Loi Pacte. Intention. 1. Efficacité : 0.

Loi Pacte. Intention. 1. Efficacité : 0.


Il est des matchs dont on aimerait influencer le score. Nous l’avons tenté. Il est des matchs qui doivent être impérativement gagnés, pour qu’un pays puisse surfer sur la dynamique qu’ils créent, et emporte dans l’excitation et l’ambition qu’ils dessinent, un pays tout entier. Il est des matchs, dont on estime, qu’ils ne peuvent être perdus, tant les solutions pour les gagner s’imposent comme une évidence. Pourtant, notre Gouvernement, armé d’une intention réelle, louable et rare, vient de perdre un match qui pouvait être gagné d’avance. Explication d’un échec que nous espérons temporaire, nous, les entrepreneurs.


Depuis que l’ENA existe, nous avons transformé ce magnifique instrument destiné à attirer des talents vers le bien publique, en machine à perdre pour l’économie. Pour des raisons qui seraient trop longues et parfois, trop évidentes, à rappeler, un schisme s’est établit dans le temps, qui a conduit le défenseur supposé de l’Etat, en défenseur d’un système qui lui garantit sa propre et égoïste sauvegarde, sans égard pour l’intérêt publique. Mais surtout, il a exclu progressivement l’économie, les entreprises, de la définition et du périmètre de l’intérêt publique. L’entreprise est « nocive » par nature, car centrée sur son seul intérêt, elle contrarierait l’idée même d’intérêt collectif. La collaboration et le respect mutuel de l’une par l’autre, seraient donc à proscrire. Une sorte de guerre de religion du 20è et 21è siècle, pour le « frère énarque » qui vouerait aux gémonies le « païen entrepreneur ».


Pourtant l’entreprise si elle est bien une passion individuelle, est bien d’intérêt public. Elle contribue au lien social, à la reconnaissance humaine, à la motivation au quotidien, et paie ces impôts qui eux mêmes paient l’énarque qui la décrie. Même si la nouvelle génération évolue sensiblement. Je pourrais vous lister une longue liste de jeunes énarques fantastiques qui adorent l’entreprise. Mais ils ne sont pas encore en situation de réformer le système, qui lui, s’en méfie.


A ce jeu de la défiance et du mépris, les énarques ont néanmoins dû apprendre les rudiments de l’économie, à défaut de les avoir expérimenté sur le terrain, et ont condescendu à en parler, mais uniquement entre eux. Et cela tombait bien, puisque nombre d’entre eux, qui se défient de l’entreprise quand ils sont dans l’administration, commencent à l’adorer lorsqu’ils y pantouflent en multipliant par 4 ou 10, leur salaire ! Alors dans leurs conversation endogames, ils ont parlé de l’entreprise telles qu’ils la connaissent, à savoir la grande.

Résultat, en 30 ans, la législation de ce pays a été conçue en fonction d’une représentation unique que nos politiques, législateurs et bureaucrates s’en faisaient, à savoir le CAC40 et a laissé de côté le moteur réel de l’économie, mais aussi le dernier maillon où l’humain est essentiel, la PME.


C’est pourquoi, voir Bruno Lemaire et Delphine Geny-Stephan, aborder l’économie par la fenêtre de la PME, après que Murielle Pénicaud ait tenté au maximum, d’en faire autant pour le droit du travail, était si excitant. Ce match démarrait par un premier but, sur le terrain de l’intention. 1 à zéro pour le Gouvernement.


Nous avons été nombreux à leur rappeler les mesures simples qu’une PME attend pour embaucher et croître, et nous pensions être entendus. Quelle mauvaise surprise alors, à la lecture du texte, de voir que l’équipe de l’incompréhension a égalisé pour ramener le score à 1 partout. Pourquoi cet échec qui semblait impossible ?


Pour présenter une loi sans colonne vertébrale, on aboutit à un texte sans saveur, sans dynamique, sans ambition, sans réalisme. Pour accroître le nombre de paragraphes au lieu de se concentrer sur les plus importants, elle ressemble au sucre glace. Cela fait très joli, sur le moment, et s’avère inutile sur la durée. Un simple soupir et…… plus rien. Envolé le sucre !


Nous allons discuter avec les Ministres concernés, pour vite reprendre le travail sur des axes simples :


Ambition. Comment doper l’envie des PME de croître, embaucher, s’internationaliser. Il faut des mesures à la fois « culturelles », « psychologiques » et de l’accompagnement.


