charge. En 1198, on trouvait déjà des tours d’abandon en Italie. En France, c’est Saint Vincent de Paul qui fit installer le premier tour d’abandon en 1638.

A la fin du XVIIIe siècle, l’avortement n’est toujours pas reconnu comme un acte légal mais les femmes y ont de plus en plus recours. Pour ce faire, elles font appel à ce que l’on appelle “les faiseuses d’ange”. Ces faiseuses d’ange pouvaient se faire rétribuer ou non, pour la pratique de l’avortement. Les faiseuses d’ange ont existé jusqu’au régime de Vichy, sous lequel, une brigade policière avait été spécialement créée afin de les arrêter. En 1942, l’avortement était puni de la peine de mort et était considéré comme un crime contre la sûreté de l’Etat. En 1943, Marie-Louise Girod et Désirée Pioge sont les premières faiseuses d’ange exécutées.

Ce n’est qu’après la Seconde Guerre Mondiale, que la condition des femmes fut entendue par le pouvoir, donc les hommes. La création des Maternités Heureuses, précurseurs des plannings familiaux, fut une véritable avancée. Il faudra attendre la loi Veil (1974) et le manifeste des 343 salopes (1971), signées par de nombreuses actrices, chanteuses, romancières (dont Catherine Deneuve, Françoise Sagan, etc.), pour que l’avortement soit suffisamment considéré par la classe politique et la société, et devienne, ainsi, autorisé, légal et libre. La pratique de l’avortement était chirurgicale, puis, avec la découverte du Professeur Etienne-Emile Baulieu, dans les années 1980, les femmes ont pu accéder à la pilule RU486.

Si seulement l’histoire pouvait s’arrêter là… Les femmes ont cru que ce droit ne pouvait jamais leur être retiré, particulièrement en Europe, seul continent régi par les Droits de l’Homme et du Citoyen, seul continent ayant disposé de l’éclairage scientifique indépendamment de l’Eglise… C’est ce que nous avons toutes et tous cru…

Depuis quelques années, le droit à l’avortement est en recul dans certains pays, ou états, du vieux continent : l’Italie, l’Irlande, la Slovaquie, la Pologne pour ne citer qu’eux. Ainsi, ces états émettent tellement de restrictions, notamment, quant à l’utilisation du RU486, qu’il devient impossible d’y avoir recours. En Pologne, l’Etat a réintroduit l’obligation légale d’une prescription médicale pour accéder au moyen de contraception d’urgence. Dans 8 pays membres du Conseil de l’Europe, l’avortement reste toujours interdit, sauf circonstances exceptionnelles de mise en danger pour la vie de la femme : l’Andorre, Monaco, le Lichtenstein, Malte, l’Irlande du Nord, la Pologne et San Marin. 

Rappelez-vous la quasi interdiction de l’avortement en Espagne avec l’arrivée, au pouvoir, d’un certain Rajoy. C’était il y a peu : en 2011, Rajoy a abrogé la loi de 2010 permettant l’avortement dans un délai de 14 semaines et de 22 semaines en cas de malformation du fœtus. Dorénavant, les femmes ne peuvent avorter qu’en cas de viol, précédé d’un dépôt de plainte, ou qu’en cas de mise en danger pour la vie de la femme ou du fœtus. Ce deuxième cas de figure nécessite l’attestation de deux médecins différents! Viva Espana…

En France, les pro-life mettent en place différentes stratégies afin de décourager les jeunes femmes et les femmes d’avoir recours à une réelle volonté, et parfois, une réelle nécessité, que représente l’avortement. Ils mettent en ligne des sites de propagande, utilisant des termes médicaux, et dissimulant, ainsi, des propos hautement religieux et culpabilisants. Toutefois, le délit d’entrave à l’avortement est créé en 1993 avec la loi Neiertz, qui interdit toute intimidation, perturbation ou menace envers les femmes souhaitant recourir à l’IVG et les médecins la pratiquant. 

Cependant, de nombreux médecins refusent la pratique de l’avortement invoquant “la double clause de conscience”. Ainsi, l’avortement n’est toujours pas considéré comme un acte médical et/ou chirurgical comme les autres. Cette double clause de conscience rejoint “le droit à la vie” et “la notion de détresse de la femme”, cette dernière, pourtant retirée, de la loi Veil en 2014. Toutefois, une garantie importante demeure : une femme désirant avorter doit pouvoir le faire dans le secteur public. Ici, aussi, il est possible de rencontrer des difficultés : manque de personnels mis à disposition des femmes, manque d’informations auprès des médecins et/ou sages-femmes qui, pour certains, rechignent à accéder aux demandes d’avortement. Le recours aux consultations de ville et aux plannings familiaux peut, alors, devenir particulièrement précieux. Depuis la loi de 2004, l’IVG médicamenteuse peut se faire en ville, ou au domicile de la patiente suite à deux entretiens préalables réalisés auprès d’une sage-femme ou d’un médecin.

Pour simple rappel : En France, il y a 220 000 avortements par an, particulièrement chez les 20-24 ans. 33% des femmes ont recours à l’IVG. Le délai légal est de 12 semaines de grossesse donc 14 semaines d’aménorrhée. Les mineures, peuvent depuis la loi de 2001, avoir accès à l’avortement sans autorisation parentale. L’IVG est remboursée à 100% par la sécurité sociale depuis la loi de 2013.  

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