LMA#8 — Ici on affiche son opinion
Aux Etats-Unis, on affiche la couleur, tout du moins son opinion. C’est l’une des différences culturelles amusantes qui sautent aux yeux lorsqu’on arrive ici.
Si en France on ne sait pas toujours pour qui vote son meilleur ami, ici on peut connaître la couleur politique de son voisin sans le lui demander ! La région de Washington DC, avec son haut niveau d’éducation et une diversité importante de nationalités, est acquise aux démocrates. Si ce n’est sur le National Mall (où se trouvent les principaux monuments, musées et bâtiments institutionnels), où les touristes achètent les casquettes Trump 2020 ou Make America Great Again, l’affichage politique est plutôt pacifique, mondialiste, accueillant. On cherche justement à se démarquer des discours du Président.
“La haine n’a pas sa place ici”, “Aucun humain n’est illégal”, “Peu importe d’où tu viens, nous sommes heureux que tu sois notre voisin” ou encore “Dans notre Amérique (=pas dans celle de Trump), tous les hommes sont égaux, l’amour gagne, les immigrants et les réfugiés sont bienvenus, les handicaps sont respectés…”
Par contre, dès qu’on quitte le cocon démocrate de DC, on retrouve la vraie nature de l’Amérique profonde. Deux semaines après nous être installés, petite escapade sur la belle côte escarpée des Eastern Shores, langue de terre vers l’océan que se partagent Delaware, Maryland et Virgnie. Et là, dans un petit port un peu chic, quelle n’est pas notre surprise de tomber sur des yachts arborant fièrement des drapeaux Trump 2020 ! Transposez donc la scène à St Trop' ou Arcachon et imaginez l'effet de drapeaux "Macron 2022"...
De même, dernièrement, dans les rues d’une station balnéaire résidentielle du Delaware, certains drapeaux ne passaient pas inaperçus :
Vous releverez sans doute avec le même étonnement que moi la pertinence du slogan : Trump 2020, fini le baratin. Cet homme ose tout !
Si l’on a vu pousser quelques drapeaux de soutien aux démocrates pendant le plus fort des primaires (voir LMA#6), il faut bien dire qu’ils brillent surtout par leur absence. On attend avec impatience que Joe Biden annonce qui il a choisi comme Vice-Président(e). Et on espère qu’il/elle soulèvera davantage d’enthousiasme.
Le frontyard sign suit l’actualité. Ainsi, le Covid a fait pousser des panneaux en soutien aux travailleurs essentiels et à la distanciation sociale, dont un certain nombre de “fait maison”, une bonne façon d’occuper les enfants en temps d’école à distance !
L’autre actualité est bien sûr le soutien à la communauté afro-américaine après le décès de George Floyd, entre autres, avec le mouvement Black Live Matter.
La religion, très présente aux Etats-Unis (voir LMA#2), prend parfois des tournures dangereuses dans ses versions extrémistes. C’est le cas des mouvements anti-avortement (pro life), ici plutôt passifs mais parfois très violents.
La haine ressort clairement des panneaux ci-dessous, sur des véhicules parqués à proximité de la Maison Blanche. On pourrait en rire tellement c’est énorme (c’est à cause du pêché des homosexuels qu’a eu lieu le 11 septembre et c’est Dieu et seulement Dieu qui décide du réchauffement climatique…), mais il suffit de quelques individus bien armés pour passer à l’action.
A propos d’armes, vous êtes bien sûr priés de laisser la vôtre à la maison quand vous vous rendez au musée…
De multiples causes à défendre appellent à l’affichage : défense de la liberté de la presse, sécurité des piétons (les trottoirs sont loin d’être systématiques), mandats locaux, appartenance à une école…
Pour variez du panneau de jardin, vous pouvez opter pour la plaque d’immatriculation ! La plupart des Etats vous permettent de personnaliser la vôtre contre rémunération, que ce soit pour le texte, en chiffres ou en lettres, ou pour le support. Ainsi ce soutien à Donald Trump ou encore cette dénonciation du fait que le district de Washington DC, qui n’est pas un Etat en soit, n’a pas de représentant à la Chambre bien que payant des impôts au niveau fédéral (“pas d’impôt sans représentation”).
Et bien sûr, on encourage ses enfants (voir LMA#5) avec des félicitations personnalisées ou non pour les fins de cycle d’éducation (équivalent CM2, 3ème et bac).
Je terminerai par ma préférée, qui célèbre tout adulte survivant à cette année 2020, et qui montre que les Américains savent pratiquer le second degré !
Mon analyse de tout ça ? Oui l’Américain affiche, affirme son identité, ses opinions. C’est en ligne avec cette assurance inculquée depuis le plus jeune âge et piquousée tout au long de sa vie, qui en fait un grand orateur, un tribun, un avocat.
Mais c’est à mon sens pour mieux éviter le débat et le conflit tellement (trop parfois?) chers aux Français.
"Tu connais mon avis, j'en suis fier(e) et je n’ai pas envie d’en changer ; si ça ne te plait pas, passe ton chemin ! Si tu te reconnais, alors “welcome”…"
Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à la La Minute Américaine !
Et mille mercis à mes gentils pourvoyeurs de photos!!
Senior Account Manager chez EXPLEO France
4 ansMerci Anne de nous faire partager ta nouvelle vie Américaine ! C'est toujours un plaisir de te lire ! À très vite et prends soin de toi.