Transition. La transformation numérique des PME est en retard « d’un siècle » en France. Cela doit être intégré à la Loi Pacte. Il y a quelques mesures, comme le prêt à taux zéro. Il faut y ajouter l’accompagnement. Notamment.


Mais surtout, il faut des mesures simples, basées sur le quotidien de la PME française, et c’est là que le fossé entre la vision de l’entreprise via le prisme du CAC 40 et la réalité, s’est creusé et y a fait chuter la Loi Pacte.


Chiffre d’affaire. L’entrepreneur, pour vivre doit faire du chiffre d’affaire. Très difficile dans un si petit marché que celui de la France. Surtout quand on a comme 99% de nos PME, moins de 20 salariés (en réalité moins de 250, mais la majorité de celles-ci est sous les 20). Une des solutions est simple, c’est l’accès à l’achat public. Tant qu’une partie de 100Mds de la commande publique n’ira pas vers les PME innovantes françaises, nous aurons des nains, incapables de croissance.


Paiement. L’entrepreneur même en croissance, meurt en France. A cause des délais de paiement. C’est la maladie française, la grande faucheuse. Il fallait non pas une mesure de pacotille, comme le « name and shame », qui dénonce les retards de paiement, dans une PQR que personne ne lit plus, les derniers employeurs locaux que personne ne veut perdre. Mais passer les délais à 30 jours. Et accompagner cela d’un plan géant sur la dématérialisation des factures.


Compétences. L’entrepreneur, même en croissance, en France, ne trouve pas de recrutements à faire. Alors il stagne. Pendant ce temps, nous avons un chômage endémique et des seniors en placard, par centaine de milliers. Ils dépérissent sur le bord de la route économique et les PME pourraient les embaucher ou contracter avec eux. Pourquoi ne pas pousser à ces mesures simples de rapprochement comme nous l’avons proposé ?


Financement. Dans un pays qui dépend des banques à 80%, banques qui ont été « castrées » par Bâle et Solvency, au détriment des PME, il faut inciter le privé à prendre des risques. Et dans un premier temps, s’assurer que l’Etat soit garant du risque. La BPI qui bosse super bien, mais représente un constat d’échec. Si le privé était incité à faire son travail, nous n’aurions pas besoin de la BPI. Il faut donc garantir le risque à 100%, dans un premier temps, car le risque garantit l’avenir, quand le saupoudrage, colmate à peine les fuites.


Une loi qui ne suit pas ces ambitions et ces marqueurs est une loi qui manque son objectif. Les textes sur la liquidation, les retards de paiement, la simplification de la création sont sympathiques mais ce n’est pas de cela que dépend l’accélération de nos PME. Revenons vite au bon sens. Il est encore temps.


Francis LJ Durant

Directeur des Opérations France, Division Intégration de Systèmes

5 ans

La supply chain de "précaution" en faveur des majors au détriment des sous-traitants ne semble être de la part de l'Etat que l'effet de ciseau centralisateur permettant d'asseoir la commande en même temps que le contrôle. C'est un acte volontaire, protecteur et tutélaire, qu'il sera difficile de remettre en question dans les cercles du pouvoir, tant ces derniers sont sûrs de leur savoir oligarchique, de l'ignorance des petites structures, de la nécessité de préserver les derniers "géants" Français transnationaux des soubressauts de la conjonture et des appétits financiers extra-européens. La Loi Pacte disait son nom, pas le contenu de ses parties. 

Patrick Paoli 🍷👌

Le Geek boomer qui s'éclate avec l'intelligence artificielle.

5 ans

Tout d'abord pourriez vous parler de bien ou d'intérêt public. La fonction est publique car le mot est féminin alors que les autres sont masculins.

Laurent BACH

CEO Cromwell Commercial Ltd Administrateur de John Cockerill Côte d'Ivoire.

5 ans

Clair et pertinent. Une triste réalité.

Gilles ATTAF

Président d’Origine France Garantie et Fondateur des FFI . Créateur de Belleville et sa Bande.

5 ans

👏🇫🇷👏🇫🇷👏🇫🇷👏🇫🇷👏🇫🇷

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Plus d’articles de denis jacquet

Autres pages consultées

Explorer les sujets